8 mars – Journée internationale de la femme – Petit « bouquet » de textes pour mesurer l’inhumanité encore forte de nos sociétés en ce 21ème siècle

 

Ci-dessous une série de textes pour avoir encore plus conscience du long chemin qui reste à parcourir avant que nous soyons des êtres humains dignes de respect.

 

Texte 1

 

« Je ne dis pas qu’un jugement de condamnation va refaire des femmes violées des femmes neuves.

Jamais. Mais je dis qu’au moins elles n’auront pas le sentiment d’avoir eu une identité gommée, une existence effacée, d’avoir été niées dans ce qui est le plus important pour une femme, pour un être humain : son intégrité physique et morale, son affectivité et sa sexualité.


Réprimées par le viol, réprimées par la suspicion, réprimées par la société, ces femmes ont eu recours à vous, à votre justice.

Pour elles, pour nous, pour que naisse entre nous tous, hommes et femmes, une forme nouvelle de rapports. »

 

Ce texte est de Laurence Février dans « Tabou », livre qui dresse cinq portraits de femmes sont ici mis en scène, des archétypes de viols comme il s’en produit tant dans notre société.

 

Chacune à leur tour ces femmes vont devoir répondre aux questions afin de faire la lumière sur le drame qu’elles viennent de vivre.

Mais cet interrogatoire n’est pas bienveillant, il est oppressant et l’on comprend vite que ces femmes vont devoir se battre pour acquérir le statut de victime.

 

Texte 2

 

Le viol, ce crime impardonnable, est encore un énorme tabou en France, alors qu’une femme y est violée toutes les 10 minutes.

Pour rendre la parole à celles et ceux qui se taisent, Catherine Decastel a écrit et mis en scène une pièce intelligente et globale, intitulée « Ça (le silence tue) ».

 

«Ils représentent l’humanité, partout, de tout temps. 

Il n’y a ni lieu, ni époque. Juste une vérité qui dure depuis la nuit des temps. Juste un fléau qui touche potentiellement tout le monde, toutes les femmes au monde. 

Il y a la douleur. Il y a le silence. Il y a des révoltes. 

Peu de révoltes. Trop peu de révoltes par rapport à l’immensité des victimes. 

Trop de victimes. Trop de silence. Trop de honte de la part des victimes. Trop peu de honte de la part des bourreaux. 

Il y a des bourreaux riches. Il y a des bourreaux pauvres. Il y a des bourreaux libres. Trop de bourreaux libres…
Et la douleur qui fait que toute une vie, que des millions de vies basculent. 

Il y a pour les victimes, une journée qui marque à vie, au fer rouge.»

  

Texte 3

 

Un petit garçon demande à sa mère : « pourquoi pleures-tu? »


« Parce que je suis une femme » lui répondit-elle. 


« Je ne comprends pas » dit-il.

Sa mère l’étreint et lui dit : 
 »Et jamais tu ne réussiras à comprendre… »

Plus tard le petit garçon demanda à son père: 
 »Pourquoi maman pleure-t-elle? »

« Toutes les femmes pleurent sans raison » fut tout ce que son père put lui dire.

Devenu adulte, il demanda à Dieu: 
 »Seigneur, pourquoi les femmes pleurent-elles aussi facilement ? »

Et Dieu répondit : « Quand j’ai fait la femme, elle devait être spéciale. 


J’ai fait ses épaules assez fortes pour porter le poids du monde 
et assez douces pour être confortables.


Je lui ai donné la force de donner la vie.


Je lui ai donné la force pour lui permettre de continuer 
quand tout le monde abandonne. 


Celle de prendre soin de sa famille en dépit de la maladie et de la fatigue. 


Je lui ai donné la sensibilité pour aimer ses enfants 
d’un amour inconditionnel même quand ces derniers l’ont blessée durement. 


Et finalement, je lui ai donné des larmes à verser quand elle en ressent le besoin.

En les laissant couler, la femme abandonne en chaque larme un peu d’amour. 

Ces larmes d’amour qui éparpillées par le vent, sauvent l’humanité !

 

(poète amateur anonyme)

 

Texte 4

 

Texte tiré de « La violence contre les femmes • Papiers libres 2004 »

 

« APERÇU GÉNÉRAL DES VIOLENCES CONTRE LES FEMMES

 

De la naissance à la mort, en temps de paix comme en temps de guerre, les femmes sont confrontées à la discrimination et à la violence dont se rendent coupables les états, la société ou les familles.

 

• Une femme sur trois, au moins, a reçu des coups, subi des relations sexuelles imposées ou d’autres formes de mauvais traitements au cours de son exis- tence. Ce chiffre provient d’une étude fondée sur 50 enquêtes menées de par le monde.

 

• Plus de 60 millions de femmes ont aujourd’hui « disparu » dans le monde en raison de la sélection préna- tale selon le sexe et de l’infanticide des bébés de sexe féminin.

 

• Chaque année, des millions de femmes sont violées par leur compagnon, un proche, un ami ou un inconnu, par leur employeur ou un collègue, ou encore par des soldats ou des membres de groupes armés.

 

• Dans les pays industrialisés, les femmes entre 15 et 44 ans perdent un cinquième de leurs années en bonne santé à cause de ces violences. Le viol et la violence font perdre aux femmes plus d’années de vie que les cancers du sein et du col de l’utérus ou encore que le travail forcé, la guerre ou les accidents de la route.

 

• La violence au sein de la famille est un phénomène tragiquement banal dans le monde entier ; la très grande majorité des victimes en sont des femmes et des filles. Aux États-Unis, par exemple, les femmes représentent près de 85 % des victimes des violences domestiques. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 70 % des femmes victimes d’homicide ont été tuées par leur compagnon.

 

Elle revêt plusieurs aspects :

 

• les coups et blessures volontaires infligés par un compagnon, un père ou un frère ;

• les violences sexuelles infligées à des fillettes ou à des jeunes femmes par des membres de la famille au sein du foyer ;

• la violence liée à la pratique de la dot ;

• le viol conjugal ;

• les mutilations génitales féminines et les autres pratiques traditionnelles préjudiciables aux femmes ;

 

Elle recouvre également les violences subies par les employées de maison, y compris :

 

• la réclusion forcée ;

• les violences physiques ;

• les pratiques s’apparentant à l’esclavage ;

• les violences sexuelles.

 

La violence dans le milieu social

 

Elle comprend :

 

• le viol et les autres formes de violence sexuelle, le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, dans les établissements d’enseignement et dans les autres lieux ;

• la traite des femmes ;

• la prostitution forcée ;

• le travail forcé ;

• le viol et les autres formes de violence sexuelle commises par des groupes armés.

 

La violence imputable à l’État

 

Elle comprend :

 

• les actes de violence commis ou tolérés par des policiers, des gardiens de prison, des militaires, des agents de la police des frontières ou des services de l’immigration ;

• les viols commis par les forces gouvernementales au cours de conflits armés ;

• la torture en détention ;

• les actes de violence infligés à des réfugiées par des fonctionnaires.

 

DISCRIMINATION

 

La cause profonde de la violence à l’égard des femmes réside dans la discrimination liée au genre – le refus de l’égalité entre hommes et femmes dans tous les aspects de la vie.

 

Les femmes peuvent également être prises pour cible en raison de leur race, de leur niveau social, de leur milieu culturel, de leur identité sexuelle ou de leur contamination par le VIH, ou encore parce qu’elles appartiennent à des milieux pauvres ou marginalisés.

 

DOMINATION

 

Certains hommes usent de la violence pour dominer les femmes, en particulier à travers le contrôle de leur sexualité.

 

Les femmes qui ne se conforment pas aux normes en vigueur relatives à la féminité s’exposent souvent à de sévères châtiments.

 

SOCIÉTÉ

 

La violence contre les femmes n’est ni « naturelle » ni « inévitable » ; elle persiste car la société le permet.

 

Quasiment chaque culture comprend une forme de violence à l’égard des femmes qui passe pratiquement inaperçue car elle semble normale ou acceptable.

 

CONFLITS ARMÉS

 

Dans les conflits armés, la violence contre les femmes est souvent une arme de guerre : elle est utilisée pour les déshumaniser ou pour persécuter la communauté à laquelle elles appartiennent.

 

Les femmes qui fuient leur domicile pour échapper à la violence ou à un conflit, ou encore dans l’espoir de trouver ailleurs une vie meilleure, risquent souvent, n’étant pas assez ou pas du tout protégées, d’être maltraitées ou exploitées.

 

IMPUNITÉ

 

La violence contre les femmes se poursuivra tant qu’elle restera cachée, jugée avec indulgence ou passée sous silence par la société et les autorités, et tant que les auteurs de ces violences ne seront pas soumis à des sanctions.

 

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