Lamentable : la région fait du 20 décembre… un festival !

 

Didier Robert  

 Système de fixation à bord des navires négriers            

 

Le 23 décembre 2010, je rappelais comment la Région abordait le 20 décembre et j’expliquais ceci :

« Le conseil régional de La Réunion se prend les pieds dans l’histoire de notre île et a réalisé Liberté métisse, à Saint-Pierre. »

« Il s’agit de rendre hommage à tous les Réunionnais qui nous ont précédés, mais également de mettre en avant toute la richesse culturelle qu’ils nous ont laissée », déclare Jean-François Sita, Vice-président en charge de la culture à la Région Réunion, au sujet de cette manifestation.

Le village Région « Liberté métisse 2010 » est, nous dit le site de la Région, un espace dédié au métissage et à la liberté, des stands destinés à promouvoir les musées Régionaux, le FRAC et le PRMA, un espace dédié à une exposition d’art plastique, une performance de grapheurs sera également proposée au public ».

Participation de la Région en tant qu’entité : « promotion de ses actions dans le domaine touristique, des dispositifs POP et continuité territoriale ». 

http://blog.pierreverges.fr/culture-2/les-martiniquais-lancent-leur-carte-didentite-nationale-au-moment-ou-la-region-reunion-fait-un-deni-d%E2%80%9A%C3%84%C3%B4histoire

 

Que fait la Région pour le 20 décembre 2011 ?  Extrait du dossier de presse :

 

« C’est au cœur  du site exceptionnel, le MOCA, que nous avons souhaité organiser, cette année, le Festival Liberté Métisse pour permettre au public réunionnais de découvrir du 16 au 20 décembre, des manifestations culturelles, alliant expositions, spectacles musicaux, colloque, contes et animations ».

 

Après quelques circonvolutions littéraires, sans jamais écrire noir sur blanc le mot « esclavage », Didier Robert, dans son édito, conclut sa tirade par ces mots « valeurs  partagées de liberté, d’égalité et de fraternité ».

 

Ainsi, Didier Robert vide le 20 décembre de tout son contenu et de toute sa portée historique.

Mais en plus, il place directement cette date sous le slogan de la France, actrice évidente, à un moment donné de son histoire, de ce crime contre l’humanité qu’est la traite de l’être humain.

 

L’indécence est poussée plus loin :

 

La version 2011 de « Liberté métissée » se déroule notamment au MOCA.

Autrement dit  le MOntgaillard Culture et Arts, le « nouveau lieu culturel à Saint-Denis ». C’est bien sûr à Montgaillard.

 

Et selon le dossier de presse, c’est « Un site exceptionnel empreint de charme et de quiétude… » « Une invitation à la détente et au dépaysement ».

Un lieu qui a évolué : « D’une propriété à vocation agricole, ce domaine se tourne peu à peu vers une vocation d’agrément ».

 

Et cette précision : « Symbole de l’héritage du passé, la Villa Morange, inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, somptueuse demeure de charme, a été réhabilitée à l’identique. Acquis en 2011 par la Région, le domaine porte désormais le nom de MOCA ».

 

Quel que soit le contenu de la manifestation, le choix du lieu est révélateur.

Tout comme l’avait été le lieu choisi l’an passé : le musée de Stella Matutina, emblème de l’époque coloniale et de la traite.

 

Mais le pire n’est-il pas cette phrase, en fin de dossier de presse ? « Le site sera aménagé afin d’offrir au festivalier le plaisir de profiter pleinement de cet oasis de verdure : fauteuils, transat, fontaines d’eau… ».

 

Ainsi, en moins de deux ans, Didier Robert a réussi de faire du 20 décembre « un festival ».

 

Lequel sera décortiqué sous tous ces angles puisqu’il fait l’objet d’une étude :

« Cette étude consiste à mener une enquête sociologique afin de qualifier les usages des festivaliers.

Elle est menée par la Faculté des Lettres et Sciences humaines – Laboratoire de Recherches au CNRS (observatoire des pratiques culturelles de La Réunion)

L’étude répondra à trois problématiques :

  • qualification des profils socio-démographiques et culturels : sexe, âge, catégorie socio-professionnelles, niveau scolaire, provenance géographique et des principales typologies principales des publics
  • étude des centres d’intérêt et des motivations
  • évaluation des représentations autour de l ‘image du festival ».

 

Et cette année encore, – et plus que l’année dernière d’ailleurs – je ne peux qu’affirmer :

«  Au vu de tout cela, il s’agit ni plus ni moins que d’une tentative pour faire oublier cette page de notre histoire.

Est-ce une directive de Didier Robert : faire oublier que des femmes, des hommes, des enfants ont été traités comme des biens, des meubles, et non des êtres humains.

Alors, le fait d’habiller cet événement sous l’habit scintillant du devoir de mémoire est tout simplement indécent ».

 

Cette année, tout autant que l’an passé. Si ce n’est plus !

 

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1 Commentaire sur

Lamentable : la région fait du 20 décembre… un festival !

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    Honte à Didier Robert, faire du 20 décembre, un festival, c’est tout simplement ignoble
    entre un président de CCIR qui condamne un spectacle car trop marqué par le caractère africain, bis repetita de Robert qui fait un vrai deni d’histoire
    je suis outré

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