Le pouvoir a-t-il un sexe ?

 Le pouvoir a-t-il un sexe ?

 

C’est un titre volontairement provocateur pour ce livret que vient de publier la Fondation Gabriel Péri.  

Il reprend les actes d’un séminaire international organisé entre février 2008 et mars 2011.

 

« Le pouvoir a-t-il un sexe ? » C’est cette interrogation que la fondation Gabriel Péri et le collectif « Femmes et pouvoir » de « l’Initiative féministe pour une autre Europe », ont choisi de donner pour thème au séminaire.

 

Pour les organisateurs, la situation est simple :

« Si la place des femmes en politique – et particulièrement en termes de représentation – reste très médiocre en France, on sait qu’elle est loin d’être conforme à l’aspiration à l’égalité des droits dans la quasi-totalité des pays européens, pourtant réputés développés et démocratiques ».

 

C’est peut être un peu lapidaire, comme formule. Et même un peu faux.

 

Lors d’un séminaire international, organisé en Afrique, les universitaires avaient démontré un fait : au plan juridique, les femmes africaines sont mieux protégées que pendant la colonisation et la première décennie de l’indépendance.

 

Non seulement les Etats ont tous repris la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies dans les constitutions nationales, mais l’Union Africaine a adopté le Protocole relatif aux droits des Femmes, préparé par l’OUA.

 

Avant de poursuivre :

 

« Aujourd’hui le féminisme est en crise à l’échelle mondiale.

Partout, un processus de régression est visible dans ce qu’on appelle la féminisation de la pauvreté.

 

Dans les centres, le recul du patriarcat est accompagné de l’aliénation marchande qui produit le méconnaissance des logiques qui unissent le capitalisme central et l’impérialisme, et de l’aliénation consumériste qui pousse les femmes des couches populaires à toujours plus de travail, fût-il très frustrant pour elles, dans et hors du cadre domestique.

 

Dans les périphéries et particulièrement en Afrique et dans le monde arabe, la rhétorique se substitue de plus en plus aux décisions concrètes et l’écart entre les droits reconnus par les textes et le vécu des femmes se creuse anormalement pour trois raisons :

 

– la nature dictatoriale des régimes qui prétendaient appliquer des programmes répondant aux besoins du féminisme mais sans autoriser les mouvements des femmes ;

– le caractère étroitement urbain du mouvement féministe ;

– et la reproduction des structures économiques coloniales inadaptées aux exigences des femmes, incapables de fournir les ressources humaines, financières et techniques nécessaires.

 

Pendant ce temps les capacités économiques des Centres de satisfaire les revendications féministes augmentent.

 

C’est pourquoi au centre du débat sur la relance du mouvement des femmes africaines et arabes, se pose la question de la possibilité de réaliser le projet sociétaire féministe dans le cadre du capitalisme et notamment dans sa version néolibérale ».

 

Voilà une approche fondamentalement différente.

 

La fondation Gabriel Péri poursuit :

 

« On sait également que la place des femmes est, au fond, le prolongement des inégalités au travail, à l’accès aux responsabilités dans les entreprises et, plus généralement, dans la vie quotidienne.

 

Certes des progrès, parfois très appréciables, ont été accomplis ces dernières décennies.

Ils font l’objet d’appréciations diverses, tout comme la nature et l’ampleur des nombreux combats qui restent à mener ».

 

Voilà une belle lapalissade.

 

Pour la fondation Gabriel Péri, « Le séminaire avait pour ambition de restituer cette diversité d’approche, et non de proposer une manière de « manifeste » ou de catalogue exhaustif de « mesures » à prendre pour régler mécaniquement des problèmes relevant, en vérité, d’une conception de la civilisation et de la vie en société ».

 

Dommage.

Car le titre de l’ouvrage, et son objectif étaient intéressants.

 

Il posait la question récurrente « du Pouvoir et des Femmes : Comment l’affronter ? Comment y accéder ? Comment le prendre ? Comment le déconstruire ? ».

Mais les réponses n’ont pas été à la hauteur.

 

Morceaux choisis :

Sur ce qu’apportent les féministes :

 

« On peut dire que les féministes apportent une autre dimension de la politique, parce que la domination des hommes sur les femmes s’exerce d’abord dans le privé, dans l’emprise sexuelle et l’appropriation de leur temps de travail dans la famille ».

 

Sur pouvoir et politique, ruptures et stratégies. Problématique posée : quels types de structures les féministes peuvent-elles donner pour peser dans le rapport de forces ?

 

« Le défi, pour le mouvement féministe aujourd’hui, est de pouvoir penser la complexité, de pouvoir développer les contradictions en assumant le fait que le mouvement féministe a construit le modèle alternatif à tout pouvoir qui est un modèle patriarcal.

 

Le modèle  féministe existe, il faut parier à le développer et à développer la puissance. Résister, c’est créer ».

  

« Le pouvoir a-t-il un sexe ? » Actes du séminaire de la Fondation Gabriel Péri – (ISBN : 978-2-916374-62-8) Prix : 7.00 €

 

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2 Commentaires sur

Le pouvoir a-t-il un sexe ?

  • bar le relaisNo Gravatar |

    C’est la question qui se pose souvent et à laquelle je veux avoir une réponse. J’espère qu’il y aura d’autre séminaire traitant ce sujet polémique. Merci pour l’article et bonne continuation.

  • Plaisir fémininNo Gravatar |

    On est à un moment charnière de l’évolution de la femme dans la société. On voit bien que les mentalités évoluent peu à peu poussé par une législation plus favorables aux femmes qu’auparavant. Cependant il reste encore de gros efforts à faire pour atteindre une égalité parfaite entre homme et femme et ce processus prendra certainement du temps (plusieurs décennies à mon avis)

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