« Un système de zéro déchet coûte moins cher »

image  Joan Marc Simon est directeur de Zero Waste Europe, une fondation qui regroupe des organisations et des municipalités dont l’objectif est de « repenser la relation avec nos déchets », en promouvant la réduction ainsi que le recyclage pour parvenir à « une société de zéro gaspillage et zéro déchet ».

Pourquoi la France apparaît très en retard dans ce domaine ?

Nombre de collectivités françaises ont investi dans des décharges ou des incinérateurs.

Ces solutions, bien que des améliorations y ont été apportées, reviennent très chers et constituent une menace pour l’environnement, car ils rejettent des particules très toxiques.

De plus, les collectivités sont liées par contrat aux incinérateurs pendant vingt ou trente ans, durée pendant laquelle celles-ci doivent alimenter ce monstre en fournissant des déchets, sinon elles doivent payer des amendes.

Résultat logique : les villes ne sont pas incitées à recycler, puisque cela enlève des déchets à l’incinérateur et peut au final leur coûter plus cher !

La France compte en plus de très importantes entreprises de gestion des déchets, qui ont besoin d’appliquer leurs solutions dans le pays pour les promouvoir à l’étranger.

Certes, ces entreprises essaient de développer la production de compost avec le traitement mécano-biologique (TMB).

Mais ce système, qui propose aux habitants de jeter tous les déchets ensemble, le tri mécanique se faisant après, ne marche pas.

La qualité du recyclage et du compost est très mauvaise, car tout est mélangé, sali par la nourriture et vice-versa, « contaminé » par du plastique, de l’aluminium

C’est le même constat pour les produits du recyclage qui sont de moins bonne qualité qu’un tri manuel, à la source, c’est-à-dire par les habitants eux-mêmes.

Le système de « zéro déchet » est pourtant avantageux sur le plan financier, dans un contexte de raréfaction des transferts financiers de l’Etat, et d’impossible pression fiscale supplémentaire pour les collectivités locales.

C’est vrai qu’il s’agit d’abord d’opérer une « révolution mentale », et changer de paradigme… pendant qu’il est encore temps, au nom des générations futures.

Il y a deux coûts principaux dans la gestion des déchets : la collecte et le traitement.

Le système est simple :

– trier les déchets organiques d’un côté, qui seront ramassés régulièrement, pour éviter des problèmes de nuisances olfactives ;

– les recyclables de l’autre et les autres déchets ensuite, qui peuvent être ramassés moins souvent. En effet, ces déchets, qui sont « secs », ne pourrissent pas, ne sentent donc pas et peuvent être ramassés moins souvent.

Ainsi, des économies importantes peuvent être réalisées en adaptant la collecte.

Bien sûr, ce système doit être accompagné de mesures d’incitation pour les habitants : plus vous jetez, plus vous payez, et donc plus vous recyclez, moins vous payez.

Certes, il y a urgence à La Réunion. Mais attention à ne pas agir sous la « dictature » de l’urgence.

Car le traitement coûte beaucoup moins cher qu’un incinérateur, une fois mises en place les infrastructures de tri et de compost, dont le coût n’est pas du tout le même, et dont l’avantage est de créer des emplois dans une île désenchantée par le chômage et la déresponsabilisation.

Et contrairement à l’incinération, ce système pousse directement à réduire le volume de déchets, qui génère des économies.

Enfin, il faut souligner que le système de « zéro déchet » permet des sources de revenus, en vendant les produits du recyclage et du compost. Le compost de qualité a une vraie valeur sur le marché, les agriculteurs en sont très preneurs. Et en plus, c’est meilleur pour l’environnement.

Lien :
http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2014/05/29/un-systeme-de-zero-dechet-coute-moins-cher_4421686_3244.html

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