Crise alimentaire : les prix des céréales continuent de flamber

 

Je vous en avais déjà parlé sur mon blog le 27 août 2010, sous le titre « Vers une crise mondiale des céréales ».

Depuis plusieurs mois les prix des céréales flambent – et la situation s’est aggravée au cours des dernières semaines.

 

L’index des prix de l’alimentation établi par la Food and Agriculture Organization (FAO), qui compile le prix de 55 denrées alimentaires, est en hausse pour le sixième mois consécutif. 

 

L’indice a bondi de 25% depuis septembre 2009 !

 

La FAO a jugé cette augmentation « très inquiétante » et n’exclut pas « des conséquences plus graves » dans les mois qui viennent.

 

Les prix de l’alimentaire ont été tirés vers le haut par certaines matières comme le sucre (au plus haut depuis 30 ans), le maïs, la viande et les oléagineux.  

 

Les cours du blé européen ont été multipliés par deux en un an, ceux du maïs américain ont grimpé de 50% et le soja a pris 30%.

 

Différence notable avec 2008, les cours du riz n’ont pas (encore ?) flambé comme en 2008.


VERS DE NOUVELLES ÉMEUTES DE LA FAIM ? 

 

En 2008, des pays comme le Bangladesh, le Cameroun ou Haïti avaient été secoués par d’importantes révoltes de la faim.

 

L’index des prix des denrées alimentaires de la FAO s’était alors envolé de 52% en un an et de 83% sur trois ans.

 

En 2007, l’Inde avait bloqué ses exportations faisant s’envoler de 100% les cours du riz.

Mais à ce jour, le cours du riz ne s’est pas envolé comme celui du blé.

 

Or le riz est le produit de base de l’alimentation de 3 milliards d’individus en Afrique et en Asie – des populations économiquement très fragiles.

 

Pour ces populations, une variation même minime des cours du riz serait une catastrophe.


DIVERS FACTEURS EXPLIQUENT CETTE FLAMBÉE


Quand les prix des céréales flambent, nous avons besoin de coupables.

Car les conséquences sont souvent dramatiques.

 

Les révoltes de la faim de 2008 sont encore dans tous les esprits.

Le premier coupable est La Niña, qui se caractérise par un refroidissement anormal des eaux du Pacifique.

 

Avec pour conséquences plus de sécheresse pour les climats secs et plus d’humidité pour les climats humides.


Plus concrètement, l’Australie est confrontée à des inondations et l’Argentine connaît une des pires sécheresses de ces dernières années.

Si le phénomène de La Niña ne s’essouffle pas, les États-Unis seront à leur tour menacés par la sécheresse.

 

Les conséquences sur l’agriculture sont évidemment importantes : trop d’eau ou pas d’assez et des récoltes entières sont détruites ou les rendements en berne.

 

Ce phénomène vient après la grosse vague de sécheresse qui a frappé la Russie l’année dernière et qui avait poussé Moscou et l’Ukraine à stopper les exportations de blé.


Mais la météo n’est pas la seule en cause.

 

On peut aussi citer :

 

– le cours relativement haut du pétrole ;

– la spéculation (l’afflux de liquidité n’influence pas seulement les marchés actions mais aussi les marchés matières premières) ;

– les stocks (échaudés par les expériences des précédentes années, de nombreux producteurs ont décidé de stocker leurs récoltes) ;

– la faiblesse du dollar (la plupart des softs sont libellés dans cette devise) ;

– la concurrence des bioéthanols ;

– et enfin une demande croissante venant de la Chine.


VERS UNE PERSISTANCE DE LA FLAMBÉE DES COURS


Parmi les arguments en faveur d’une poursuite de la hausse, le changement d’habitudes alimentaires des pays émergents, en particulier de la Chine, est le plus convaincant.

 

La croissance économique ainsi que l’émergence d’une classe moyenne s’accompagnent d’un bouleversement progressif de la consommation : plus de viandes, plus de sucre, de gras, de produits finis et un nombre de calories par jour en explosion.

 

Tout ceci devrait concourir à maintenir la demande élevée dans le futur.

 

D’après les statistiques de la FAO, la production agricole devra augmenter de 75% d’ici 2050 pour nourrir la population mondiale – qui devrait passer de 6,8 milliards en 2010 à 9,5 milliards en 2050.

 

En outre, la météo ne semble pas décidée à devenir plus clémente.

D’après l’Australie, la production de sucre devrait prendre trois ans avant de revenir à la normale.

 

Autre facteur important à prendre en compte : l’inflation.

Née dans les pays émergents, elle fait flamber le cours des matières premières – qui servent de refuge – et menace ainsi l’Occident.


Bref, tout laisse penser qu’en 2011, les prix des softs vont rester élevés. La FAO a indiqué qu’elle pensait que les cours allaient continuer à grimper à moins que la production augmente de manière suffisante.


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3 Commentaires sur

Crise alimentaire : les prix des céréales continuent de flamber

  • ùXBäNo Gravatar |

    le phénomène  » la niña « devrait s’estomper , il aurait atteint son point de renversement selon les météorologues,mais tous les autres paramètres vont persister ou même s’aggraver…

    nous approchons du point de bascule où la divergence entre l’accroissement de la population mondiale et le potentiel de nourriture devient irratrapable, avec des catastrophes à la clé !

    la politique Chinoise d’investissement en Afrique , mais aussi dans la zone Oi, vise à se placer sur de potentielles terres agricoles car ils savent bien qu’ils seront la nation avec le plus de difficultés dans ce domaine à l’avenir.

    à la Réunion,à bientôt 1 million d’âmes, personne ne semble se soucier sérieusement d’organiser notre future auto-suffisance alimentaire…les problèmes d’eau que nous rencontrons actuellement vont-ils servir de déclencheur à un raisonnement responsable en ces domaines ? on peut en douter , en tous cas , ce n’est pas l’équipe actuelle de  » comuniquants  » qui risque de lancer une vraie réflexion sur…le long terme !

  • sans pseudoNo Gravatar |

    ne sommes-nous pas en train de payer le prix de notre aveuglement, de notre désintéressement de la politique, en laissant les autres, la finance essentiellement, prendre notre sort en main?
    l’OMC n’est qu’une machine à reléguer les pays pauvres dans l’étroit et rigide carcan du non développement, au profit non des pays dits riches mais des grands capitalistes, ceux qui vous appelez à La Réunion « gros zozos »
    les émeutes de la faim? une banalité pour le monde entier, les media. une réalité cruelle qui va nous bondir au visage mais nous fermerons les yeux, comme nous le faisons pour d’autres problèmes.
    mais que faire? 2012 pourra peut être accomplir le premier pas d’une prise de conscience… peut être, seulement, mais au niveau mondial…

  • fernandolNo Gravatar |

    On devrait descendre dans la rue pour dénoncer les prix de l’alimentaire et refuser de payer des prix uniquement spéculatifs aux grandes surfaces et aux combinards en tout genre qui provoquent ces augmentations! Ils sont les auteurs de la crise et créent de l’inflation artificielles!Alors on manifeste dans la rue notre refus

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