Après la « ri-lance », « l’autéri-ssance » ?

 

 On connaissait la ri-lance, ce mélange de rigueur et de relance, du gouvernement Fillon.

Aujourd’hui, va-t-on vers l’austéri-ssance, sorte de mélange d’austérité et de croissance ?

 

Un camouflet de taille 

 

Le fameux FMI (déjà passablement affaibli par les frasques de son ancien directeur) vient à nouveau de connaître un nouveau camouflet.

Et un camouflet de taille.

 

Jusqu’à présent le FMI estimait qu’un euro d’économie imposé à un pays impliquait un euro de moins dans le PIB de ce dernier.

C’est au nom de cette doctrine que bien des pays – à commencer par la Grèce, l’Espagne et l’Italie – ont dû se serrer la ceinture.

 

Et voilà qu’aujourd’hui, le FMI nous dit que ce n’est peut être pas totalement vrai.

Ce n’est pas une erreur « philosophique ».

 

Ce n’est pas une erreur économique

C’est tout « simplement » une erreur de … calcul ! Ben voyons !

 

La révélation de l’économiste en chef du FMI 

 

C’est un document de travail publié le 3 janvier dernier qui a allumé la mèche.

Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI, y explique que l’institution s’est trompée en évaluant l’impact des mesures d’austérité imposées à plusieurs pays.

 

L’auteur précise que ce qu’il écrit l’engage à titre personnel et n’engage pas l’institution qui l’emploie.

Une précaution qui n’en est pas une, en fait.   

 

Car si l’institution ne se base que sur l’avis d’une seule personne, c’est montrer la fragilité de l’institution.

 

Et il n’est pas pensable que cette analyse n’ait été effectuée que par un seul homme.

Lequel est tout de même économiste en chef !

 

Cela pourrait donc être un revirement de situation.

Le FMI estimant qu’il s’est « planté » demanderait donc à un de ses cadres de servir de « fusible » pour faire marche arrière.

 

Pour un euro d’économie imposé, ce sont en fait 3 euros qui disparaissent du PIB 

 

Ainsi, cette fameuse  théorie estimant qu’un euro d’économie imposé à un pays implique un euro de moins dans le PIB de ce dernier est fausse.

 

Pour un euro d’économie imposé, ce sont en fait 3 euros qui disparaissent du PIB.   

Du simple au triple !

 

Et sur le fond, un sérieux camouflet puisqu’il s’agit là d’une énorme sous-estimation de l’impact de l’austérité sur la croissance des pays en difficultés.

 

Ce qui ne peut qu’accroitre la théorie des économistes qui, depuis des années, expliquent que les politiques d’austérité et de rigueur entraînent des récessions.

 

Et il aura fallu plus de 5 ans pour que le FMI s’en rende compte aujourd’hui !

 

Bien sûr, on peut toujours dire qu’il fallait du temps pour constater que les taux de croissance dans les pays soumis à l’austérité étaient plus bas que les taux de croissance des pays soumis à un régime normal.

 

Mais il y a là quelque chose de surréaliste : une expérience « en vrai » de théories économiques.

 

L’expérimentation est malsaine lorsque la vie humaine est en jeu 

 

L’expérimentation, c’est bien, mais pas dans tous les cas.

Et surtout l’expérimentation est malsaine lorsque c’est la vie humaine qui est en jeu !

 

Fallait-il mettre des millions de femmes et d’hommes dans la situation d’extrême pauvreté pour comprendre que le problème de l’austérité et de la rigueur, c’est qu’elles contractent le rôle de l’Etat ?

 

Fallait-il mettre des millions de femmes et d’hommes dans la situation d’extrême pauvreté pour comprendre que cette austérité et cette rigueur conduisent à moins de croissance ?

 

Tout cela avec cette conséquence inéluctable : l’Etat a été obligé d’emprunter davantage.

Et c’est le cercle vicieux !

 

Ce n’est pas seulement une erreur de calcul.

C’est une erreur plus grave.

 

L’économie serait une science de laboratoire ? 

 

Comment  les experts ont-ils pu sous-estimer l’impact psychologique de la crise ?

 

Pour eux, l’économie serait une science de laboratoire, faite sur des êtres vivants lobotomisés, incapables du moindre sentiment et de la moindre réflexion !

 

Des voix se sont bien élevées – timidement – pour dire qu’un autre élément n’avait pas été pris en compte : la brutalité de la crise, sa progression rapide, sa généralisation, et sa durée.

 

Mais n’est-ce pas le rôle des économistes que d’apprécier tout cela ?

Pourquoi ces experts n’ont ils pas pris en compte cette  question de la globalisation ?

 

On dirait qu’ils ont découvert ce qu’est une crise.

Après nous avoir bassiné pendant des années sur la manière dont elle naissait !

 

Le FMI nage en pleine contradiction 

 

Reste que  ce mea culpa du FMI est très rare.

Mais une simple question : si le FMI a fait fausse route, comment compte-t-il réparer ses erreurs ?

 

Et surtout, question subsidiaire : comment compte-t-il ne pas en commettre d’autres.

Car même si le FMI a reconnu du bout des lèvres ses erreurs, il continue à pondre des rapports… comme avant.

 

Car le FMI nage en pleine contradiction, puisqu’il continue à prêcher l’austérité pour les pays en difficulté comme le Portugal.

C’est ce qu’il dit dans un rapport consacré à la situation Portugal qui vient d’être publié.

 

Certes, tout de suite après cette « révélation », mais tout de même !

Le FMI recommande notamment au gouvernement portugais de réduire le nombre de fonctionnaires, ainsi que leurs salaires et leurs retraites !

 

« Ri-lance » et « austéri-ssance » 

 

Et que fait le gouvernement français ?

Le gouvernement français maintient la rigueur.

 

Et le gouvernement français continue à parler de croissance. 

On connaissait Madame Christine Lagarde avec sa « notion avant-gardiste » de « ri-lance », sorte de mélange de rigueur et de relance.

 

Aujourd’hui, une nouvelle théorie économique serait-elle en passe d’être inventée, à savoir l’austéri-ssance ?

 

Ou le savant mélange de l’austérité (avérée) et de la croissance (rêvée).

 

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