Programme présidentiel du Front de Gauche (2/15) – Défiscalisation et sur-rémunérations

 

Comme je l’ai fait pour le programme « national » du Parti socialiste, puis le programme socialiste pour les outremers, je poursuis l’analyse des projets des candidats à l’élection présidentielle en abordant aujourd’hui, le programme du Front de Gauche et de Jean-Luc Mélenchon, candidat également du Parti Communiste Français.

 

Le programme du Parti de Gauche / PCF repose sur trois grands axes :


1°- Faire reculer les inégalités et éradiquer la pauvreté outre-mer ;

2°- Pour le développement endogène et le progrès humain des outremers ;

3°- L’égalité, le métissage et le droit du sol contre le racisme et l’ethnicisme.


Commençons donc par la première proposition du premier axe :


« Réorienter les transferts financiers publics de métropole vers l’ensemble de la population des outre-mers : les dispositifs de défiscalisation immobilière devront être entièrement revus pour ne viser que l’objectif « un ménage un toit » et la création de petites structures hôtelières typées et ne plus constituer une rente sans effet utile pour la population ;

 

« les sur-rémunérations des fonctionnaires devront être mieux articulées avec la réalité du surcoût de la vie; les marges de manœuvre permettront de redistribuer les transferts au profit du plus grand nombre, notamment en augmentant les minima sociaux ».


1°- Les transferts financiers :

 

D’une manière ou d’une autre, ces transferts financiers concernent une grande partie de la population : les personnes privées d’emploi, les allocataires des différentes prestations, les fonctionnaires d’Etat, les entreprises, le secteur agricole, etc.

Comment réorienter ces transferts ? Certes, la proposition formulée concerne le secteur de l’immobilier, et plus spécifiquement du logement social.


Revoir le dispositif de défiscalisation dans ce secteur est-ce judicieux ? Est-ce à dire que la LBU (transfert financier de l’Etat) serait d’une manière ou d’une autre réorientée ?

La proposition, telle que formulée ici, vise donc l’investissement dans les grands hôtels, en défiscalisation. Il est vrai que bien des secteurs vivent grâce à ce dispositif de défiscalisation, et qu’il est très difficile d’obtenir des chiffres réels.


Non seulement le montant de cette défiscalisation – rajoutée parfois dans le budget consacré à l’outre-mer -, mais aussi les retombées locales directement issues (création d’emploi, d’activité, de valeur ajoutée… ).

Ainsi, la proposition a au moins le mérite de poser le vrai problème. Et en tout état de cause, elle ne saurait être appliquée ici – ou dans les autres collectivités locales – sans la mise à plat de tous les aspects, et doit faire l’objet d’une approbation de l’ensemble des partenaires (politiques, économiques, syndicaux, associatifs…).


2°- Les sur-rémunérations :

 

Elles sont généralement remises en cause dans tous les projets de loi de finances. Mais c’est une des rares fois où un candidat pose le problème en amont de la campagne, tout en donnant des pistes de réflexion.

L’idée de mieux articuler le montant des sur-rémunérations avec le coût de la vie est, bien évidemment, basée sur une volonté de justice sociale. C’est tout à fait louable.

 

L’articulation devra se faire sur le coût de la vie, ou plus exactement le surcoût. Dès lors, il convient d’étudier parfaitement les causes de ce surcoût : est-ce uniquement l’éloignement ? Non, les marges bénéficiaires de certains sont considérables.

Voilà donc du travail pour l’observatoire des prix et des revenus. À condition toutefois que les partenaires – notamment les services de l’Etat – jouent le jeu de la transparence.

 

Une action contre les marges bénéficiaires est donc à mener en priorité, avant de mieux « articuler » les sur-rémunérations. L’idée de conserver « le surplus » à La Réunion (et de manière générale dans n’importe quel territoire ultramarin) est séduisante.

Bien évidemment, on ne peut qu’être d’accord, quand on défend les valeurs d’égalité et de solidarité, avec ce souhait de partager avec les allocataires des minima sociaux.

 

Néanmoins, cela suscite quelques questions : quid du SMIC ? Ce n’est ni une sur-rémunération, ni une prestation sociale. Et une grande partie des Réunionnais est payée au SMIC. Donc faut-il aligner le SMIC réunionnais par rapport au coût de la vie ? Cela aussi mérite débat.

Autre écueil qu’il faudra surmonter : la loi et les dispositifs légaux. L’outre-mer n’est pas uniforme et les conditions de vie y sont différentes, c’est donc vers une régionalisation du SMIC et des minima sociaux et bien évidemment des sur-rémunérations qu’il faudrait s’orienter.

 

La bataille est loin d’être gagnée. Ne faudrait-il pas une révision constitutionnelle ?

 

Et comment va réagir Bruxelles, si prompt à s’ingérer dans des questions nationales, tout en n’étant pas à même de bâtir une nouvelle gouvernance économique européenne ?

                                                                                                                      

Article vu 3 207 fois
1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (Pas encore de votes)
Loading...

3 Commentaires sur

Programme présidentiel du Front de Gauche (2/15) – Défiscalisation et sur-rémunérations

  • AnonymeNo Gravatar |

    Au moins les propositions vont pouvoir susciter le débat. le vrai débat. pour une fois qu’un candidat crédible veut jeter les bases d’un nouveau mode de développement…
    oser parler des sur rémunérations… c’est intéressant. mais vous le dites bien: il faut bien mettre TOUT sur la table.

  • BANON MaxNo Gravatar |

    la question de la surrenumertion est un sujet societal dans notre petit pays,cela mérite un vrai débat à « visage découvert »avec courage,intéligence,tolérance.La CGTR va lancer un débat sur les salaires, le smic,la CGT au niveau national revendique un smic à 1700 euros,à la REUNION le quotidien titrait que les prix sont plus cher de 57%!sur un certains nombre de produits,52% de la population vit en dessous du seuil de pauvrté,oui il faut que la population exige un débat pas seulument avec des experts ou qu’avec les benéficiaires,les élus aussi doivent sortir de l’anonymat il y a des moments dans la vie ou il savoir prendre ses responsabilités.

  • ùXBäNo Gravatar |

    voici un post que j’ai passé sur témoignages le 8 juillet dernier…( bravo à eux ) mais j’ai déja longuement développé sur le sujet sur ce blog…
    je ne vois pas où est la complication à réviser ce système qui relève de l’injustice économique !c’est une question de volonté politique et d’équité , point…ci-après mon post du 8/7 :
    «  » » » parler de vie chère sans même mentionner le sujet de la sur-rémunération des fonctionnaires faut le faire !…et pourtant , comment rester muet sur ce sujet quand on voit d’un côté des agents publics qui touchent au minimum 500 euros mensuels pour les plus bas salaires et jusqu’à plusieurs milliers pour les plus hauts gràce au système obsolète de la  » prime coloniale  » ,alors que l’on marchande de tous côtés pour savoir si les salariés du privé pourront continuer à toucher les microscopiques 50 euros mensuels du cospar ! et vous vous prétendez communistes ?
    qu’attendez-vous alors pour proposer un système où tout le monde serait traité avec EQUITE face au drame de la vie chère au lieu d’encourager par votre silence le maintien en l’état de ce scandaleux  » apartheid  » économique !
    EXEMPLE…30 % de vie chère pour tout le monde avec un plafond de 300 euros mensuels , financé en  » syphonnant  » une partie de la sur-rèm actuelle vers un organisme , la caf par exemple , qui redistribuerait ensuite à tous ?
    voilà qui relancerait la consommation plutot que d’entretenir la flambée de l’immobilier ou financer le développement du tourisme…chez nos voisins de la zone ! » » » »
    bon WE à tous !

Vous avez une opinion ? Laissez un commentaire :

Nom *
E-Mail *
Site Web