Et maintenant les législatives – La priorité des priorités : l’emploi (4ème partie)

  

 

Les emplois dits aidés : une obligation mais pas une fin en soi

 

La priorité des priorités pour La Réunion reste la question du chômage et de l’emploi.

Nous avons vu dans les trois premières parties les pistes qui peuvent améliorer la situation :

 

1°- Dans le secteur public, un moratoire de 15 ans pour favoriser l’accès des Réunionnais diplômés à l’emploi,

 

2°- Dans le secteur privé, la priorité à l’embauche des Réunionnais par divers moyens,  

 

3°- Dans la fonction publique territoriale, avec notamment la question des employés communaux.

 

Il y a également des emplois à créer, des emplois dits aidés.

Dits aidés car ils sont financés en partie par l’Etat en partie par les collectivités.

 

Cette « aide » existe aussi, d’une autre façon, pour les emplois bénéficiant d’allègement ou d’exonération de charges.

Ce sont les « petits contrats » : citons les CES, CIA et CEC, aujourd’hui les CUI.

 

 La Réunion a besoin des « petits contrats » 

 

N’aborder la question de l’emploi, comme le font certains candidats, uniquement par le biais de ces contrats dits aidés est une façon très restrictive de voir le développement de La Réunion.

 

D’une part, parce que cela signifie que le tissu économique réunionnais n’est pas apprécié à sa juste valeur, d’autre part, parce que cela limite considérablement les voies du développement.

 

Mais ne pas en parler du tout relèverait de la totale inconscience et d’une absence incroyable de vision politique et d’une mauvaise appréciation de la réalité.

 

Oui, La Réunion a besoin de « petits contrats ». Ce sont souvent les seules opportunités pour des publics « loin de l’emploi ».

Ceux qui ont des incidents de parcours dans leur scolarité.

Ceux qui, pour d’autres raisons, ne peuvent être « employables » directement.

 

 La réponse à un chômage massif

 

Ces « contrats dits aidés » sont une réponse à un chômage massif. Rappelons que ce chômage apparaît comme une donnée structurelle de l’économie et de la société réunionnaises.

L’économie réunionnaise est une économie de « comptoir » fondée notamment sur le recyclage des transferts publics.

 

L’économie réunionnaise a créé un nombre remarquable d’emplois durant les dernières décennies.

Citons quelques chiffres :

de 121.000 emplois en 1982, on est passé à 147.000 en 1990, 194.000 en 2001, 202.000 en 2002,  et 243.000 en 2008 dont 67.000 emplois dans la fonction publique.

 

Ainsi, entre 1982 et 2008, 122.000 emplois ont été créés tous secteur confondus.

Le nombre d’emplois a donc doublé en 25 ans ! 

 

Mais le taux de chômage est resté invariablement le même, oscillant autour de 30%.

Car dans le même temps, la population réunionnaise est passée de 515.000 habitants en 1982 à 830.000 en 2010.

 

Et la population active a presque doublé : 176.000 en 1982  et 340.000 en 2010.

 

 Exploiter toutes les pistes

  

Cette tendance à la hausse de la population active (celle en âge de travailler) va continuer dans les prochaines années.

Ce sont donc TOUTES les pistes qu’il convient d’exploiter.

 

Y compris donc celle des « petits contrats ».

Et bien sûr celles des métiers « innovants » dans des secteurs de pointe.

 

Et pourquoi pas le retour (voire le maintien) de métiers ayant disparu ou en voie de disparition en France : pompistes, concierges, gardien d’immeubles etc.

Ce sont aussi les métiers dans le secteur de l’économie solidaire, dont je traiterai dans un prochain article.

 

Les pouvoirs publics ont procédé à des créations massives de contrats dits aidés, principalement axés sur le secteur non marchand.

En 2007, 63% des entrées en emploi aidé dans les DOM concernaient ce secteur, contre 32 % en France métropolitaine.

 

 La transparence indispensable par les pouvoirs publics

 

Il y a quelques mois, après les événements de février, l’ancien gouvernement avait mis en avant sa réactivité en disant qu’il allait proposer 1.000 de ces contrats dits aidés à la jeunesse réunionnaise. Dont acte.

Mais est-ce que cela répond aux attentes des jeunes ? La réponse est non.

 

Est-ce que cela peut répondre à des attentes d’une partie des Réunionnais ? La réponse est oui.

À une condition toutefois, et que celle-ci soit respectée :

il faut que chacune et chacun d’entre nous sache comment sont attribués ces contrats, sur quels critères, et par qui !

 

J’attends, comme les membres de mon Parti, que les pouvoirs publics – et en l’occurrence la préfecture – nous communiquent les secteurs dans lesquels ont été « créés » les quelques 25.000 emplois dits aidés.

 

La population réunionnaise attend que toute la transparence soit faite sur ce dossier.

Or, depuis février, pas de réponse.

 

 Un nouveau mode d’attribution des contrats dits « aidés » 

  

Cette situation ne doit pas se reproduire.

Il faut en finir une bonne fois pour toute avec cette situation qui légitime les soupçons de copinage ou de clientélisme.

 

Afin que toute la lumière soit faite sur la question des emplois dits aidés et que l’attribution de ces contrats se fasse dans la plus grande transparence, nous avons formulées des propositions.

Parmi celles-ci, il y a la création d’un comité composé de personnalités, d’élus, d’administrateurs, d’usagers potentiels etc.

 

L’attribution de ces contrats sera ainsi faite en toute transparence, selon des critères établis préalablement et communiqués à tous. Et essentiellement à la population.

Cela permettra d’enlever tout soupçon sur l’utilisation faite de ces contrats.

Notamment à la veille d’élections.

 

 Un traitement exceptionnel de la situation réunionnaise 

 

Toujours est-il que La Réunion doit bénéficier d’une part des 300.000 « emplois d’avenir » qui devraient être créés dans les domaines de l’innovation environnementale et sociale notamment.

 

Mais attention, cela ne doit pas remplacer les emplois dits aidés.

 

Et attention aussi aux premières leçons que l’on a pu tirées du RSA en France métropolitaine.

Une étude de la DARES a mis en évidence le caractère souvent précaire des emplois exercés par les allocataires du RSA.

 

Ces emplois sont en effet le plus souvent de courte durée.

Près du tiers (32%) des allocataires du RSA en emploi sont ainsi en CDD et 11% en contrat saisonnier ou de travail temporaire, contre respectivement 10% et 2% pour la population générale.

 

Alors oui aux contrats aidés, attribués par des comités, en associant les comités de quartiers dont la création devraient être encouragée par l’État et les collectivités, en prenant en compte l’être humain, de quoi il a besoin pour continuer à travailler.

 

Peut être que si l’on mettait l’humain au cœur de la problématique, la situation s’améliorerait.

Autrement dit, notre responsabilité est de mettre en place des dispositifs pour des femmes et des hommes et non pas mettre des femmes et des hommes dans des dispositifs.

 

Cela devrait être aussi – et peut être surtout, l’approche du parlementaire. 

 

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