Et maintenant les législatives – La priorité des priorités : l’emploi (1ère partie)

     

   Dans quelques jours, François Hollande va officiellement être Président de la République.

Le jour même sera connue la composition de son gouvernement.

 

Mais quelles que soient les personnalités appelées à siéger dans les ministères et surtout à Matignon, la tâche sera immense.

Les attentes des Réunionnaises et des Réunionnais aussi.

 

Le double engagement de François Hollande

 

L’engagement de François Hollande envers La Réunion est double :

 

– Les 30 propositions formulées pour les outre-mers,

– Les engagements spécifiques vis à vis de notre pays.

 

S’il a déjà établi sa « feuille de route » sur le plan national – tout en inaugurant son mandat par des manifestations internationales -, François Hollande est attendu, à La Réunion, sur plusieurs points.

Le nouveau président est notamment attendu sur celui de l’emploi.

 

Le Parti Communiste Réunionnais lui a soumis des propositions.

Parmi celles-ci, créer les conditions pour l’embauche en priorité des jeunes de notre pays, dans les services publics et les secteurs privés.

 

Une fois de plus – malheureusement -, l’actualité a montré la pertinence de cette demande.

Les polémiques nées autour de la venue de main d’œuvre portugaise sur un chantier réunionnais – photovoltaïque à la Plaine de Cafres – sont tout à fait légitimes.

 

Priorité

 

Pouvons-nous accepter qu’une telle situation se reproduise ?

Évidemment non, en tout cas, il n’est pas question pour moi de laisser faire.
 
 
En tant que Réunionnais, comme en tant que responsable politique, il est de mon devoir de défendre l’emploi pour mes concitoyens et d’organiser la priorité d’accès à l’emploi aux Réunionnais.

 

Cette organisation repose essentiellement sur des mesures législatives.

La Réunion doit bénéficier de mesures dérogatoires.

 

Cela n’est pas une nouveauté.

La Réunion a obtenu des dérogations sur de nombreux points, en fonction de ses spécificités.

 

Cette reconnaissance par la France mais aussi par l’Europe des conditions particulières de notre île doit être approfondie.

Cette reconnaissance doit être approfondie, en premier lieu, sur la question de l’emploi.

 

La nécessité d’actionner plusieurs leviers

 

Plusieurs leviers peuvent être actionnés :

 

1°- Dans le secteur privé, les employeurs devront signer une convention avec pôle emploi pour que la structure assure tous les recrutements. 

 

C’est le sens de la démarche,  que j’avais initié, au moment du lancement du tram train.

Nous avions signé une « lettre de mission », demandant à des organismes comme le CARIF OREF et l’ANPE de s’engager dans une démarche d’analyse prospective, pour anticiper les besoins en main d’œuvre, et le cas échéant, en formation, afin d’assurer d’une part les travaux, d’autre part, l’exploitation du tram train.

C’était en 2007, pour des travaux devant débuter en 2011.

 

Il est à noter que cette expérience avait été menée avec succès, lors de la construction de la Route des Tamarins.

La Région Réunion, sous la présidence de Paul Vergès, avait demandé un « état des lieux des compétences » et un plan de formation permettant aux Réunionnais de participer à ce grand chantier. 

 

2°- Toujours dans le secteur privé, pour toute embauche à l’extérieur, une attestation d’absence de compétence réunionnaise sera exigée.

 

Ainsi, les entreprises ne pourront faire appel à une main d’œuvre extérieure que s’il n’y a pas de Réunionnaise ou de Réunionnais formés pour remplir la mission.

Ce point est à prendre en compte lorsque la démarche prospective n’a pas été mise en place, pour quelle raison que ce soit.

 

On peut également exiger la prise en compte de  l’impact en emplois (ce que l’on appelle le mieux disant social) dans les marchés publics, et aussi comme condition dans les aides aux entreprises.

 

Là encore, il est à noter que, toujours pour ce qui concernait la réalisation du tram train, outre la démarche prospective, j’avais signé avec la Chambre de commerce et d’industrie un protocole visant à répondre à cette question importante :

Comment faire participer à la réalisation du Tram Train les entreprises réunionnaises qui n’ont pas obligatoirement les moyens techniques et humains de répondre aux marchés qui seront lancés ?

 

5 règles insérées dans le protocole Région-CCIR

 

Dans ce protocole, j’avais alors fait insérer cinq règles :

 

1°- Dans tout grand chantier, réserver une part significative des travaux aux entreprises réunionnaises, chaque fois que cela sera possible ;

 

2°- Dans les réponses des candidats soumissionnaires, l’indication de la part de marché qu’elles entendent sous-traiter à des tiers, notamment à des petites et moyennes entreprises ou à des artisans ;

 

3°- L’obligation d’introduire un nombre minimal de PME parmi les candidatures (lors les gros chantiers et en l’occurrence, lors du Partenariat Public Privé)

 

4°- La mise en œuvre de critères développement durable et soutien au PME, dans le cadre de la commande publique.

 

5°- L’intégration d’un dispositif de soutien à la trésorerie des TPE et PME.

 

Tout ce qui avait été fait l’a été pour deux raisons : 

 

1°- La première – essentielle – est que lorsqu’il y a une réelle volonté politique, l’objectif est atteint ;

 

2°- La deuxième, c’est que nous avions étudié au plus près la législation, notamment pour ce qui concernait « l’allotissement », autrement dit la répartition en petits lots des marchés. Nous étions allés au bout de ce que la loi permettait.

 

Plus nécessaire que jamais

 

Aujourd’hui, face à une situation économique et sociale encore plus grave, devant l’abandon des grands chantiers, devant la multiplication des exemples de recours à une main d’œuvre extérieure, la seule solution est l’adaptation des lois à la réalité réunionnaise.

 

Cela devra s’appliquer à toutes les entreprises, et à tous les donneurs d’ordre.

Privés comme publics. L’exemple de la Centrale thermique de La Possession avec l’embauche de personnes n’ayant aucun intérêt matériel et moral avec La Réunion ne doit pas être reproduit.

 

Enfin, s’il faut adapter les conditions d’octroi des marchés de BTP à la réalité réunionnaise, il serait utile de s’attaquer à un autre défi : atténuer l’avalanche de « normes » qui alourdissent le travail des collectivités, les empêchant d’être réactives.

 

En outre, lorsqu’il y a un problème sur un chantier, quelle que soit son importance, au vu des mesures de rétorsion qui s’appliquent (application de pénalités de retard etc.), le coût des chantiers est souvent supérieur aux prévisions.

 

Et bien souvent, parce qu’elles sont dans l’impossibilité de payer des pénalités, ces entités ne peuvent faire autrement que de « laisser faire » et voir ainsi des emplois échapper aux Réunionnaises et aux Réunionnais.

 

Tout cela pourrait être résolu. Cela fait partie du travail de parlementaire. Car ce sont bien les députés (et les sénateurs) qui élaborent les lois. Et peuvent, le cas échéant, les adapter.

 

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3 Commentaires sur

Et maintenant les législatives – La priorité des priorités : l’emploi (1ère partie)

  • VorangineNo Gravatar |

    Oui mais vous , vous proposer quoi pour St. Denis ? Vous remettez en route le tram?
    A compétence égal on prend local c’est bien mais il faudrait aussi sans piston !!

  • Ludovic DupraNo Gravatar |

    Je trouve votre programme pour l’emploi à la Réunion extra. Voilà enfin un homme politique capable de regarder clairement les problèmes et oser les dire! Il ne s’agit pas de racisme, mais il n’est pas normal que des Réunionnais soient contraints d’aller travailler ailleurs pendant qu’on embauche des gens de l’extérieur! Merci Monsieur Vergès, moi je voterai pour vous car pour moi le problème de l’emploi à La Réunion ne pourra se solutionner que par des slutions réalistes et non démagogiques!

  • Pierre VERGESNo Gravatar |

    Mes propositions sur Saint-Denis sont à retrouver sur le site saintdenis.pierreverges.fr
    Il faut remettre en route le tram et que des règles soient édictées pour que les élus ne puissent plus intervenir dans les recrutements de contrats aidés par exemple.

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