Du 29 juillet au 31 août : rétrospective – Mars 2012 (2) : l’occasion de bâtir un vrai réseau de transport en commun

Pierre Vergès Je serai absent pour les jours qui viennent. C’est l’occasion de vous faire partager une rétrospective de mes articles depuis deux ans. Et les informations contenues dans ces papiers ont toujours une part d’actualité. J’entends par là qu’il est intéressant de voir combien la citation de Blaise Pascal « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà » est juste.

Ainsi par exemple, la vérité sur un fait, l’indignation devant une injustice, la revendication devant un traitement inapproprié , peuvent être fortes… ou faibles voire inexistantes, selon que l’on est dans l’opposition ou au pouvoir.

Cela dit, celles et ceux qui dans ces articles sont sujets à des critiques peuvent avoir parfois montré leurs aptitudes à se remettre en cause. Comme quoi personne n’est parfait.

Enfin, j’arrête là et vous souhaite bonne lecture ! 

 

15 mars 2012 – Transports – Ma délégation de vice-président : Renouvellement des contrats de transport Car Jaune et Z’éclairs ou l’occasion de bâtir un vrai réseau de transport en commun     

 

car jaune transports Depuis 2007, le Département a mis en place des contrats pour l’organisation des « Cars jaunes » et des bus « Zéclairs ».

Ceux-ci, signés d’une part avec le GIE Activ’, groupement de 10 entreprises de transport et d’autre part, avec Véolia Transport Services Réunion (VTSR), arriveront à terme fin avril 2013.

Dans ce cadre, le Département lance la réflexion sur les transports interurbains de demain.

Aujourd’hui, le réseau Car Jaune comprend 17 lignes desservant 22 communes, principalement les villes situées sur le littoral et les hauts l’Ouest.

Pour couvrir le réseau, 120 bus roulent, en express, semi express et cabotage.

En 2010, ils ont transporté 5.789.550 personnes et parcouru 8.276.000 km.

La fréquentation a augmenté de 31% par rapport à 2007 et de 36% par rapport à 2005.

Quant à la clientèle du réseau Car Jaune, elle est une clientèle majoritaire féminine, et la moitié a moins de 30 ans.

L’arrivée à échéance des contrats doit être l’occasion de réfléchir à une desserte plus efficace, concertant toute l’île.

L’ensemble de La Réunion est couvert par des Périmètres de Transport Urbain.

Ce sont des schémas définis par les Autorités Organisatrices de Transport Urbain (AOTU) : aujourd’hui les EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) que sont les communautés d’agglomération.

Ces communautés sont au nombre de 5 : CINOR, CIREST, TCO, CIVIS et CASUD. 

Afin de répondre aux besoins des populations vivant sur le territoire, ces AOTU ont mis en place des réseaux « locaux « .

Mais, parfois, ceux-ci font double emploi avec ceux des Cars jaunes.

Et dans le même temps,d’autres secteurs ne sont pas desservis.

Ce sont des éléments qui pénalisent le développement du transport en commun et provoquent gêne ou mécontentement chez les voyageurs.

C’est cela que nous devons réorganiser.

  

Remettre à plat      

 

La signature de nouveaux contrats doit donc être l’occasion de remettre les choses à plat.

C’est aussi l’occasion d’établir un partenariat renforcé entre toutes les collectivités chargées du transport : 

– la loi donne au Département la compétence d’organisation de services réguliers de transports routiers de voyageurs non urbains,  

– et il appartient aux communes ou à leurs regroupements d’organiser les transports par bus au sein des villes ou structures intercommunales.

C’est dans cet état d’esprit que le Département prépare le renouvellement de ces contrats.

Trois idées orientent ses réflexions : 

1 – redéfinir les services du réseau Car Jaune à partir de la vocation interurbaine (entre les villes) ; en clair : redonner au réseau Car Jaune sa  vraie vocation, les lignes express et éviter le « cabotage ».  

2- améliorer la qualité de service : vitesse commerciale, confort dans les cars ou les gares routières, sécurité, facilité de passage d’un réseau à l’autre, 

3 – amener une nouvelle clientèle en proposant de nouveaux abonnements, services, en revoyant le cas échéant la tarification.

Pour le Département, tout cela doit se faire dans la concertation avec les autorités organisatrices de transport urbain.

Mais pour le Département, tout cela doit se faire dans le souci permanent de ne jamais pénaliser l’usager.

Il y a donc un important travail à mener avec les partenaires (mairies, EPCI, Région).

Ceux-ci se réuniront au sein du club AOT existant.

Ils travailleront également au sein du comité technique (pour le suivi du projet) et du futur comité de pilotage (pour la validation des décisions prises).

C’est donc l’ensemble des AOT qui devront travailler à la mise en place d’un vrai « maillage » entre les réseaux.

L’objectif est de parvenir à la complémentarité et la coordination, tant en termes d’itinéraires que d’horaires, de facilité de passage d’un réseau à l’autre que de tarifs.

C’est donc une nouvelle orientation des transports collectifs par bus à La Réunion qui est en passe de voir le jour, à travers un projet collectif de transport.

Bien sûr, cela doit se faire en adéquation avec les préconisations du Schéma Régional des Infrastructures et Transports, en cours d’élaboration par la Région.

Mais avec un impératif : que cela corresponde aux attentes de la population.

Encore faut-il que celle-ci puisse définir ses besoins, attentes, et envies.

  

Avec la population     

 

Certes, il y a bien une enquête Ménages Déplacements dont les résultats sont attendus… seulement après le renouvellement des contrats.

Donc un peu trop tard.

En fait, la région, qui n’a pas la moindre petite ligne de transport, voulait la responsabilité de l’étude (!).

Le département, quant à lui, souhaite partager la responsabilité avec les AOTU, qui participeraient financièrement à une hauteur raisonnable, la région pouvant s’associer à ces entités, pour peu qu’elle participe aussi au financement.

D’où la nécessité de travailler dès maintenant à cette problématique.

Comme il est d’usage de le faire, dans de telles circonstances, le Département souhaite renforcer son équipe (chef de projet et son staff) par deux Assistances à Maîtrise d’Ouvrage (AMO).

La première AMO aura en charge la conduite de projet, l’assistance technique, juridique et financière.

La seconde la gestion de l’image et de la communication. Donc le travail avec les utilisateurs d’aujourd’hui et de demain.

 

carte de La Réunion réseau transports car jaune Nous avons vu hier que le Département va profiter de l’occasion de l’arrivée à terme des contrats d’exploitation des Cars Jaunes et des Zéclairs pour mettre en place une concertation avec la population réunionnaise.

L’objectif est de proposer des conditions de transport plus attractives, couvrant toute La Réunion, dans le respect des prérogatives de chacun et en réponse aux souhaits des utilisateurs.

Avec un système de transport plus rapide, plus régulier, plus confortable, plus sûr, il est évident que de nombreux Réunionnais abandonneraient leur voiture et emprunteraient les transports en commun.

L’une des questions qui pourrait être posée est de savoir ce qu’attendent les utilisateurs et les services qui sont indispensables : un parking pour voiture ? un parking pour vélo ? des abribus climatisés ? des boutiques dans les gares ? une station de taxis ?

Tous ces services pourraient donc exister.

Encore faudrait-il qu’ils soient supportés par les passagers des différents transports (bus urbains, interurbains etc.).

 

L’implication de toutes les collectivités      

 

Ce qui signifie que ce sont toutes les collectivités qui doivent être impliquées dans la démarche :

– la commune parce qu’elle gère le foncier sur son territoire ;

– la communauté d’agglomération, parce qu’elle assure pour la commune, le transport au sein de celle-ci et entre deux communes appartenant au même EPCI ;

– le Département, puisqu’il a la charge d’organiser les transports rapides par bus ;

– et la Région, qui a souhaité s’investir aussi dans ce domaine.

Concrètement, il s’agit aussi de voir comment, par exemple, on peut partager les frais pour la mise en conformité de certains équipements ; par exemple, l’aménagement pour les personnes à mobilité réduite, les femmes avec des poussettes etc.

  

La question du ticket     

 

Autre problème qu’il faudra bien aborder : sans parler de billet unique, il est évident qu’il sera plus intéressant pour un voyageur qui part de la ville du Port, de n’avoir qu’un seul billet pour rejoindre le Parc du Colosse à Saint-André.

Et cela même s’il doit emprunter successivement un bus de Kar’ouest, puis un Car jaune, voire un bus de la CINOR, puis un bus de la CIREST.

Plus besoin de faire de la monnaie pour payer son trajet par petit bout : en une seule fois, vous avez votre ticket, vous permettant de prendre vos correspondances.

Mais entendons-nous bien : l’objectif est de donner une vocation expresse au réseau départemental, et que le passage par le réseau urbains soit le plus rapide possible aussi.

Cela est alléchant pour l’utilisateur.

Pour les collectivités locales également, en terme de réponses aux attentes de leurs administrés.

 

La problématique de l’équilibre financier      

 

Mais si les rentrées financières ne sont pas suffisantes, c’est tout le système qui peut péricliter.

C’est la grande problématique posée par les AOT au niveau national.

On peut aussi imaginer une tarification permettant de prendre en compte le pouvoir d’achat des personnes : cela existe, d’une certaine manière, avec les cartes « jeunes » ou « 3e âge » mises en place par le Département.

D’autres modalités de calcul pourraient être envisagées : à partir d’une incitation à l’abonnement, par rapport au coefficient familial, à la composition de la famille, etc.

Une autre possibilité serait la création de cartes d’abonnement, de pass’ permettant de voyager plus et mieux. En ce sens, les communes – à travers leurs CCAS – sont des collectivités incontournables.

 

Encore plus de sécurité, de confort, de régularité     

 

C’est ce que l’on appelle généralement « la qualité » du service : respect des horaires de passage, conditions d’accueil intéressantes, sécurité, confort, accessibilité etc.

Pour les gares, par exemple, il paraît judicieux qu’elles soient implantées dans les zones de forte densité, aux endroits où la clientèle est la plus importante.

En ce qui concerne les parkings,  le débat est ouvert : parkings d’accueil, pour les voitures ou les deux-roues, de combien de places ?

En cela, la réponse appartient aussi aux  communes, même si elles ne sont pas organisatrices de transport.

La raison en est simple : parce qu’elles sont maîtresses de l’aménagement de leur territoire, et que, à ce titre, dans leurs documents de planification, elles peuvent réserver les emplacements nécessaires.

  

La sécurité     

 

Un volet devra également être abordé : celui de la sécurité, à l’intérieur des bus comme dans les zones d’accueil.

Cette question a d’ailleurs été soulevée unanimement par les AOT depuis longtemps.

Cette sécurisation peut elle aussi faire l’objet d’une mutualisation de tous.

Par exemple, on peut imaginer des agents plus nombreux à l’intérieur des bus et dans les gares. Peuvent être aussi envisagées les solutions de vidéo protection.

La sécurité, c’est aussi sur la route : les chauffeurs sont aujourd’hui formés, suivis régulièrement.

Pour un niveau d’exigence supérieure en termes de sécurité, on peut aussi envisager une formation complémentaire et régulière des chauffeurs.

  

L’écoute des propositions des usagers     

 

Les usagers, on le sait, ont eux aussi des propositions à formuler sur ce thème.

Cette concertation avec la population pourrait aussi concerner le matériel, le type de bus.

Sans s’arc bouter sur la couleur (du rose, peut-être ?), il faudrait s’interroger sur leur performance : hydrogène ? essence ? hybride ?

Les avis des usagers sont aussi sollicités sur la question du confort à l’intérieur des bus. Faut-il mettre la radio ? la télévision ? le wi-fi ? des casques individuels ? de la climatisation ? des commodités ?

Il y a certes des points qui devront obligatoirement être pris en compte : l’accès pour les personnes en fauteuil roulant ou pour les mamans avec des poussettes, voire des voyageurs avec leurs vélos ou leurs bagages.

 

Une multitude de questions     

 

Quelles devront être les exigences en matière environnemental ?

Autres questions : Faudra-t-il des guichets électroniques ? ou des personnes vendant les billets ? un mix des deux est-il envisageable ? comment informer les usagers ? Faut-il des plans à l’intérieur des bus, un peu comme dans le métro ? Des informations sur vidéo ? Faut-il une carte montrant la fluidité du trafic sur tout le parcours ?

Sans nul doute, avec les réponses des Réunionnaises et des Réunionnais à ces questions, les Cars Jaunes et les Zéclairs vont connaître une vraie cure de rajeunissement.

Faut-il un nouveau logo ? Faut-il une mascotte ? Faut-il garder la couleur jaune ? Faudra-t-il beaucoup de publicité dans les bus ? ou derrière ? ou sur les côtés ?

C’est à la lumière de tout cela que les élus devront décider : et quoi qu’il en soit, le service rendu à l’usager d’une part, et le maintien de l’emploi d’autre part, devront être des constantes dans le raisonnement.

 

Maintenant, que la réflexion roule !

 

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