Alerte-Urgent – Biodiversité : danger majeur à Madagascar (volet 2)

 

   Au cours des quelque 25 ans couverts par le rapport de l’USAID, la croissance démographique a été de trois pour cent par an.

 

En 1990, Madagascar comptait 11 millions d’hectares de forêts et 11 millions d’habitants ; aujourd’hui, les forêts ont été réduites à neuf millions d’hectares et la population est passée à 20 millions.

 

L’USAID a estimé que moins de deux millions d’hectares de forêts suffisaient à satisfaire la demande intérieure en bois de chauffe et de construction.

 

Des projets environnementaux ont contribué à ralentir la destruction des forêts – d’environ 0,83 pour cent chaque année entre 1990 et 2000 à 0,53 pour cent après 2000 – mais plus d’un million d’hectares ont été perdus entre 1990 et 2005.

 

Ce sont une gouvernance « pas assez bonne » et une instabilité politique chronique qui sont au cœur du problème, a dit le rapport.

 

« Une corruption systémique, des crises devenues la norme dans le paysage politique, et des stratégies à court terme de gestion des ressources, qui profitent à des dirigeants éphémères mais pas à la population dans son ensemble… ont rendu difficile, voire impossible, la création des conditions économiques nécessaires pour élargir des interventions environnementales prometteuses ».

 

Le rapport a conclu que

« la préservation de l’environnement est otage du développement économique, et le développement économique est otage de la bonne gouvernance ».

 

John Uniack Davis, directeur pays de CARE International à Madagascar, une ONG de développement, a noté qu’il y avait « un besoin urgent de rétablir les investissements dans les programmes environnementaux, mais cela ne peut se faire de manière isolée – cela doit être accompagné d’une attention permanente portée à la bonne gouvernance et au renforcement des capacités de la société civile pour garantir un climat propice et positif », afin de mettre un terme à la destruction de la biodiversité.

 

« Le climat d’incertitude engendré par la crise politique actuelle, ajouté à la suspension des programmes environnementaux, remet en cause les progrès significatifs qui ont été faits », a-t-il dit à IRIN.

  

Le rapport de l’USAID a suggéré trois scenarii :

 

– le premier serait d’abandonner totalement les ressources forestières restantes à Madagascar et d’injecter les ressources financières limitées ailleurs ;

 

– le deuxième serait de continuer à investir dans les programmes existants, en tirant les leçons apprises de 25 ans d’expérience, et de faire pression pour obtenir des ressources plus conséquentes et plus durables.

 

– le troisième scenario « reconnaît essentiellement que la communauté internationale donne davantage de valeur à la biodiversité de Madagascar que [ne le fait] son gouvernement et sa population » et « doit par conséquent se tenir prête à payer pour la protéger ».

  

Cette approche nécessiterait des financements qui « dépasseraient de loin la capacité de l’USAID » et opterait pour une rémunération directe des communautés afin qu’elles renoncent aux activités préjudiciables pour l’environnement.

 

« L’USAID, avec la Banque mondiale, a mené les efforts de conservation de la biodiversité [à Madagascar] au cours des 25 dernières années… Ce n’est pas le moment aujourd’hui de se retirer », a plaidé Russ Mittermeier, président de CI.

 

« [L’USAID] continue à fournir une aide humanitaire substantielle à Madagascar, mais il est maintenant impératif de reconnaître que l’environnement doit être considéré comme une composante du ‘package’ humanitaire ». 

M. Davis, de CARE, a approuvé.

 

« Il y a un lien clair entre la dégradation de l’environnement et les conséquences humanitaires désastreuses – la destruction des forêts aggrave l’érosion à court terme, le changement climatique à long terme, et enfin, la vulnérabilité à des catastrophes naturelles telles que les cyclones et les sécheresses », a-t-il dit à IRIN.

 

« Une approche visionnaire de la réduction des risques de catastrophe et de la résilience des populations humaines doit donc nécessairement comporter une composante environnementale significative, par conséquent il ne serait vraiment pas difficile de classer les programmes environnementaux comme étant ‘humanitaires’ ».

 

Mais se contenter de requalifier l’aide environnementale comme étant « humanitaire » pour contourner les sanctions existantes ne serait probablement pas suffisant, et les bailleurs de fonds continueraient à réclamer de sérieuses améliorations dans le domaine de la gouvernance.

  

Rudolph Thomas, chargé d’affaires de l’ambassade américaine à Madagascar, a dit à IRIN :

« Les Etats-Unis ont travaillé pendant plusieurs décennies pour protéger et promouvoir l’environnement à Madagascar. Nous restons engagés pour cette cause importante et nous nous tenons prêts à poursuivre ce travail essentiel lorsque les conditions politiques le permettront ».

 

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5 Commentaires sur

Alerte-Urgent – Biodiversité : danger majeur à Madagascar (volet 2)

  • ArsinoéNo Gravatar |

    Un article paru dans « Afrik.com » : A Madagascar, politique et protection de l’environnement ne font pas bon ménage

    Le coup d’Etat de 2009 serait le catalyseur de la catastrophe écologique. Le rapport de l’International Resources Group expliquerait que c’est la crise politique entrainant le remplacement, en mars 2009, du président Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina, actuel dirigeant de la Haute Autorité de Transition (HAT), qui est à l’origine de l’explosion de l’exploitation illégale des forêts à Madagascar. En effet, la communauté internationale avait alors condamné ce coup d’Etat en coupant l’aide humanitaire venant de l’étranger. La fonction publique de l’île, y compris le système de préservation de la nature, s’était alors quasiment effondrée.« Depuis le coup d’Etat en mars 2009, les sites riches en biodiversité, et les communautés qui en dépendent, ont été la cible d’attaques de profiteurs sans scrupules.(…) Cette exploitation illégale de bois a maintenant atteint des niveaux jamais égalés. Environ 400 arbres sont abattus chaque jour dans certaines régions », a noté Niels Marquardt, ambassadeur des Etats-Unis à Madagascar, dans les avant-propos du rapport l’USAID.

    Une autre enquête aurait révélé qu’au cours des mois qui ont suivi le coup de force, des bois tropicaux exotiques tels que le bois de rose, le palissandre et l’ébène étaient collectés chaque jour dans des parcs nationaux et ères protégées, pour une valeur évaluée entre 88 000 et 460 000 dollars.
    Le rapport a conclu que « la préservation de l’environnement est otage du développement économique, et le développement économique est otage de la bonne gouvernance ».

  • GrannyNo Gravatar |

    Comment peut-on affirmer que les aides existantes sont suffisantes ou insuffisantes?
    Malheureusement, le peu de suivi et de contrôle ne nous permet pas de faire une telle affirmation. Je rejoins la conclusion du rapport de l’USAID: il faudrait avant tout une « bonne » gouvernance.
    Il y a des aides qui existent, entre autres pour les hôpitaux, les écoles, etc. et depuis peu (2005 me semble-t-il) une aide particulièrement affectée à la protection de la biodiversité notamment par l’organisme FAPBM (Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité à Madagascar).
    Cependant, si ces aides sont détournées, mal gérées ou autre, cela ne sert hélas qu’à faire un pas en avant puis deux en arrière ou faire du surplace.
    Il est donc nécessaire de coupler ces aides à des contrôles.
    Ensuite, une « éducation » serait évidemment indispensable pour ce faire. Toutefois, la question que je me pose est: quel(s) pays serai(en)t assez « neutre(s) », écouté(s) et expérimenté(s) pour leur apprendre une bonne gestion sans en abuser ensuite derrière?

  • ArsinoéNo Gravatar |

    Granny : je ne suis pas sûre qu’il faille leur apprendre quoi que ce soit ; comme dans tout pays, il y a des gens compétents, les enfants des classes aisées ont fait des études, se sont confrontés au monde extérieur et ont acquis de l’expérience

    et si le problème n’était pas là où vous le situez. La situation quelque peu mouvant de Madagascar, mais aussi celle de tous les pays qui ont été colonisés, n’est pas du simple fait de leurs ressortissants. il y a en jeu des intérêts économiques, stratégiques, géo-politiques internationaux et il me semble que ce sont les anciens colonisateurs voire les capteurs de bénéfices et de ressources en tous genres qui, par un savant jeu de soutien d’un au détriment de l’autre, participent à cette mise en difficulté de ces Etats.

    la question de l’utilisation des aides internationales mérite d’être posée; comment vérifier qu’il n’y a pas de « détournement »?

  • Siansankonsians Nékeruin' DelamNo Gravatar |

    De l’aide ?
    Quelle aide?
    Voilà bientôt cinquante ans que « coopération » a remplacé « néo-colonialisme » et apparemment ce terme à encore de l’avenir…
    On peut poser les questions autrement : quelle est la position des masses ouvrières du pays concerné face aux classes dirigeantes ?
    De quelles armes (idéologiques…) disposent-elles pour renverser le rapport de force?
    Comment une internationale solidaire peut-elle soutenir efficacement les luttes populaires de ces pays?

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    Quel bon nom que Siansankonsians Nékeruin’ Delam (j’avoue que j’ai du m’y reprendre à deux fois pour pouvoir le premier mot et comprendre…)

    mais tout à fait d’accord avec vous : prolétaires de tous les pays, unissez-vous ; préparons un monde nouveau ;

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