Santé – Vers une évolution de « la sécu ? »

 

  La santé en France a besoin de sang neuf

Ça sent la fin des vacances pour le gouvernement : les ministres sont allés chez Montebourg, pour la fête de la Rose.

Et les grands dossiers… épineux réapparaissent.

 

Réformer le financement de notre modèle social

 

Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a évoqué quelques pistes permettant de faire évoluer le financement de la protection sociale, tout en assurant qu’aucune n’était privilégiée.

 

« À l’évidence, nous ne pouvons éviter de faire évoluer le financement de notre modèle social, qui pèse aujourd’hui principalement sur le travail ».

 

En juillet,  elle déclarait :

 

« Le Gouvernement fait le choix d’engager des réformes structurelles volontaristes pour permettre à notre modèle social de perdurer ».

 

Aujourd’hui, elle poursuit :

 

« Réformer le financement de notre modèle social, c’est aussi faire contribuer d’autres revenus que le travail.

On ne peut pas d’un côté expliquer qu’il y a trop de cotisations sur le travail et de l’autre refuser la mise à contribution des revenus du capital ».

 

Vers une taxe écologie santé ?

 

Et Marisol Touraine de préciser :

 

« C’est cela le changement que nous avons engagé.

Plusieurs pistes s’offrent à nous et aucune n’est privilégiée.

Mais il est normal de se demander si une taxe écologique ne serait pas utile alors que l’impact de l’environnement sur notre santé est chaque jour confirmé ».

 

La ministre des Affaires sociales et de la Santé avance deux autres pistes :

 

« Il n’est pas anormal que l’industrie pharmaceutique contribue à la politique de santé, alors que les médicaments occupent une place trop importante.

Et il n’est pas anormal que l’industrie du tabac contribue elle aussi à notre politique de santé, alors que 73.000 personnes par an meurent à cause du tabac, ce qui coûte 18 milliards d’euros à la Sécurité sociale ».

  

Tenir compte du trou de la sécu

 

On verra bien ce que cela donnera, une fois traduit dans le projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS).

 

Lequel devra tenir compte du trou de la sécu : déficit de 17,4 milliards €, contre 23,9 milliards € en 2010.

 

Des chiffres communiqués récemment par la commission des comptes de la sécurité sociale (CCSS). C’est mieux, certes… 

 

La branche maladie a vu son déficit passer de 11,6 Md€ à 8,6 Md€.

 

La maîtrise des dépenses de santé et l’adaptation de l’offre de soins aux besoins de la population sont les principaux leviers pour maîtriser le déficit, annoncent l’IGAS et l’IGF.

 

Près de 1,5 milliard d’économies pourrait être réalisés lors du quinquennat en limitant le volume des soins de ville, estime le rapport.

 

1,5 milliard d’euros, c’est aussi le montant du volet de recettes supplémentaires dégagées par le projet de loi rectificatif de 2012, voté fin juillet par le Parlement.

 

Et le prix des médicaments ?

 

En juillet, concernant le prix du médicament, la ministre de la Santé a fait état

« d’une action volontariste sur le prix des produits de santé, avec une attention particulière sur le prix des médicaments génériques et la maîtrise des prescriptions ».

 

S’il faut évoluer, il faut aussi gérer la crise.

Comme celle-ci n’épargne aucun secteur, la santé ne pouvait passer à côté.

 

Les mutuelles s’interrogent alors :

 

« Chaque année, le budget de l’assurance maladie augmente de 4%.

Cette hausse est censée compenser l’augmentation des dépenses de santé d’année en année.

En 2013, cette hausse ne sera que de 2,7%. 

Comment alors assurer les dépenses de santé de personnes souffrantes de maladies de longues durées (ALD) ?

Comment assumer le vieillissement de la population et l’augmentation de l’espérance de vie ?».

 

L’État doit donc  trouver des solutions pour « allier économies et santé de tous », et  «pour ne pas augmenter ses dépenses en 2013 ».

 

D’où la crainte des mutuelles : « Le remboursement (ou plutôt le déremboursement) des médicaments devrait être en ligne de mire ».

 

La santé oui, mais laquelle ?

 

Ce qui est dit plus haut, ce sont les explications des professionnels de chiffres.

Mais quel est l’état de santé de la France ?

 

Réponse avec le rapport de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) :

 

« L’état de santé des Français apparaît globalement bon, mais la mortalité prématurée, c’est-à-dire survenant avant l’âge de 65 ans, reste en France l’une des plus élevées de l’Union européenne.

En outre, des disparités sensibles perdurent tant entre hommes et femmes qu’entre territoires ou entre catégories sociales et dans certains groupes de population ».

 

Disparités… le mot « inégalité » aurait été plus judicieux.

À La Réunion, on en sait quelque chose !

 

Quand aux populations les plus défavorisées,elles ont encore beaucoup de souci à se faire. En effet, dès septembre, les sénateurs UMP ont affirmé vouloir revenir sur les conditions d’octroi de l’Aide Médicale d’État (AME), aide rendue gratuite par l’adoption en juillet dernier de la Loi de Finance rectificative.

 

Ce texte supprime la franchise de 30 euros annuels que les demandeurs devaient payer, ainsi que certaines conditions préalables.

Les associations craignent donc le retour d’un ticket modérateur.

 

Surtout que « les individus concernés sont en général dans une situation d’extrême précarité, voire de survie », note l’association Médecins du Monde.

L’ONG a vu s’accroître le nombre de personnes sollicitant son concours dans ses permanences.  

 

Et les médecins ?

 

La ministre avait également annoncé, en juillet, qu’une négociation, sous l’égide la Caisse nationale d’assurance maladie, allait se tenir sur la question des dépassements d’honoraires.

 

Aujourd’hui, Marisol Touraine indique qu’elle mettrait

« dans quelques semaines en place une expérimentation, qui permettra de redonner confiance dans la médecine de proximité, en valorisant le travail d’équipe dans les maisons de santé par exemple (…), en mettant fin à la seule tarification à l’acte pour valoriser la rémunération forfaitaire, qui permet de renforcer la prévention ».

 

Elle déclarait aussi :

 

« Je ne suis pas certaine qu’il faille être médecin pour faire tout ce que l’on demande aux médecins.

Il y a des infirmières, des kinés, des sages-femmes qui sont pleinement engagées et dont le rôle peut être renforcé. (…).

Les premières décisions seront prises dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale à l’automne.

Je proposerai ensuite que l’on expérimente cette réorganisation dans une ou deux régions pendant un an.

Dans le même temps, les études de médecine devront imposer des stages dans les déserts médicaux ».

 

Des professionnels de santé ont déjà réagi : cent onze médecins de toutes catégories, originaires de Gironde, ont lancé un  » Manifeste des médecins solidaires » appelant leurs collègues au niveau national à refuser les dépassements d’honoraires.

  

Le retour de la retraite

 

Enfin, Marisol Tourraine a rappelé que la question des retraites allait être

« un des enjeux importants de l’année qui vient. (…).

Nous devons faire en sorte que les conditions de départ en retraite ne soient pas les mêmes pour tous.

De ce point de vue là, la durée du travail est un critère plus juste que le seul critère de l’âge ».

 

Tout ceci sera discuté dès la reprise parlementaire, en octobre.

Une fois bien sûr que les projets auront été soumis au conseil des ministres.

 

La santé, c’est maintenant ?

 

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