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2015
Débat télévisé sur Réunion 1ère : mieux le cadrer dès le départ
Catégorie : CONTRIBUTION AU DÉBAT, INSTITUTIONS - COLLECTIVITÉS LOCALES, POLITIQUE LOCALEJ’ai regardé hier soir le débat télévisé sur Réunion 1ère consacré aux élections départementales, et inutile de dire que cela n’encourage pas le citoyen à se déplacer pour aller voter.
Dans mon article paru le 5 mars – http://blog.pierreverges.fr/institutions/situation-budgetaire-alarmante-des-departements-en-prend-on-la-mesure#more-23909 -, je soulignais qu’il fallait se méfier des candidats « fokon-yaka » qui déclinent dans leurs exposés les miracles qu’ils vont effectuer une fois élus. Bon, soyons un peu plus précis qu’eux, hier il s’agissait des représentants de partis, parfois candidats.
Mais j’aurai l’occasion d’y revenir dans un autre billet. Je souhaiterai d’abord faire une remarque concernant la direction du débat par les animateurs Jean-Marc Collienne et Emmanuelle Haggai.
Il me semble que pour éviter que le débat parte dans tous les sens, il est utile qu’un cadre soit posé.
Ainsi, le citoyen est intéressé par ce que vont dire les invités sur ce que les candidats vont prendre comme mesures, et en premier lieu avec quelle majorité, quand on sait, nonobstant le fait que la voix des urnes est « impénétrable », qu’il sera incontournable de s’entendre avec des candidats de partis concurrents.
Ensuite, tout un chacun sait que des mesures ont un coût financier. Quel est le coût pour chacune d’entre elles ?
Et comme le budget départemental n’est pas extensible, il aurait été utile de mentionner à combien s’élève-t-il, ET SURTOUT comment est-il réparti.
D’abord, il y a des dépenses obligatoires quant à leur nature. Nombre d’entre elles ne peuvent être réduites, par exemple le remboursement des emprunts. Certaines peuvent l’être. Par exemple, les dépenses de personnel ou les moyens pour le fonctionnement de l’institution.
Bien sûr qu’il est possible de choisir de réduire le montant de certaines dépenses obligatoires, pour dégager des moyens financiers à affecter sur des secteurs choisis par les candidats, mais il est indispensable alors pour les animateurs du débat de préciser aux invités que les citoyens attendent des précisions sur les secteurs qu’ils viseraient (cela intéresserait à n’en pas douter les agents du Département) et le montant des économies dégagées.
Ensuite, il y a les dépenses consacrées à l’action sociale. Là encore, il aurait été judicieux de demander si certaines actions sont jugées inopportunes, combien coûtent-elles, et où les candidats comptent-ils réaffecter ces économies dégagées. Cela aurait là encore le mérite d’intéresser les bénéficiaires de mesures que ces invités auraient envie de supprimer.
Au-delà de l’action sociale, qui pèse lourdement sur le budget départemental, et qui joue le rôle de « bouclier social » pour les plus démunis, il reste très peu pour les autres secteurs qui relèvent de la compétence obligatoire du Département de par la loi, à répartir tant en investissement qu’en fonctionnement. Il aurait été judicieux d’en donner les montants afin que les citoyens s’aperçoivent que les marges de manœuvres sont étroites, pour ne pas dire quasi-inexistantes, et que les invités sont susceptibles « d’enfoncer des portes ouvertes » voire de leur raconter n’importe quoi.
Poser ainsi le débat aurait eu le mérite de mettre « au pied du mur » les invités. Car il est évident que le débat est parti dans tous les sens, et pire, les déclarations « fokon-yaka » ont fleuri sans que pour certaines d’entre elles, l’animateur et l’animatrice ne remettent « les pendules à l’heure » légitimement car le cadre aurait été préalablement posé.
Inutile de rajouter que ce qui est significatif, c’est l’absence de parité caractérisée par une présence quasi-masculine des invités. Mais je souhaiterai préciser qu’au regard du contenu des déclarations des invités masculins, je ne suis pas certain que des invités femmes auraient fait mieux, quand on sait le peu d’intéressement des partis politiques à procéder à la formation de leurs cadres, a fortiori féminins.
Bon, je vais vous laisser car je m’apprête à aller à une réunion du syndicat mixte des transports de La Réunion (SMTR), qui se tiendra à la Plaine des Cafres.
A ce propos, le lieu a été choisi suite à une suggestion de ma part à ma collègue de la Région Fabienne Couapel-Sauret, dans l’objectif d’un équilibre en terme de trajet pour les représentants de nord et de l’ouest.
Comme quoi même les petites mesures peuvent être importantes, telle que fixer le cadre d’une réunion. A méditer par exemple pour les débats politiques à venir dans les medias.
C’est vrai que ce serait plus simple pour les téléspectateurs de connaître le budget total et les montants alloués à chaque secteur de compétence du Conseil général. Car je crois qu’à côté du secteur social, il y a aussi l’agriculture, les routes départementales, les transports en commune, les collèges… et peut-être d’autres que j’oublie. On fait souvent la confusion entre ce qui relève du conseil général, ce qui relève du conseil régional, de l’État, des communes. Ce serait bien, effectivement, que les journalistes rappellent ces cadres.