La sécurité dans les transports : l’affaire de tous

Fraternité Une réunion s’est tenue ce mardi 1er juillet au Palais de la Source, entre les représentants du groupement titulaire de l’actuelle délégation de service public du réseau Car jaune (SOTRADER, GIE ACTIV et TSR), des élus (la présidente Nassimah Dindar et moi-même) et des administratifs du Département.

Mais le plus important est que cette réunion s’est déroulée avec la participation active de conducteurs de cars, les premiers touchés par les agressions trop nombreuses dans les transports publics.

Pour vous donner l’information la plus fidèle, je vous ferai ici un compte rendu, avec quelques ajouts pour une meilleure compréhension, du déroulé de la réunion. Celle-ci me paraît constitutive d’une démarche qui doit trouver son prolongement dans un suivi permanent de la politique visant à instaurer un meilleur climat dans les réseaux de transport, à commencer par celui du Car jaune.

 

Dès le début de la réunion, Mr Carron, conducteur ayant subi une agression inqualifiable alors même qu’il conduisait, nous a confié combien il n’était pas facile de travailler aujourd’hui devant la montée de la délinquance.

 

Pour la Présidente Nassimah Dindar, l’insécurité cause un grand préjudice pour les conducteurs pour les familles et les entreprises, mais aussi pour la population.

Le problème de sécurité dans les transports est un problème de sécurité sur le territoire, le fait d’une population jeune désœuvrée. Le Conseil Général n’est pas responsable de la sécurité sur le territoire.

Il faut créer les conditions d’une atmosphère de sécurisation. Le CG a souhaité sécuriser les professionnels en attribuant une DSP de 10 ans, alors même que se profile la réforme territoriale qui va entraîner des transferts de compétences en matière de transports.

La nouvelle DSP, d’une durée de 10 ans, doit se mettre au plus vite en place.

Toutefois, dès maintenant, il faut prendre des mesures provisoires. Elle propose une réunion plus conviviale avec les membres des familles de conducteurs qui ont subi des agressions.

Cette réunion est très importante.

 

Pour un représentant des conducteurs, il existe une cause commune pour tous les 150 conducteurs qui ont la même problématique. Les réunions antérieures n’ont pas apporté grand chose. Il faut maintenant des solutions concrètes pour les chauffeurs, les matériels et les passagers. Il n’y a pas assez de reconnaissance de la profession, et surtout de leur fonction.

 

La Présidente du Conseil général estime qu’il faut poser les problèmes sans hypocrisie. La sécurité dépend de l’état. La sécurisation globale n’est plus la même qu’il y a 10 ou 20 ans. Les jeunes sont trop désœuvrés et au chômage. Ils sont dans un état de violence plus forte et plus mobilisatrice. Les élus demandent en permanence une présence des forces de l’ordre plus forte et plus constante. Mais quelle doit être la vision sécuritaire pour la mobilité de tous les réunionnais ?

Car se pose souvent la question du délai d’intervention des forces de l’ordre. C’est pourquoi a été revendiqué que la solution des emplois d’avenir s’applique au secteur marchand du service public de transport. Mais cela doit se faire en accord avec les forces de l’ordre.

En effet, le Conseil général ne peut pas amener la sécurité, et peut seulement mettre des leviers.

 

J’ai alors souligné que le problème de l’insécurité dans les transports publics est partagée sur le territoire national.

J’ai partagé l’information selon laquelle le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le secrétaire d’Etat chargé des transports, Frédéric Cuvillier, ont relancé, le 24 juin 2014, le Comité national de sécurité dans les transports.

Le gouvernement souhaite ainsi afficher sa volonté d’agir devant la recrudescence de la délinquance, et de renforcer la coopération avec les opérateurs et l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP).

Deux décisions ont d’ores et déjà été prises :

– le financement de postes de réservistes pour renforcer ses actions de sécurisation du réseau et des emprises. Il s’agira, notamment, d’effectifs issus de la gendarmerie nationale ;
– la modification du décret du 7 septembre 2007 pour permettre aux agents de la SNCF et de la RATP exerçant en civil, de porter certains moyens de défense comme des diffuseurs lacrymogènes, et de verbaliser les fraudeurs.

 

J’ai donc proposé d’interpeller, par le biais de nos parlementaires, les représentants nationaux pour que La Réunion puisse bénéficier de telles mesures. La situation spécifique de l’Île de France appelle de telles mesures. Pourquoi ne pas encourager, en milieu insulaire, la politique de déplacement durable avec des mesures identiques ?

Il faut donc réclamer une police des transports avec les mêmes moyens qu’en île de France. Et pas seulement sur le réseaux cars jaunes mais sur tous les réseaux, qui auraient alors l’obligation de se coordonner entre eux, et de mutualiser leurs moyens.

 

Nous devons exprimer toute notre considération aux acteurs du déplacement durable pour revaloriser le transport. Les emplois d’avenir peuvent contribuer à apaiser le climat d’insécurité. Le chauffeur est la juste pour conduire. Il faut un accompagnateur pour gérer la relation clientèle. Il faut travailler avec les réseaux de quartier.

Il faut réfléchir à un accompagnement qui va améliorer le climat l’ambiance dans les TC.

 

Dans l’attente, nous devons montrer la solidarité des élus de toutes les AOT (autorités organisatrices de transports) en créant un réseau d’agents d’accompagnement, de médiation et de protection, qui marqueraient de leur présence tout le territoire.

Une société publique locale (SPL) peut passer un contrat avec une agence de sécurité qui peut intervenir sur toute l’île, sur tous les réseaux.

Cela étant, tout cela a un coût. Il faut considérer aussi cet aspect, et traiter ce dossier en liaison avec l’Etat.

 

Pour la Présidente, la sécurisation des voyageurs dans les transports, est une cause prioritaire pour tous les interlocuteurs. Il faut déployer des moyens comme cela s’est fait pour la lutte contre les violences intra familiales.

A cet effet, l’Etat, par l’intermédiaire des forces de police et de gendarmerie, ont une parcelle importante de responsabilité.

De leur côté, le parquet et les magistrats doivent prononcer des peines plus sévères.

 

Dans l’attente de préciser la part des moyens du Département et de l’ensemble des AOT sur le moyen terme, et la mise en œuvre des actions selon un agenda précis, et rendu public, il faut apporter des réponses d’urgence.

 

Les conducteurs ont fait part de leur vif souhait d’avoir quelqu’un dans le bus sur les lignes du soir, et aux heures les plus sensibles pour les lignes à « risque ».

Tout en souscrivant à cette proposition, j’ai fait remarquer qu’un des motifs d’agression était le vol de la recette, et que dans un délai de 18 mois, le problème ne se posera plus car le paiement sans contact dans les bus est prévu dans la nouvelle DSP, et que la vente des tickets à bord ne se fera plus.

 

Les deux derniers événements ont été très violents et ont ciblés les chauffeurs directement. Les améliorations vont pas venir du jour au lendemain.

Mais il faut décider des priorités. Il faut dimensionner le réseau de sécurité en fonction de la réalité du terrain, et assurer la formation des accompagnateurs.

Il y a beaucoup de contrôles des chauffeurs, pas assez des autres agents. Le re positionnement des agents doit se faire aussi en fonction de compétences de chacun.

 

La demande de vigiles supplémentaires dans l’ouest et dans l’est sera apprécié sans délai. La ligne St Denis St pierre est la plus sensible le soir.

Pendant les vacances les problèmes se posent dès le début d’après midi, et pas que le soir, et pendant les braderies.

Il faut faire connaître le champ d’action et la qualification des personnes qui seront affectées à ces actions nouvelles de sécurité.

En attendant, les conducteurs s’interrogent sur ce que fait GPS ?

 

M. Varondin, pour TSR, s’engage sur la coordination. Il a émis la proposition d’une réunion de coordination par TSR de tous les personnels en vue d’une mutualisation des moyens et d’une réaffectation sur l’accompagnement dans certains services à déterminer

Pour Mr Kondoki, de l’entreprise setcor, représentant les conducteurs, il est dommage qu’il faille une menace de débrayage pour envisager de mettre un vigile dans les cars. Les entreprises ne savent pas qui assurent la sécurité. Qui a le droit de contrôler ?

Pour Mr Kondoki, il n’y a pas de réel partage des informations entre tous les partenaires.

 

J’ai alors souligné que dans la nouvelle DSP, il est prévu un Comité de suivi. Nous pouvons le faire vivre dès maintenant. Ce comité de suivi doit avoir en permanence les infos sur la sécurité ds les bus qui doivent être un havre de tranquillité.

Il faut des représentants des conducteurs dans le comité de suivi.

 

De plus, nous avons proposé un séminaire entre les futurs acteurs de la DSP et les élus de la collectivité avec les services. Nous sommes sur un même bateau qui nécessite une solidarité entre tous les acteurs.

 

Les conducteurs ne sont pas assez informés du cahier des charges de la DSP. Ni des nouveautés dans le réseau. Pour y pallier, pourquoi ne pas reprendre la proposition de la Présidente, et élargir l’invitation à l’ensemble des conducteurs et autres agents des entreprises de transports du réseau Car jaune pour partager l’information ?

Avant cela, on pourrait faire un fascicule réduit de la DSP pour une meilleure information des agents.

 

La cabine anti agression sur les nouveaux bus, suggérée par un des conducteurs, n’avait pas été proposée par le délégataire, pour une raison partagée par le Département, celle de renforcer la présence d’accompagnateur auprès du conducteur et non l’isolement de ce dernier des usagers pour la plupart soucieux de faire partie de la famille des voyageurs.

 

Le transport est une clé essentiel qui contribue à l’évolution économique et sociale.

La route est longue avant d’arriver à un réseau harmonieux sur toute l’Île. Mais si l’on veut mettre toutes les chances de notre côté pour y parvenir, j’ai suggéré la mise en place d’une plateforme internet sur la vie des transports. Celui-ci servirait d’aiguillon auprès des décideurs pour résoudre dans des délais raisonnables les problèmes innombrables que l’on rencontre dans les transports.

 

J’ai réaffirmé que nous sommes tous responsables. Il faut ainsi associer tous les partenaires, y compris ceux du privé, pour trouver des solutions. Car à quoi ça sert de mettre des cars neufs si on ne fait pas tout pour empêcher de les casser ?

 

Décision a été prise de faire constamment circuler l’information, ne serait-ce que pour faire vivre l’état d’esprit qui doit prévaloir, celui de la nécessaire solidarité entre tous ceux qui aiment le transport collectif, et dont certains parfois subissent injustement, dans leur intégrité physique et morale, des agressions inqualifiables et inexcusables qui doivent être sévèrement sanctionnées.

 

Ci-dessous un récapitulatif des actions proposées :

A court terme

– Renforcement immédiat de l’accompagnement sur les derniers services du soir (ligne St-Denis-St-Pierre dans les 2 sens) ;

– Renforcement de l’accompagnement sur Saint-Gilles pendant les vacances scolaires ;
– Accompagnement des forces de l’ordre ;

– Réunion tous les 15 jours animée par F. Varondin (TSR) de coordination de l‘intervention de tous les personnels qui interviennent sur le réseau Car Jaune afin de permettre une mutualisation des moyens humains ;

– Transmission de TSR à GIE ACTIV de la liste tous les personnels (agent de sécurité, contrôle fraude, médiation contrôle qualité, …) intervenant sur le réseau Car Jaune ;

– Organisation d’une réunion d’échanges avec des conducteurs et leur famille.

A moyen terme

– Sans attendre la nouvelle DSP, mettre en place un comité de suivi technique qui intègre des représentants des personnels en 1ère ligne pour recenser les difficultés, les attentes, besoins en matière d’accompagnement, élaborer l’organisation à mettre en œuvre… ;

– Travailler avec le parquet pour obtenir des sanctions exemplaires pour les agresseurs, ceux qui commettent des délits dans les TC ;

– Elaborer un fascicule sur la future DSP à destination des personnels ;

– Solidarité à rechercher avec les AOTU pour une mutualisation des moyens nécessaires à la sécurité (Comité consultatif du SMTR) ;

– Prise en charge de la sécurité par la future SPL.

A long terme

– Réduire voire supprimer la vente à bord (délai de 18 mois pour la mise en place de la future billettique sans contact) ;

– Mettre en place une polyvalence auprès des personnels intervenant sur le réseau Car Jaune.

 

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