Le Blog de Pierre VERGÈS

   Lu sur Mediapart  un article de Vincent Defait, dont voici des extraits.

En 2007, les affiches du parti populiste UDC montrant un mouton blanc botter hors de Suisse un mouton noir faisaient scandale.

Trois ans plus tard, elles font leur réapparition, sans provoquer d’émoi, à l’occasion d’une «votation populaire».

Les Suisses se prononcent, dimanche, sur l’expulsion des «criminels étrangers», un an après avoir voté l’interdiction des minarets.

Christoph Blocher, riche industriel et ancien ministre de la justice et de la police et talentueux chef de file de la droite xénophobe, explique à un public conquis toutes les bonnes raisons du monde d’expulser les «criminels étrangers» : ils remplissent les prisons suisses, rendent les rues infréquentables, alors qu’ils rentrent chez eux ! Le discours est efficace.

Les Suisses y sont sensibles, à en croire les sondages depuis le début de la campagne.

Réponse dans les urnes ce dimanche 28 novembre: les Suisses sont appelés, dans le cadre d’une «votation populaire», à se prononcer sur le «renvoi des criminels étrangers», autrement dit sur la double peine.

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En attendant, la fraude fiscale, sport national, est oubliée !

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Le projet avait fait des vagues à son lancement, en 2007.

À l’époque en pleine crise interne, l’UDC, devenu premier parti de Suisse, était allé repêcher ses électeurs à l’aide d’une campagne choc.

Quelque 200.000 signatures, le double requis pour l’organisation d’une «votation populaire», avaient été collectées à grand renfort d’affiches sur lesquelles un mouton blanc botte hors de Suisse un mouton noir.

Dans un pays où 20% de la population possède un passeport étranger – résultat d’une sévère politique de naturalisation –, l’image avait choqué.

Trois ans plus tard, ces affiches ne provoquent plus aucun débat.

Elles illustrent même de nouveau la campagne de l’UDC, flanquées d’une nouvelle version.

Barrant un visage identifiable comme étant celui d’un homme originaire d’Europe de l’Est, l’affiche interroge : «Ivan S., violeur et bientôt suisse ?».

L’idée se décline aussi avec «Maurice C., violeur d’enfant», «Faruk C. assassin» et «Ismir K. abuseur social».

Le projet de l’UDC prévoit que sera expulsé pour une durée de cinq à vingt ans tout étranger reconnu coupable de «meurtre, viol, ou tout autre délit sexuel grave», d’«un acte de violence d’une autre nature tel que le brigandage, la traite d’êtres humains, le trafic de drogue ou l’effraction».

Même traitement en cas «de perception abusive de l’aide sociale».

Au passage, la fraude fiscale, sport national, est oubliée !

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Moins de 1% de la population est concerné

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«Vous savez ce que feront les juges de gauche ? Ils donneront onze mois de prison et diront “Tu peux rester mon gars”», raille Christoph Blocher dans l’hôtel de Fribourg.

Le Zurichois le répète à l’envi : «Nous ne sommes pas assez durs. Regardez ce que fait Sarkozy avec les Roms ! Et ils ne sont même pas criminels !»

La Suisse n’a-t-elle pas d’autres priorités en pleine crise économique que d’écrire une loi xénophobe concernant moins de 1% de sa population ?

Sourire de Blocher et réponse d’un de ses proches : «Jusqu’à présent, en Suisse, c’est le peuple qui décide des priorités.»

Ce délire identitaire, Laurent Flutsch l’observe aussi, de son bureau de directeur du musée d’archéologie de Lausanne ou de la rédaction de l’hebdomadaire satirique Vigousse, sorte de Charlie Hebdo romand auquel il collabore.

«Cette initiative sur les “criminels étrangers” sera de toute façon inapplicable dans le droit international, mais elle fera du bruit et l’UDC sera à l’avant-scène », résume l’historien.

Avant d’ironiser : «Les Américains ont leur Tea party, nous les Suisses avons notre Rösti party», en référence au plat de pommes de terre helvétique. Un plat indigeste.