Après la crise monétaire et financière, va-t-on vers une crise alimentaire mondiale ?

 

L’année 2010 a connu un nombre considérable de phénomènes climatiques extrêmes : les sécheresses et les inondations ont ainsi réduit de façon significative l’offre de céréales.

 

Ce qui provoque chez les pays producteurs une tendance à la limitation des exportations, puisque les gouvernements veulent avant tout assurer la sécurité alimentaire de leurs populations.

 

En France, par exemple, il y a deux semaines, Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, a laissé entendre que la France pourrait prochainement mettre en œuvre des mesures de limitation des exportations de blé.

 


« Si jamais la crise devait se poursuivre, il faudrait prendre des dispositions pour limiter les exportations et garantir le niveau des stocks », a-t-il déclaré.


Le lendemain de l’intervention du ministre, l’office des filières agricoles «FranceAgriMer » relevait sa prévision des exportations de blé tendre français sur le marché mondial pour la campagne 2010/2011, au niveau record de 11,8 millions de tonnes.

 

« Il n’y a pas de problème de stock à zéro. Il y a encore des marchandises à vendre en France » signifiait l’un de ses responsables.

 

Certes, mais les Russes ont baissé à 60 ou 65 millions de tonnes leur prévision de récolte de céréales pour 2010, contre 95 millions de tonnes initialement prévues. Près de 38% de baisse de la production.

 

Puis ils ont annoncé un embargo sur les exportations de céréales jusqu’à la récolte 2011.

 

Seul espoir : la volonté du gouvernement russe d’augmenter les surfaces de production pour arriver rapidement à un niveau identique à celui connu avant la sécheresse.


VERS UNE FLAMBÉE DES PRIX


Il y a d’une part, la question de la disponibilité ou non de ces céréales sur le marché, et de l’autre, la question de leur coût d’achat.

 

En juillet dernier, suite à la sécheresse russe, non seulement il y a avait eu une limitation sur des exportations et une tension sur le marché, mais aussi un doublement des prix du blé en l’espace de 3 semaines.

 

Le prix de la tonne de blé tourne autour de 220 euros aujourd’hui, il était de 100 euros début juillet 2009, et certains estiment qu’il pourrait être de 300 euros dans les mois qui viennent.

 

Vraisemblable, quand on sait que les cours du blé européen ont touché de nouveaux plus hauts depuis le printemps 2008 : 261 euros la tonne.


MENACE SUR LE SECTEUR AGRICOLE


Troisième volet de cette crise, après les risques de pénurie et de flambée du prix du produit, c’est la mise en danger de tout le secteur agricole.

Les céréales sont également utilisées pour l’alimentation animale.

 

Une hausse de la matière première contribuerait à renchérir le produit final.

Les consommateurs, in fine, paieraient la note.

 

Mais un prix trop élevé de la viande en limiterait la consommation, notamment par les ménages les plus défavorisés, et ce serait les agriculteurs qui alors souffriraient d’une mévente.


CONSOMMATION SUPÉRIEURE À LA PRODUCTION


De son côté, ACF (Action contre la faim) estime que la consommation de céréales en 2010-2011 va dépasser pour la première fois depuis 3 ans la production, avec des prix alimentaires supérieurs (selon la FAO) aux prix records de 2008, avec pour conséquence,  des émeutes de la faim

 

Pour sa part, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) a publié un indice reflétant les variations de prix d’un ensemble de produits incluant céréales, oléagineux, produits laitiers, viande et sucre.

 

Il se situe à 214,7 points en décembre contre 206 le mois précédent, ce qui le place au dessus du record de juin 2008 à 213,5 points.


SPÉCULATION


La hausse des prix est notamment imputable à la spéculation, qui a fait grimper les cours.

Si aujourd’hui le niveau des stocks est pour l’heure convenable, l’avenir est très incertain.

 

Et la production du premier semestre 2011 sera décisive pour l’évolution future des prix » explique l’ONG Action contre la Faim.

Ces incertitudes participent à ce que l’on appelle « la volatilité de prix », une volatilité accrue, qui s’installe dans le temps.

 

Cela va concerner tous les pays, et bien évidemment, des prix élevés vont peser plus lourdement dans la balance commerciale des pays pauvres.

Ce qui provoquera un renchérissement du coût de la vie dans ces pays déjà fragiles.

 

En Afrique de l’Ouest par exemple, où les récoltes ont eu lieu entre septembre et novembre, la période critique pourrait se situer en juin / juillet, pendant la période de « soudure », où les stocks peuvent venir à manquer avant la récolte suivante, obligeant les habitants à se procurer sur les marchés les denrées dont ils ont besoin.


UN DANGER RÉEL


Il y a donc danger.

Certaines voix s’élèvent : Bruno Le Maire veut « un encadrement et une limitation de la spéculation sur les matières premières agricoles ».

 

Un vœu pieu puisqu’il n’a donné aucune indication de la manière dont il comptait arriver à atteindre cet objectif.

D’autres voix préconisent « une meilleure coordination entre les Etats ».

 

La France, à la tête du G8 et du G20 pourrait éventuellement jouer un rôle.

C’est l’un des thèmes abordés par Sarkozy.

 

Mais cela n’est pas pour autant synonyme d’engagement et encore moins de réussite.

                                                                           

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6 Commentaires sur

Après la crise monétaire et financière, va-t-on vers une crise alimentaire mondiale ?

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    une crise alimentaire est tout à fait probable, à cause de la sécherese ou des inondations
    quant aux ententes illicites, aux phénomènres spéculatifs, est-ce que Sarkozy, à la tête de l’Etat ou à la présidence du G20, peut (ou veut VRAIMENT) faire quelque chose?
    pas sûr du tout

  • ùXBäNo Gravatar |

    il faut tout de même reconnaitre à sarko le mérite d’avoir abordé ces questions , par exemple
    au forum de davos…demander de freiner la spéculation sur les matières premières en obligeant les opérateurs de marché à  » payer  » leurs achats et non plus de les vendre AVANT de les avoir payés , me semble aller dans le bon sens..cela sera-t-il suivi d’effets ? ce n’est pas sûr évidemment , mais on peut tout de même espérer car , sur ce sujet , les intérêts occidentaux mais aussi chinois et indiens convergent car tout le monde est touché par ce problème de flambée des prix des matières premières alimentaires de base.

  • ArsinoéNo Gravatar |

    le spectre des émeutes de la faim est bien présent; les informations qui arrivent sont souvent contradictoires: et pour cause ! justement pour permettre la spéculation, certains utilisent la presse pour des tentatives de désinformation.
    a nous d’être vigilants.
    mais sur la question de la capacité de Sarkozy, à la tête du G8 et du G20 de proposer des solutions pour éviter justement cette spéculation… là, on ne peut qu’être extrêmement réservés. sa politique intérieure montre bien qu’il obéit aveuglément aux intérêts du grand capital et de la finance… pourquoi en serait-il autrement au G8 et G20?
    ce ne sera pas la faute aux autres, plus ou moins identifiés aujourd’hui, si ces directives n’aboutissent pas: ce sera seulement ( !!! ) par manque de volonté politique de celui qui préside ces groupes

  • ArsinoéNo Gravatar |

    la crise alimentaire est possible, certes, des informations contradictoires circulent quant à l’état des stocks mondiaux. c’est le début des manoeuvres de désinformation et de préparation à justement cette spéculation.
    Sarkozy a bien montré, dans sa politique « ‘intérieure », qu’il était plus sensible aux chants de la haute finance et du grand capital qu’aux préoccupations des citoyens. pourquoi changerait-il d’idéologie? ne rêvons pas, il n’aura jamais la volonté politique d’aller jusqu’au bout
    et ce sera alors facile, pour lui, de dire: « j’ai voulu, mais ce sont les autres qui ont refusé »… des autres qui, par ailleurs, commencent à être connus

  • ArsinoéNo Gravatar |

    la crise alimentaire est possible, certes, des informations contradictoires circulent quant à l’état des stocks mondiaux. c’est le début des manœuvres de désinformation et de préparation à justement cette spéculation.
    Sarkozy a bien montré, dans sa politique « ‘intérieure », qu’il était plus sensible aux chants de la haute finance et du grand capital qu’aux préoccupations des citoyens. pourquoi changerait-il d’idéologie? ne rêvons pas, il n’aura jamais la volonté politique d’aller jusqu’au bout
    et ce sera alors facile, pour lui, de dire: « j’ai voulu, mais ce sont les autres qui ont refusé »… des autres qui, par ailleurs, commencent à être connus

  • Joseph HoarauNo Gravatar |

    Une réponse : « La Voie Pour l’avenir de l’ humanité » d’Edgar Morin

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