Un monde à 7 milliards d’humains : très bien !

 

Sous le titre ci-dessus, Etienne Dubuis dans le journal Le Temps nous fait partager sa réflexion sur la question démographique. Passionnant !


DE 1 MILLIARD À 7 MILLIARDS D’HABITANTS EN 2 SIÈCLES


« La population mondiale continue sur sa formidable lancée.

 

Après avoir mis des centaines de milliers d’années pour parvenir à un milliard, elle a explosé ces deux derniers siècles au point qu’elle atteindra sept milliards courant 2011.

 

Baisse du taux de fécondité.

Si une baisse spectaculaire du taux de fécondité à l’échelle mondiale a commencé à ralentir sa croissance, l’humanité est condamnée à gonfler encore : jusqu’à neuf milliards environ aux alentours de 2050.

 

Baisse du taux de mortalité.

Cet essor spectaculaire est un développement positif dans la mesure où il traduit une chute importante du taux de mortalité.

 

Un homme né en 2011 possède une espérance de vie deux fois et demie plus longue que ses ancêtres de la fin de l’Ancien Régime.

Et de cela on ne peut que se réjouir.

 

Le seul problème est celui des moyens.

La Terre a-t-elle des ressources suffisantes pour offrir une vie décente aux foules actuelles et futures ?


QUELLE MODE D’ALIMENTATION POUR LA POPULATION MONDIALE ?


À cette question, une ribambelle de penseurs ont répondu depuis deux siècles par la négative.

 

De Thomas Malthus au XVIIIe siècle à Paul Ehrlich il y a cinquante ans, ces prophètes de malheur se sont heureusement trompés les uns après les autres en pronostiquant trop rapidement disettes et famines.

Mais s’ils ont péché par pessimisme, sans doute ont-ils eu raison de souligner la finitude des ressources de la planète.

 

Le tout est de savoir quelles sont précisément ses limites.

La population mondiale actuelle occupe très peu de place.

 

Le magazine américain National Geographic affirme que sept milliards de personnes placées épaule contre épaule tiendraient dans le périmètre de la ville de Los Angeles (1290 km2).


En revanche, l’humanité a besoin de beaucoup d’espace pour assurer son existence.

Elle en aura sans doute assez pour nourrir neuf milliards d’êtres humains au milieu du siècle.

 

Mais elle risque d’en manquer, au cas par cas, pour d’autres ressources comme certains minéraux rares.

Si des pénuries surviennent, l’humanité devra s’y adapter en développant ses capacités techniques ou en modifiant son mode de vie.

 

Une solution souvent préconisée serait évidemment qu’elle diminue de taille.

Mais il est vain de compter sur une telle évolution à court ou même à moyen terme.

 

La démographie est lente.

Et la population mondiale ne repassera pas avant très longtemps au-dessous des milliards qu’elle aura atteints.


UNE CROISSANCE SANS PRÉCÉDENT DANS L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ

 

La population mondiale sera passée de 6 à 7 milliards en douze ans.

Mais sa croissance ralentit.

 

Sept milliards… À en croire les démographes, l’humanité passera dans le courant de l’année le cap des sept milliards de personnes.

 

Pour donner la mesure de ce chiffre, la revue National Geographic affirme sur son site Internet qu’il faut 200 ans pour compter à haute voix jusqu’à sept milliards. Autant dire qu’une vie d’homme, et même deux, n’y suffirait pas.

 

L’événement est d’autant plus marquant que l’humanité a passé de six à sept milliards en un temps record.

 

Alors que notre espèce, l’Homo sapiens, a attendu de 100 000 à 200 000 ans pour gagner (autour de 1800) son premier milliard, il ne lui a fallu que douze ans pour obtenir ce septième milliard-là.


Autre indice de cette folle accélération: entre le dernier âge glaciaire et la Renaissance, la population mondiale aurait doublé en moyenne tous les seize à dix-sept siècles.

 

Or, elle est passée de 2,3 à 7 milliards de 1941 à 2011.

 

Ce qui signifie que – expérience unique dans l’histoire humaine – un homme âgé aujourd’hui de 70 ans a connu… le triplement de la population mondiale.

 

L’essentiel est ailleurs pourtant.

Il réside dans la confirmation d’une décélération de la croissance démographique humaine.

 

«Ce septième milliard a été gagné, comme le sixième, en douze ans, explique Gilles Pison, directeur de recherche à l’INED.

Les années 1999 à 2011 ont connu par conséquent une augmentation d’un sixième «seulement» de la population mondiale contre une augmentation d’un cinquième pour les années 1987 à 1999.»


LA THÉORIE DE LA « TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE »


L’explosion actuelle de la population mondiale comme la stabilisation qui se dessine sur le long terme corroborent la théorie dite de la «transition démographique» émise en 1929 par l’Américain Warren Thompson.

 

D’abord boudée parce que trop étrangère à l’air du temps, cette thèse a été adoptée par l’Organisation des Nations unies aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale avant d’être confirmée année après année sur le terrain.

 

Selon Warren Thompson, la modernité bouleverse l’équation démographique.

 

Enrichissement, progrès techniques et évolution des mœurs entraînent le passage d’un état de mortalité et de natalité élevées à un état de mortalité et de natalité basses.  

 

Ce mouvement n’est pas uniforme cependant : le taux de mortalité fléchit avant le taux de fécondité, d’où une explosion de la population au cours d’une période transitoire.


TRANSITION ACHEVÉE DANS LES PAYS INDUSTRIALISÉS

 

La transition démographique est pratiquement achevée aujourd’hui dans les pays industrialisés.

 

L’espérance de vie y a augmenté de 35 ans au début du XIXe siècle à 77 ans aujourd’hui.

 

Et le taux de fécondité est passé de 5 ou 6 enfants à moins de 2,1 enfants par femme, ce qui représente le nombre nécessaire au renouvellement naturel (sans immigration) d’une population.


Si le schéma général est partout semblable, son déroulement diffère dans les détails.

 

Ainsi, rappelle Gilles Pison :

 

– la France a vu son taux de fécondité baisser en même temps que son taux de mortalité, ce qui a eu pour effet une faible augmentation de sa population au cours du XIXe siècle.

 

– la Grande-Bretagne a connu en revanche une baisse plus tardive du taux de fécondité, d’où un excédent important des naissances sur les décès pendant tout le XIXe siècle et une hausse spectaculaire de sa population depuis le début de la révolution industrielle.

Alors qu’elle comptait trois fois moins d’habitants que la France en 1800, elle en possède autant désormais.


UN RYTHME DE TRANSITION PLUS RAPIDE DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT


Les pays en développement connaissent actuellement la même transition démographique que les pays industrialisés mais sur un rythme beaucoup plus rapide.

 

Ayant bénéficié d’un seul coup des progrès médicaux réalisés durant une longue période par le monde développé, ils ont vu leur taux de mortalité chuter à une vitesse sans précédent.

 

En un peu plus d’un demi-siècle, l’espérance de vie est passée de 38 à 64 ans en Inde et de 41 à 73 ans en Chine.

De manière plus surprenante, le taux de fécondité des pays en développement se retrouve également en baisse rapide.

 

Les obstacles culturels censés retarder durablement le mouvement ont beaucoup moins bien résisté que prévu aux politiques de dénatalité et aux aspirations nouvelles des individus (désir des femmes de ne plus se limiter au rôle de mère, souhait des couples de donner une instruction solide à chacun de leurs enfants, etc.).


Résultat: si le taux de fécondité reste très élevé en Afrique subsaharienne, dans certains pays du Moyen-Orient et dans le nord du sous-continent Indien, il s’est réduit de manière drastique en Extrême-Orient, en Afrique du Nord et en Amérique latine.

 

Parmi les exemples les plus remarquables figurent la Chine, où les femmes ont quatre fois moins d’enfants qu’en 1965, et l’Iran, où elles en ont trois fois moins qu’au début des années 1980.

 

La décélération de la croissance mondiale possède des bases trop solides pour ne pas se poursuivre.

 

Les démographes prévoient ainsi que la population mondiale gagnera

son huitième milliard en treize ans (comme le cinquième) et

son neuvième milliard en plus de vingt ans, avant de se stabiliser d’ici au milieu du siècle.


Après, différents scénarios redeviennent possibles mais l’explosion démographique qu’aura connue l’humanité de 1800 à 2100 devrait rester à jamais unique: la population mondiale aura de la peine à décupler une deuxième fois…

 

En lien :

www.ined.fr (aller sur «Tout savoir sur la population»).
www.nationalgeographic.com (aller sur vidéo).
– «Atlas mondial de la population» de Gilles Pison, Ed. Autrement.
– «National Geographic», janvier 2011

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               

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2 Commentaires sur

Un monde à 7 milliards d’humains : très bien !

  • ChloéNo Gravatar |

    Les enfants nés actuellement dans le Monde peuvent espérer vivre en moyenne 65 ans, ce qui représente une amélioration de 9 ans par rapport à la fin des années 1960. Mais la disparité est grande et représentative de la fracture Nord-Sud : si dans les pays développés la longévité moyenne peut atteindre 76 ans, elle ne dépasse pas 52 ans sur le continent Africain (guerres, épidémies dont le sida). C’est en Asie que l’espérance de vie a le plus augmentée, passant de 54 (1960) à 69 ans (2007). L’espérance de vie des femmes est partout supérieure, voire nettement supérieure à celle des hommes (84 ans pour les unes et 77 pour les autres en France en 2006).

  • ArsinoéNo Gravatar |

    pour complément d’information: un article intéressant à lire à cette adresse

    http://www.cirad.fr/actualites/toutes-les-actualites/communiques-de-presse/2010/nourrir-le-monde-en-2050

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