À voir : « on ne parle pas assez de l’outre-mer »

 

L’entretien ci-dessous a été publié le mardi 26 avril 2011 sur le site de « Paris Normandie ». France 5 se met à l’heure des Outre-mer avec une série documentaire en trois épisodes réalisée par la Guadeloupéenne Christiane Succab-Goldman.


Est-ce important que le service public, durant cette année dédiée aux Outre-mer, parle de l’histoire parfois oubliée de ces départements et territoires ?

 

En fait, ce projet n’a rien à voir avec cette manifestation. Nous avons commencé ces documentaires en novembre 2007.

On n’y parle pas de la flore et la faune de ces pays merveilleux.

D’ailleurs, ce terme « les Outre-mer », je ne l’aime pas beaucoup. Entre nous, nous ne nous connaissons pas.

Avec ces épisodes, c’était l’occasion de donner une idée d’ensemble de la complexité de l’histoire de ces pays, souvent inconnue, qui est liée à l’histoire de France.

 

Pourquoi cette histoire est-elle tellement méconnue ?

 

On n’en parle pas tout simplement. Par exemple, je suis sûre que peu de personnes savent où est situé Wallis et Futuna. On ne sait pas non plus que le dernier roi de France est le roi de Wallis.

On nous a tous appris que nos ancêtres étaient les Gaulois et moi, je voulais expliquer l’importance de l’esclavage.

Le colonialisme par exemple a été différent aux Antilles et en Océanie où il n’y a pas eu d’esclavage. Il y a aussi une différence entre la Martinique, la Guyane et la Guadeloupe.

 

En Outre-mer, il y a toujours plusieurs mouvements indépendantistes. Ce passé colonial a-t-il du mal à être digéré ?

 

Ce n’est pas si simple que ça. Ces mouvements sociaux, ces grèves, pour les comprendre, il faut en connaître l’origine.

L’idée, avec ces films, c’était de rendre clair quatre siècles d’histoire complexe. Dans les années 60, oui, il y avait une grande revendication identitaire.

Aujourd’hui, on a un peu dépassé ça. On veut avancer tous ensemble.

 

Raconter cette histoire-là vous tenait à cœur ?

 

Parfaitement. Je suis Guadeloupéenne et c’était un plaisir de me plonger là-dedans.

Ces trois films développent trois moments importants. Les périodes coloniale et post coloniale et la mondialisation, dans laquelle chacun doit trouver sa place.

On n’occulte aucune question.

On parle de l’abolition de l’esclavage, du lien avec la Révolution française.

Tout ça a un sens politique et historique.

J’ai essayé être pédagogique, pas dans une attitude culpabilisante.

 

Les différents présidents de la Ve République ont chacun eu un intérêt différent pour l’Outre-Mer. Vous parlez notamment du Général de Gaulle…

 

De Gaulle ne voulait pas lâcher l’Outre-mer et a repris en main le gouvernail dans la Ve République.

Il n’était pas question pour lui que l’Outre-mer se détache de la France après l’Afrique et l’Indochine.

 

Nicolas Sarkozy a-t-il, selon vous, un intérêt tout aussi fort pour les Outre-mer ?

 

On ne peut analyser les choses de cette façon.

Les choses ont changé et les hommes sont différents.

Le Général de Gaulle avait une grande idée de la France et la France, c’était aussi l’Outre-mer.

L’Outre-mer devait être la vitrine de cette France-là.

Aujourd’hui, c’est différent.

Mais l’hexagone, dans ses seules dimensions géographique, n’est rien.

Ces zones d’Outre-mer ont toujours une dimension stratégique. Ça permet à la France d’avoir une assise dans le monde.

 

Propos recueillis par Romain Schué

(Agence de presse GHM)

Une histoire de l’Outre-mer, trois épisodes sur France 5. L’héritage colonial ;  Les turbulences de la décolonisation ; L’ère de la mondialisation.

 

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