Le Blog de Pierre VERGÈS

   Christian Estrosi, maire de Nice vient de déposer une proposition de loi (N° 3882) visant à « accélérer le renouvellement de la classe politique 
en limitant le nombre de mandats consécutifs ».

Dans l’exposé des motifs, le maire de Nice se lance dans l’histoire, puisqu’il remonte à « la monarchie de Juillet au XIXe siècle » !

Mettant en avant des sondages sur la perception qu’ont les Français de la vie politique, il annonce que « Plus de 50% n’ont pas confiance dans leur maire, plus de 55% dans les conseillers généraux et régionaux, plus de 60% dans les députés et plus de 65% dans les députés européen ».

Sus au cumul

Autrement dit, selon les résultats de ce sondage, appliqués à La Réunion,  50% des Tamponnais n’ont pas fait  confiance au maire Didier Robert… 55% des Réunionnais ne font pas confiance au Président du Conseil régional Didier Robert… 60% n’ont pas fait confiance au député Didier Robert.

Ça fait peu de satisfaits, tout cela !

Ce même Estrosi poursuit : 

« Cette crise de confiance s’explique en partie par l’image que les Français se font des femmes et hommes politiques : des élus qui cumulent et pensent davantage à leur réélection qu’à leur action ».

Vous avez bien lu ! « Cumul » ? Non, cela ne peut pas s’appliquer à Didier Robert.

Il n’est que député (en mission… encore), Président de région, PDG de la SPLA Maraïna, Président de la CA Sud, conseiller municipal du Tampon. Notamment.

Et Christian Estrosi puise ses informations dans d’autres média :

« C’est ainsi qu’en 2008, d’après le New York Times, 85% des parlementaires français exercent un second mandat électif, contre bien moins de 20% en Allemagne, en Italie ou au Royaume-Uni » 

Heureusement qu’il y a les Américains pour nous dire ce qu’il se passe en France ou en Europe !

Estrosi reconnaît que « le cumul entre plusieurs mandats est certes fréquent mais il est surtout indispensable » car « Le cumul permet, avant tout, un meilleur ancrage des parlementaires sur le terrain, une meilleure connaissance des problèmes locaux, et une plus grande proximité avec les citoyens ».

Ah voilà, tout s’explique. Il faut avoir les pieds sur le terrain pour avoir la tête dans les dossiers.

Une proposition « moto didactique »

Sont mentionnées après plusieurs données, concernant l’âge des élus, mais curieusement aucun chiffre sur la proportion de femmes ayant un mandat.

Et puis Estrosi annonce : 

«  Il est impératif de renouveler la classe politique de manière plus rapide, afin de la rendre plus représentative de la population française ».

D’où sa proposition « motodidactique » :

« Afin de garantir ce nouveau souffle démocratique et de permettre aux nouvelles générations dans toutes leurs diversités de s’engager dans la vie politique de notre pays, de nos collectivités sans craindre une rupture entre le local et national, je vous propose de limiter à deux, le nombre de mandats consécutifs pour les mandats nationaux.

Une autre proposition de loi limitera à deux le nombre de mandats consécutifs pour les exécutifs locaux.

Ce dispositif ne s’appliquerait qu’à compter des prochains renouvellements ».

Prochain renouvellement de l’Assemblée nationale : juin 2012.

Donc, René-Paul Victoria ne pourrait être à nouveau candidat en juin prochain. En voilà une bonne nouvelle !

Si la proposition de loi passait, exit aussi Jean-Claude Fruteau, ou encore Huguette Bello.

Et dans la foulée, avec son autre proposition de loi, Estrosi coupera l’herbe sous les pieds de Michel Fontaine (déjà deux mandats), de Jean-Claude Lacouture, de Jean-Louis Lagourgue, de Stéphane Fouassin… bon, on ne va pas faire la liste de ceux qui tomberaient sous le coup de cette loi.

Il serait plus rapide de ne parler que de ceux qui seraient autorisés à rester… et si on réduisait à un le mandat présidentiel, histoire d’être certain de ne plus en « rebouffer » du Sarkozy…