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2012
Sarkozy l’a dit, Sarkozy ne l’a pas fait (7ème épisode) – Dettes, mensonges, bouclier fiscal et ISF
Catégorie : ÉCONOMIE, ÉLECTIONS, POLITIQUE FRANÇAISE, Présidentielles 2012
Quel bilan peut-on retirer du mandat Sarkozy ?
Petit tour d’horizon des déclarations du candidat Sarkozy (certains sites sont d’ailleurs devenus muets sur ce point… et pour cause, ce sont des promesses non tenues.) au regard des actions menées, tout au long de ces cinq ans …
Bon, un p’tit coup de Sarkozy en tournée générale :
« Pour redonner confiance aux investisseurs, (…) il faut d’abord réconcilier la France avec la réussite.
Or, au-delà de notre culture collective, nous savons que l’une des difficultés concrètes est fiscale.
C’est pour cela que j’ai toujours défendu l’idée d’un bouclier fiscal qui limite à un pourcentage donné les prélèvements qui peuvent s’accumuler, une année donnée, sur le revenu d’un même contribuable.
Je crois à un bouclier fiscal à 50 % intégrant la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS).
Autrement dit, nul ne paiera au fisc plus que la moitié de ce qu’il a gagné.»
Le 5 mai 2009, à Nîmes (Gard), Sarkozy clamait :
«On ne peut pas vouloir faire l’Europe et refuser le bouclier fiscal que l’Allemagne a inscrit dans sa Constitution.»
En juillet 2010, sur un plateau de télévision, il campe sur ses positions :
« Le bouclier fiscal, ce n’est pas une idée que j’ai eu comme ça un matin en me levant.
Notre principal concurrent, client et voisin c’est l’Allemagne.
Moi j’admire le modèle économique allemand.
Le bouclier existe depuis plus de vingt ans en Allemagne.
Je vais donc faire la même chose en France».
Mais la vérité éclate : il n’y a pas de bouclier fiscal en Allemagne !
Alors, petit tour de passe-passe et hop, et voilà que naît une nouvelle idée : la convergence ou harmonisation fiscale franco-allemande.
Ce qui justifiera la suppression du bouclier fiscal et nécessite une réforme de la fiscalité française.
C’est le ministre Baroin qui s’y colle. Il propose, en mars 2011, aux parlementaires « un texte cumulant justice sociale et justice fiscale ».
Quel bel objectif !
Problème : les chiffres sur lesquels s’appuie le gouvernement sont faux.
Et surtout, il s’agit d’une manipulation intellectuelle énorme : le gouvernement va alléger la fiscalité sur les ménages les plus riches alors que depuis trente ans,
1°- ceux-ci ont bénéficié d’une envolée de leurs revenus et
2°- dans le même temps d’une baisse de leur fiscalité !
L’allègement de l’ISF va, en outre, provoquer une baisse des recettes de près de 2 milliards d’euros.
Or, la disparition du bouclier fiscal ne sera effective qu’après le 1er janvier 2012.
En, revanche, près de 750 millions d’euros devraient encore partir dans les poches des plus riches en 2012 (date à laquelle le bouclier sera définitivement supprimé) et, par rétroactivité, en 2013.
La réforme, affublée du costume de justice sociale et fiscale va encore favoriser les plus riches. Comme Liliane Bettencourt qui devra payer 10 millions d’impôts au lieu de 40 !
Autre point : les rapports entre bouclier fiscal et évasion fiscale.
Il faut préciser que, selon des rapports d’experts (notamment celui du conseil des prélèvements obligatoires), le coût du bouclier fiscal est complètement disproportionné par rapport aux pertes estimées de l’évasion fiscale.
Le bouclier fiscal est une politique clientéliste visant à aider (et courtiser) les ménages les plus aisés.
Pour ce qui est de la justice…
Mais comme l’a souvent répété Nicolas Sarkozy: «Ce qui est important, c’est de dire la vérité aux Français».
Sarkozy nous a menti à l’insu de son plein gré?