Jean-Luc Mélenchon : menace ou espoir pour François Hollande… et la gauche ?

 

   Crédité, en janvier dernier, de 6,5% des intentions de vote par la plupart des instituts de sondage, Jean-Luc Mélenchon est parvenu à doubler son score en trois mois.

Et après des meetings qui ont frappé les esprits : La Bastille à Paris, La Place du Capitole à Toulouse, Le Prado à Marseille, pour ne citer que ceux-là.

 

Mélenchon, dimanche, a annoncé :

« Les lignes vont bouger de manière inouïe lors de la dernière semaine de campagne.

Cette semaine va compter autant qu’un mois.

On ne va pas relâcher l’effort une seule seconde.

Dans la semaine d’importants mouvements de décisions vont se prendre dans l’esprit des gens, parce que la droite est en train de dévisser et donc il va y avoir une réorganisation dans les consciences de ce qui est nécessaire.

Je m’attends à des événements qui seront des petits déclencheurs».

 

   De son coté, le candidat du Parti socialiste François Hollande mobilise également : 100.000 personnes à Paris dimanche.

D’où cette déclaration de François Hollande :

« Vous m’avez demandé de vous rassembler, c’est fait, de réaliser l’alternance, ça vient, et de réussir le changement, c’est demain.

Je ne me suis pas détourné de cet objectif, j’ai tenu mon cap, imposé ma cohérence, démontré ma constance ».

 

Hollande avait accordé de longues interviews vendredi dernier à divers journaux, français comme étrangers, dans lesquelles il se montre nettement moins offensif à l’égard de Jean-Luc Mélenchon.

Et François Hollande de déclarer :

« Jean-Luc Mélenchon n’est pas mon adversaire, ni même mon
 concurrent ».

 

Une petite phrase que l’on n’aurait pas pensé entendre il y a seulement quelques mois.

Citons un seul exemple : Mélenchon avait proposé au PS un accord. C’était en janvier.

 

Cet accord portait sur 90 circonscriptions législatives dites « à risques ».

Le PS n’a pas répondu, s’étant déjà « engagé » avec les Verts.

 

Mais depuis début avril, les choses bougent puisque l’un des porte-paroles du PS s’est dit, aujourd’hui, ouvert à toute discussion avec les forces de gauche « tous nos partenaires ».

Mais après les présidentielles.

 

L’effet Mélenchon ? Stratégiquement, il n’y a aucun doute là-dessus.

Mais sur le fond, sur ce qui est politique ?

 

Le PS persiste à dire qu’il n’y aura pas de ministre « Front de gauche » au gouvernement.

Une option partagée par Mélenchon :

« Personne n’ira au gouvernement mis à part des renégats ».

 

Et pour cause.

Les deux programmes, Front de Gauche et PS, bien que convergents sur certains points, sont fondamentalement différents.

 

Côté convergence, la prise en compte de plusieurs nécessités, parmi lesquelles : 

 

– offrir de l’emploi aux Réunionnais ;

– construire des logements sociaux par mobilisation de la LBU ;

– atteindre l’autonomie énergétique ;

– s’engager pour la sécurité alimentaire.


Côté divergence, des orientations qui interpellent :

 

– en premier lieu, l’idée d’un SMIC à 1.700 euros : montant net en début de mandature pour Mélenchon, Hollande voulant un SMIC à 1.653 euros brut en 2017.

– toute aussi importante, l’idée de la renégociation de l’accord Sarkozy / Merkel. Si Hollande est pour l’adoption du mécanisme européen de stabilité, Mélenchon le dénonce fermement.

 

Toujours est-il que Jean-Luc Mélenchon s’est d’ores et déjà imposé dans l’opinion publique.

Pour des milliers de Français, il est une alternative crédible possible à la gauche traditionnelle, ou plus exactement socialiste.

 

Il a su occuper un espace laissé libre, depuis longtemps ou récemment.

Récemment, il a pris la place laissée vacante par des écologistes, qui, une fois de plus sont partis divisés, en proposant une « planification écologique ».

 

Mélenchon s’est également affirmé comme porteur d’un autre projet de société, « l’Humain d’abord », avec « le partage des richesses ».

Et d’un changement en profondeur : « la convocation d’une Assemblée constituante pour instaurer une Sixième République ».

 

Avec une volonté : celle d’arrêter avec l’austérité et la rigueur.

Cela gêne un peu le Parti socialiste aux entournures.

 

Notamment cette façon d’aborder la situation économique.

D’où le fait de qualifier « d’utopiste » cette mesure de relance de l’économie et d’abandon de la politique d’austérité.

 

On le voit, les choses ne sont pas si simples.

Une chose est sûre, rassurante, pour un objectif largement partagé : la volonté de battre Sarkozy, cela va sans dire.


Hollande comme Mélenchon, s’est engagé pour le tram train à La Réunion.

Ce qu’il n’avait pas fait en début de campagne.

 

En tout état de cause, il s’agira de savoir exactement dans quel délai, et à quelle échéance, la réalisation d’une liaison ferroviaire de Saint-Benoît à Saint-Joseph se fera.

Et là, le soutien à François Hollande sur la base d’un contrat de mandature, et non au seul motif qu’il faut « dégager » Sarkozy, n’est-il pas la preuve d’une vigilance démocratique ? 

 

C’est dans cet esprit, faire gagner un projet résolument de gauche, que pour moi, Jean-Luc Mélenchon est un espoir pour François Hollande et toute la gauche.

 

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13 Commentaires sur

Jean-Luc Mélenchon : menace ou espoir pour François Hollande… et la gauche ?

  • TipimanNo Gravatar |

    pour moi, c’est clair: Mélenchon est l’espoir de la gauche. de la vraie gauche, pas celle qui pactise avec les bourses ou qui ne s’émeut pas de la signature du mécanisme européen de stabilité (c’est un euphémisme…)
    MELENCHON : ESPOIR ET CHANCE POUR LA GAUCHE

  • socialiste convaincuNo Gravatar |

    n’oubliez pas que Mélenchon est un ancien socialiste
    au PS on sait que son projet n’est pas réalisable. même utopiste
    pour nous,
    Mélenchon n’est pas une chance pour le ps. il n’est pas plus une menace, il n’est pas un espoir. l’espoir, c’est François Hollande.

  • ArsinoéNo Gravatar |

    @socialiste convaincu: je ne partage pas ton analyse. Comme le dit « tipiman », Hollande est à la droite du PS, notamment sur la question de la sortie de crise, de la dette. Le PS parlait du « couple franco-allemand ». Pour l’instant, et encore pour quelques temps, c’est avec Merkel. Dont on ne peut pas dire que les idées soient progressistes. aujourd’hui, d’anciens ministres de Sarko appellent à voter Hollande. Ils auraient pu faire Bayrou, par exemple. Qu’ils ne fassent plus confiance à Sarko, ça on peut les comprendre, ils ne sont pas les seuls dans ce cas la. Ils auraient pu appeler à voter Bayrou. Peut être avec l’esprit du « vote utile », ils font donc Hollande. Mais n’est-ce pas la preuve que finalement, il y a non pas un fossé entre Sarko et Hollande, mais juste des différences que ces ministres estiment suffisamment petites pour ne pas y perdre leur « ame de droite ».
    Mélenchon, c’est la chance de la gauche, c’est son espoir. c’est la nouvelle génération (enfin presque), le renouveau idéologique, les vraies valeurs progressistes.
    Mélenchon, et le peuple, devront être encore et toujours les aiguillons pour des socialistes qui se font, au fil des ans, de plus en plus consensuels avec la droite, et mettent leurs convictions, au nom du « vote utile », de côté, loin derrière les vraies valeurs de gauche.

  • RévolutionNo Gravatar |

    Mr Vergès vous semblez avoir du mal à prendre position, il vous manque un brin de courage pour assumer un choix qui ne soit pas celui du candidat le mieux placé dans les sondages. Tout semblait pourtant bien parti, quand il y a quelques semaines, vous indiquiez sur ce même blog que vous soutiendrez Mélenchon, avant de vous plier aux décisions de votre parti.

    « Certains changent de conviction par amour de parti, d’autres changent de parti par amour de leurs convictions »

    Sur les idées, tout le monde sait bien que le programme de Mélenchon est plus proche de celui du PCR. Je pense que votre parti et vous-mêmes avaient raté une occasion de vous affirmer à gauche, la vraie gauche.

    « Lorsqu’on rêve tout seul,ce n’est qu’un rêve.Lorsqu’on rêve à plusieurs c’est déjà une réalité.L’utopie partagée c’est le ressort de l’Histoire. » (Elder CAMARA)

  • Pierre VERGESNo Gravatar |

    Mr Révolution (quel joli nom !) je n’ai aucun mal à prendre position. Je fais ma révolution citoyenne autant que possible. Hier soir en comité de section au 153 rue Ste Marie, cet après-midi en conférence de presse avec la direction du Parti. Vous me connaissez mal. Je ne me plie jamais à une décision. Je la partage sinon je le dis et j’en tire les conséquences. Merci de vouloir être mon « ange gardien » de la fidélité aux convictions. Mais dans ma tête, je vais bien merci :)
    Demain commence maintenant. Et faire écraser Sarkozy est ma première priorité. C’est bien parti quand on rencontre les gens sur le terrain. Ma deuxième priorité est de faire gagner La Réunion en sensibilisant et Mélenchon ET, ET, Hollande ! C’est bien parti. Il y a dans mon positionnement « la part du rêve, ET le temps de l’action ». À bientôt pour des combats communs, car il y a les engagements, ET la vigilance nécessaire pour faire respecter ces engagements.

  • RévolutionNo Gravatar |

    Mr Vergès, l’heure n’est plus à la sensibilisation des candidats mais au choix. Vous appelez à voter qui au premier tour?

    Une fois le choix fait clairement, l’heure est comme vous le dites si bien, à l’action. L’action dans cette dernière semaine de campagne, ce n’est pas la sensibilisation des candidats mais la sensibilisation du peuple pour le candidat que l’on a choisi.

  • Pierre VERGESNo Gravatar |

    Le choix du PCR, donc de moi compris, est : HOLLANDE ! Point barre ! Plus qu’une sensibilisation, c’est un contrat passé entre Hollande et le PCR qui nous motive. Nous serons vigilants pour qu’il soit respecté ! Quant à savoir si le PCR a fait son boulot de sensibilisation du peuple, rendez-vous dimanche !

  • RévolutionNo Gravatar |

    Donc c’est bien ce que je disais: vous changez d’avis en cours de route et n’allez pas au bout de vos idées en votant Hollande.

    Ce dernier n’a pas apporté plus de réponses au pcr que Mélenchon, au niveau national, ce qu’il prône c’est l’austérité, il s’agenouillera devant la finance, avec leur tendance démocrate et le manque criant de courage politique. Hollande est bien loin du communisme, ce soutien n’a aucun sens.

    Quant au contrat passé, on sait bien que pactiser avec le PS c’est peine perdue, ils ignorent le sens de la loyauté et vous pourrez, s’il est élu remuer ciel et terre ça ne changera rien, car ils ne vous verront même plus.

    Mélenchon ou Hollande se sont des candidats fondamentalement différents, tant sur la forme que le fond. Mélenchon n’est pas un espoir pour Hollande, c’est un espoir pour le peuple.

  • ArsinoéNo Gravatar |

    @Révolution: j’ai lu ce que Pierre Vergès avait écrit sur l’analyse des programmes de chacun, bien avant que ceux-ci ne soient rendus publics.
    il est tout aussi critique vis à vis de Hollande que de Mélenchon
    que Mélenchon soit un espoir pour le peuple, c’est évident. Et j’en suis absolument convaincue, pour les années suivantes aussi
    Faire Hollande au premier tour: c’est le choix directement consécutif au contrat passé entre lui et le PCR.
    Voter Hollande au premier tour est une manière d’honorer ce contrat. vous signer un contrat et vous voyez ailleurs? drôle de façon de concevoir le respect de la parole donnée. Hollande s’est engagé, il a donné sa parole pour le tram train, pour l’autonomie énergétique, pour la sécurité alimentaire, pour l’emploi, le logement etc.
    Bien sûr, Mélenchon aussi, il s’était prononcé pour tout ça. Mélenchon ne restera pas sans rien faire sans rien dire, une fois Hollande élu. Pas que sur le plan réunionnais, bien sûr, il ne lâchera rien de ses convictions.
    quant au pacte avec le PS, je suis d’accord avec vous « Révolution ». avec le PS local, on n’est pas sûr du tout d’être sur de bons rails. le contrat, ce n’est pas avec le PS local, c’est avec le futur président de la république. maintenant, si le PS local n’est même pas capable de respecter les engeagements de son leader, accessoirement président de la républisue, il faut vraiment viré le ps de la scène politique.

  • RévolutionNo Gravatar |

    Arsinoé, avant de signer un contrat, je fais une comparaison avec les autres contrats qui me sont proposés. Qu’est-ce qui a empêché le pcr de soutenir Mélenchon, qui a répondu avant, de manière positive et va même jusqu’à reprendre toutes les thèses du parti au niveau national?

    Sur des sujets de fond comme les transports alternatifs, pendant que Mélenchon dit oui au tramtrain, Hollande dit « Je ferai étudier les projets de transports en commun urbain et interurbain en site propre », cf. http://francoishollande.fr/dossiers/outre-mer-mes-30-engagements/

    Le mieux qu’il est dit c’est « il faut aller vers le tramtrain » vers, ça ne veut pas dire qu’il va le faire.

    Ce n’est qu’un exemple mais bel et bien significatif de ce qu’il répond au pcr. Ce qu’il promet, se sont des études, j’ai connu plus courageux.

    Il parle de développement solidaire, on croirait entendre la présidente du conseil général. Quant à ces contrats d’avenir pour lesquels il nous promet de garder un quota pour la Réunion, pensez-vous que cela va emmener le plein emploi?

    Comme pour les salaires, il ne se positionne pas clairement et déclare « en discuter avec les acteurs s’il est élu ».

    Sérieusement, vous appelez ça un programme?

    Quant au respect de la parole donnée, je pense que la question ne doit pas se poser en ces termes. Le pcr est le seul parti qui a un projet pour la Réunion. Ce projet est d’abord un pacte entre la population et les dirigeants du parti. Mais quand le pcr fait le choix de soutenir le candidat qui n’est pas le plus proche de ses convictions, où est le respect de la parole donnée au peuple? Avant de passer un contrat avec un candidat, il y a un contrat souverain avec la population qu’aucun arrangement devrait pouvoir remettre en cause.

    C’est un moindre mal de soutenir Hollande mais je reste convaincu que la place de ce grand parti aurait été auprès de Mélenchon. Le pcr a raté une occasion en or de se refaire un nom, dommage.

  • EdouardNo Gravatar |

    Voilà un sujet qui déclenche beaucoup de commentaires, aujourd’hui. Intéressant; car cela prouve que la gauche est bel et bien là, que les débats existent à l’intérieur de la gauche.
    ce qui n’est pas le cas à droite, où l’on se tape dessus, Amara, Begag et Girardin réglant leurs comptes… personnels, mais pas politiques.
    que l’on s’empoigne sur des questions de stratégie, à gauche, à La Réunion, s’est un peu normal, le PS ayant lui aussi des comptes à régler avec le PC.
    maintenant, sur le plan politique, je n’ai pas vu de déclarations de Vergès Pierre contre Mélenchon. ce sont les mêmes idées.
    je suis d’accord avec Révolution. mais je comprends Pierre Vergès et son parti. le souvenir de 2002 est là, le vote utile…

  • palhumourNo Gravatar |

    alors que dire de deux maires qui ont appelé à voter depuis des mois pour Hollande.
    ils ne sont pas communistes.
    des socialistes alors?

  • RévolutionNo Gravatar |

    Le vote utile en référence à l’épisode de 2002 ne tient plus. Le contexte a considérablement changer, il y a moins de candidat à gauche, et autour de Mélenchon un potentiel d’électeurs beaucoup trop important pour que se réalise à nouveau le scénario. Alors je sais, il y a les sondages mais comme en 2007, on peut penser qu’ils sont sur-estimés pour inciter les personnes à faire barrage au FN.

    L’argument du vote utile n’est justement qu’utile aux partis traditionnels que sont l’UMP et le PS, ils servent à verrouiller l’élection autour de deux candidats.

    Si mr verges n’a rien contre Mélenchon, pourquoi ne l’a-t-il pas soutenu? est-il d’accord avec tout ce que dit Hollande?

    On ne peut pas être d’accord avec ces deux programmes, fondamentalement différents, c’est jouer sur les deux tableaux.

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