18
2012
Pour une grande politique des déplacements à La Réunion : attention aux « fausses bonnes idées » ! (1ère partie)
Catégorie : BTP-Routes-Transports, DÉVELOPPEMENT DURABLE, TRANSPORTS ET DEPLACEMENTS
Je voudrais pour cette semaine vous faire partager une analyse réalisée par la FNAUT (Fédération Nationale des Associations d’usagers des Transports).
Créée en 1978, cette fédération rassemble aujourd’hui 150 associations implantées dans toutes les régions françaises.
Association de consommateurs agréée, la FNAUT conseille et défend les usagers de tous les modes de transport et les représente auprès des pouvoirs publics et des entreprises de transport.
Groupe de pression d’intérêt général, elle s’efforce d’infléchir la politique des transports et de l’aménagement du territoire.
Je vous invite à prendre connaissance d’un certain nombre de « fausses bonnes idées » recensées par la FNAUT.
Certains exemples nous seront d’une grande utilité dans un avenir proche, afin de ne pas « dérailler » dans la mise en oeuvre d’une grande politique de déplacements à La Réunion, dans un espace contraint, devant faire face à l’augmentation démographique et à la croissance du parc automobile.
Exemple 1 : Le Segway, un gadget
Le gyropode auto-équilibré Segway peut être utile pour effectuer des déplacements internes à un entrepôt ou des missions de surveillance.
Mais il est totalement inadapté à la ville, où il n’est qu’un gadget encombrant pour touristes branchés.
Il est dangereux pour les piétons et même pour ses utilisateurs (le patron de la firme Segway s’est tué en conduisant un tel engin, il est tombé dans un ravin).
À l’inverse, le vélo pliable, le vélo à assistance électrique (VAE) et le vélo en libre service sont des innovations très utiles qui ont élargi le créneau de pertinence du vélo.
Exemple 2 : Le « tramway sur pneus », une invention inutile
On devait assister à une révolution : la qualité de service du tramway pour deux fois moins cher, les villes moyennes pourraient enfin s’offrir une technique plus performante que le bus.
Le résultat est un fiasco cinglant à Nancy et Caen avec le TVR bricolé par Bombardier, véhicule hybride mal conçu, aussi coûteux que le tramway “sur rails“, de capacité trop limitée, souvent en panne, incapable de fonctionner en tram train.
À Clermont-Ferrand, c’est le matériel Translohr, mieux conçu, qui a été retenu.
Mais aujourd’hui, le Syndicat Mixte des Transports Clermontois fait appel à la RATP « parce que les incidents, pannes, déraillements se multiplient sur la ligne », explique son vice-président.
Et malgré ces difficultés, c’est le Translohr qui a été choisi avec un entêtement incompréhensible par la RATP pour équiper les lignes franciliennes Chatillon – Vélizy – Villacoublay et Saint-Denis – Sarcelles.
En définitive, le «tramway sur pneus» est une invention (qui date en fait du début du 20ème siècle) sans véritable intérêt, qui aura surtout servi à retarder l’adoption des solutions fiables : tramway, trolleybus ou BHNS suivant l’importance du trafic potentiel.
Exemple 3 : Le « téléphérique urbain », un créneau très étroit
Nouvelle solution miracle, elle aussi présentée comme une alternative au tramway mais bien moins coûteuse : le transport par câble ou « tramway aérien ».
Contrairement au tramway sur pneus, il a son créneau de pertinence : le franchissement des coupures urbaines (fleuves,
autoroutes) et, comme le funiculaire, la liaison entre une ville haute et une ville basse.
Mais ce créneau est étroit (comme celui des navettes fluviales ou portuaires).
Il n’est adapté qu’à des itinéraires rectilignes, et ses coûts en milieu urbain sont encore largement inconnus, sans parler des difficultés d’insertion et d’accessibilité aux usagers à mobilité réduite.
Source : http://www.fnaut.asso.fr/