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2012
Pour une grande politique des déplacements à La Réunion : attention aux « fausses bonnes idées » ! (3ème partie)
Catégorie : BTP-Routes-Transports, DÉVELOPPEMENT DURABLE, TRANSPORTS ET DEPLACEMENTS
Je voudrais pour cette semaine vous faire partager une analyse réalisée par la FNAUT (Fédération Nationale des Associations d’usagers des Transports).
Créée en 1978, cette fédération rassemble aujourd’hui 150 associations implantées dans toutes les régions françaises.
Association de consommateurs agréée, la FNAUT conseille et défend les usagers de tous les modes de transport et les représente auprès des pouvoirs publics et des entreprises de transport.
Groupe de pression d’intérêt général, elle s’efforce d’infléchir la politique des transports et de l’aménagement du territoire.
Je vous invite à prendre connaissance d’un certain nombre de « fausses bonnes idées » recensées par la FNAUT.
Certains exemples nous seront d’une grande utilité dans un avenir proche, afin de ne pas « dérailler » dans la mise en oeuvre d’une grande politique de déplacements à La Réunion, dans un espace contraint, devant faire face à l’augmentation démographique et à la croissance du parc automobile.
Exemple 9 : La maison pas chère ? Elle favorise l’étalement urbain
La “maison à 100 000 euros” lancée en 2005 par Jean-Louis Borloo a été un échec cinglant.
Christine Boutin, autre ministre du Logement, n’a pas été plus heureuse. Son dispositif de “maison à 15 euros par jour” proposé en 2008 privilégiait lui aussi l’habitat individuel, forcément périurbain puisqu’il fallait minimiser le coût du terrain.
Il faut au contraire enrayer l’étalement urbain, source de trafic automobile polluant et énergivore, et le mitage de l’espace par l’habitat diffus, et densifier dans les zones déjà urbanisées et le long des axes lourds de transport collectif (on sait le faire sans entasser la population dans des tours et des barres).
Exemple 10 : Le PTZ ? Une aide perverse
Le prêt à taux zéro PTZ, destiné à soutenir l’accès à la propriété des ménages précaires, présente deux effets pervers :
1°- En subventionnant la demande de logements et non l’offre, on a provoqué une inflation des prix immobiliers et non une réduction du déficit de logements ;
2°- Par cette inflation et en favorisant le neuf par rapport à l’ancien, on a renforcé la tendance à l’urbanisation diffuse.
Le PTZ + est désormais octroyé sans condition de ressources, qu’il s’agisse d’un appartement, d’une maison, d’un bien neuf ou ancien.
Mais les dossiers des ménages les plus riches sont les plus compétitifs dans les zones où les prix explosent et, s’ils veulent devenir propriétaires, les plus pauvres devront s’exiler toujours plus loin des centres-villes.
Le PTZ + va donc renforcer la ségrégation sociale et le mitage périurbain.
Une aide accrue de l’Etat à la construction de logements sociaux serait plus efficace.
Exemple 11 : Dix Ecopolis ? Une idée de technocrates
Dominique Strauss-Kahn puis la commission Attali ont proposé de créer, on ne sait trop où, dix villes nouvelles de 50 000 habitants chacune, «espaces urbains durables intégrant haute qualité environnementale, mixité sociale et transports à la pointe de la technologie».
Cyria Emelianoff, professeur en aménagement et urbanisme à l’université du Maine au Mans, critique cette suggestion :
« En France, les villes sont déjà construites.
Dans la mesure où on a besoin de nouveaux logements, autant construire des éco quartiers comme il en existe déjà dans de nombreuses villes européennes et comme il s’en projette dans plusieurs villes françaises.
Mais pourquoi imposer des éco quartiers de 50 000 habitants ?
L’urbanisme durable est par définition un urbanisme de finesse, adapté aux besoins locaux, c’est plus un enjeu de réhabilitation de l’existant que de construction.
Source : http://www.fnaut.asso.fr/