Energie – Climat – Transition énergétique : un débat qui se termine avant d’avoir commencé ?

  Ça va mal pour le gouvernement. De plus en plus mal.

Outre les sondages qui baissent pour le Président Hollande, c’est tout le gouvernement qui se trouve en proie à des difficultés.

 

Des ONG réservées 

 

Valls s’est pris tout seul les pieds dans le tapis, à l’Assemblée nationale, en expliquant que s’il y avait hausse du terrorisme, c’était la faute à la droite.

Marisol Tourraine, vient de voir son projet de budget de « la Sécu », le PLFSS être retoqué par le Sénat.

 

Vincent Peillon, lui, va bientôt être confronté à la grogne des enseignants (modification des programmes, des rythmes scolaires) et des maires (obligés de trouver des fonds pour faire des animations péri scolaires).

 

Et Delphine Batho a elle eu la surprise de voir son projet de loi retoqué par le Conseil constitutionnel.

Projet de loi qui commence à subir très fortement le vent (éolien !) de fronde de très nombreux écologistes.

 

En effet, certaines ONG contestent les personnalités choisies par le gouvernement pour être les experts du débat (en fait, les membres du comité de pilotage) sur la transition énergétique…

 

Il faut dire que le choix n’a pas été des plus heureux.

 

Car comment expliquer que l’ex-patronne d’Areva, Anne Lauvergeon (patronne du groupe nucléaire Areva de 2001 à 2011) figure parmi les cinq «sages» choisis pour animer à partir du 20 novembre, ce débat national sur l’énergie.  

Ou justifier la présence de Pascal Colombani, administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

 

Neutre et neutron 

 

Un comité «plutôt neutron que neutre !», a ironisé un membre d’une ONG.

Réponse de la ministre : «Ce comité est une bonne alchimie» et cela permet «le respect de la diversité ».

 

Pour autant, deux personnalités sont incontestables : le climatologue Jean Jouzel, la directrice de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), et Laurence Tubiana, fondatrice et Directrice de l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales).

 

Cinquième et dernière personnalité : l’ex-directeur de Greenpeace Bruno Rebelle.

 

C’est donc une petite tempête qui vient de naître, avant même le début de ce débat, prévu pour durer jusqu’au printemps prochain en vue d’une loi de programmation attendue pour juin 2013. Les ONG menacent de ne pas y participer.

Dès lors, on se demande à quoi ce débat va servir.

 

Si l’objectif était clair, après la conférence environnementale, cela l’est moins aujourd’hui.

 

Car le comité de pilotage aura pour tâche d’animer les débats entre les différents collèges: patronat, syndicats, associations, Etat, collectivités locales et parlementaires.

Il s’appuiera sur un comité d’experts scientifiques (chargés de donner un avis sur les documents débattus) et un «comité citoyen».

 

À ce jour, aucun parlementaire n’a été contacté officiellement.

Les représentants des collectivités locales n’ont plus, semblent-ils.

 

Le projet ITER : accord par décret ! 

 

Alors, ce fameux débat «contradictoire» et «pluraliste» sur la transition énergétique, est plus que compromis.

Et dire c’est l’un des chantiers majeurs du quinquennat de François Hollande.

 

Si les ONG ne veulent pas y participer, c’est qu’il y a un problème de confiance.

 

Une vraie crise de confiance, alimentée par le fait – notamment –  que le gouvernement a donné son feu vert pour le réacteur expérimental à fusion nucléaire Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor).

Une décision prise, en douce,  en l’absence de tout débat.

Par un simple décret publié le 10 novembre au Journal Officiel !

 

Iter va coûter 16 milliards d’euros, alors que lorsqu’il est sorti des boîtes à idées, en 2006, on nous l’a « vendu » pour « seulement » 8 milliards !

 

D’où la réaction de représentants d’ONG : tout ceci est le « symbole d’une vision hyper centralisée, non-démocratique, pharaonique, et dangereuse de la politique énergétique, pour un résultat improbable à l’horizon de la fin du siècle ».

 

Quel pluralisme ? 

 

Sur le pluralisme, on peut aussi souligner cette déclaration de Jean-Marc Ayrault : la transition énergétique doit conduire à une société française sobre en carbone à l’horizon 2050, privilégier les renouvelables et limiter la part du nucléaire à 50% de la production d’électricité en 2025.

 

Selon lui, cela  aura de lourdes conséquences industrielles, mais cette transition « ne devra pas se traduire par une diminution de notre compétitivité ».

 

Sur le centralisme de l’Etat et la volonté de main mise du gouvernement, une information circule : Le gouvernement prépare un plan stratégique pour encourager le développement des énergies marines en France.

Ce plan est amené à jouer un rôle majeur dans ce secteur en pleine effervescence.

 

Et c’est une déclaration de la ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Delphine Batho.

Et elle poursuit :

« Avec le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et Frédéric Cuvillier (Transports et mer), nous avons désigné des hauts fonctionnaires qui vont élaborer un plan stratégique des énergies marines ».

 

Alors, à quoi va servir le débat ?

« À déterminer les zones possibles pour le développement de ces énergies, et définir un objectif national pour leur contribution à la production d’électricité ».

 

Si on se laissait aller, on se demanderait si la ministre ne veut pas nous mener en bateau !

 

Qui décide ? 

 

Par ailleurs, la question que pose ce débat, « c’est aussi qui décide de la question énergétique dans ce pays ? » pour reprendre la formule de l’association nationale des collectivités, des associations et des entreprises pour la gestion des déchets, de l’énergie et des réseaux de chaleur- AMORCE.

 

Et l’association de rajouter fort à propos : « La place des collectivités locales dans ce processus déterminera aussi celle des territoires et du citoyen ».

 

Ultime précision : au départ, les entreprises ne devaient pas être dans le débat.

Mais le MEDEF a exigé d’y participer ! 

On verra après le 20 novembre.

 

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3 Commentaires sur

Energie – Climat – Transition énergétique : un débat qui se termine avant d’avoir commencé ?

  • AnonymeNo Gravatar |

    l’ex-patron du CEA Pascal Colombani ne fera pas partie des « sages »

    quant à la date du début du débat… c’est …. bientôt…. la semaine prochaine. quel jour? personne n’en sait rien !!!!

  • NeutronNo Gravatar |

    Selon l’ancien ministre UMP Hervé Mariton, la fermeture de la centrale de Fessenheim, annoncé par François Hollande pour fin 2016, sera plus compliquée que prévue. Le gouvernement aura du mal à étayer juridiquement cette fermeture.

  • Defenseur écologieNo Gravatar |

    Aucune instance n’est en place, pas même la commission nationale qui doit être l’organe démocratique du débat. Aucune précision n’est donnée sur le rôle et les missions des différentes commissions. Pas d’information sur les documents qui seront soumis au débat, le déroulement du débat public, l’implication des citoyens et des différents acteurs, la mobilisation des collectivités territoriales, les règles de communication pendant le débat, en particulier pour les grandes entreprises de l’énergie, ni sur la plume qui rédigera la synthèse ou encore sur la méthode employée pour sa validation.

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