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2012
Ma tribune libre envoyée ce jour à la presse – Comme pour le projet Tram Train, à quand une intervention de la MEEF pour le projet de route du littoral ?
Catégorie : BTP-Routes-Transports, CONTRIBUTION AU DÉBAT, DÉVELOPPEMENT DURABLE, ÉCONOMIE, Environnement, INSTITUTIONS - COLLECTIVITÉS LOCALESEn 2009, nous avions alerté les services du Premier ministre de l’époque, François Fillon, et les ministères concernés, sur les risques de voir le projet Tram Train remis en cause pour des raisons financières.
Devant les hésitations du gouvernement en raison de la proximité des échéances régionales de 2010, nous avions avec Paul Vergès, alors président de région, sollicité l’intervention de la MEEF (Mission d’Expertise économique et financière).
Déjà en 2009, l’obligation de tenir compte des difficultés financières
L’objectif était de s’appuyer sur l’expertise résultant de cette intervention pour montrer au gouvernement Fillon que les éléments suivants avaient profondément modifié la « donne » sur les capacités financières de la région Réunion :
– la crise économique et financière, dans un contexte où La Réunion doit faire face à une augmentation démographique et un retard en équipements indispensables,
– les exigences plus contraignantes des établissements de crédit pour les projets importants d’investissement des collectivités locales,
– la non compensation à l’euro près des transferts des compétences issus de l’Acte II de la décentralisation (TOS et routes nationales),
– le surcoût de la route des Tamarins pris en charge à près de 90 % par la région seule,
– le surcoût non prise en charge par l’Etat de la reconstruction du pont de la rivière Saint-Etienne, l’Etat ne subventionnant qu’à hauteur de ce que lui a coûté l’ancien pont… qui s’était effondré faute d’efforts financiers à la hauteur des exigences de solidité des ouvrages.
L’impossible solution sans le coup de pouce supplémentaire de l’Etat
Ainsi, faute d’un « coup de pouce » supplémentaire de l’Etat, justifié pour permettre le rattrapage de La Réunion avec les régions de France continentale au plan des équipements, surtout dans le souci de respecter les objectifs du Grenelle de l’environnement en matière de développement durable, il n’était pas possible à la Région Réunion de s’engager dans la réalisation du projet Tram Train sans mettre en péril les autres projets régionaux tout aussi importants comme par exemple la poursuite de construction de lycées.
Cela explique que nous avions conditionné le contrat de partenariat avec le groupement Tram’tiss à l’obtention d’une rallonge financière destinée à alléger la charge du PPP sur les travaux, et non, comme cela se dit trop souvent, d’une seule dotation ferroviaire qui n’aurait pas suffi à compenser le manque de moyens financiers pour assumer la redevance prévue.
On connaît la suite…
La situation en 2012 plus grave que celle de 2009
Mais j’ai été assez surpris du manque de réactivité sur les remarques que j’ai faites sur mon blog dans l’article du vendredi 14 décembre 2012 intitulé « Alerte-Urgent – Nouvelle route du littoral – Vers la mise à mort du BTP et de l’économie locale ! », notamment lors de l’émission « Devant La Réunion » animée par Sophie Person et Yves Montrouge.
Car enfin, alors que
– la crise économique et financière en 2009 n’était pas aussi aigüe qu’aujourd’hui,
– les établissements de crédit ont « retoqué » les demandes de nombreuses collectivités territoriales en raison d’exigences de « bancabilité » (la capacité de l’emprunteur à offrir aux prêteurs les garanties suffisantes quant au remboursement complet et régulier du financement) plus rigoureuses qu’auparavant,
– pour la Région Réunion d’avant 2010, avec une maîtrise des dépenses de fonctionnement sur plusieurs exercices budgétaires à 35 %, l’exigence posée en 2009 était une « bancabilité » sur 7 ans,
– depuis 2010, ce sont les dépenses de fonctionnement de la Région, présidée par Didier Robert, qui ont augmenté au point de dépasser les 45 %, avec le risque de « flirter » bientôt les 50 %,
– le gouvernement Ayrault maintient la décision prise par le gouvernement Fillon de geler les dotations de l’Etat aux collectivités,
voilà des observateurs qui ne s’inquiètent pas pour autant quand Didier Robert déclare audacieusement qu’il n’y aura aucun problème de financement, et mieux encore, que cela ne remettra pas en cause les autres projets essentiels pour notre Île.
Une expertise de la MEEF pour mettre tout le monde d’accord
Il y a donc une solution très simple pour mettre fin aux spéculations sur le fait de savoir qui a raison ou tort.
Il suffit qu’une expertise soit menée par la MEEF, eu égard à la Circulaire du 6 janvier 2012 :
http://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dgfip/BOCP/2012/02-2012/nds12006.pdf.
« La MEEF peut réaliser des expertises sur des projets d’investissement publics de toute nature, qu’il s’agisse de projets financés par l’Etat » (c’est le cas pour la route du littoral) « et/ou les fonds structurels européens » (c’est le cas pour la route du littoral) « ou cofinancés par les collectivités territoriales » (c’est le cas pour la route du littoral).
« La priorité de la MEEF est d’intervenir sur les opérations qui présentent un enjeu juridique, économique et/ou financier significatif au niveau local » (c’est le cas pour la route du littoral).
« Les expertises peuvent notamment porter sur les investissements d’avenir et sur le bon emploi des crédits européens afin de diminuer le taux d’erreurs constatées par la commission interministérielle de coordination des contrôles (CICC)… ». Cela risque d’être le cas pour la route du littoral.
L’expertise peut être menée rapidement
« La MEEF peut réaliser, selon la nature du dossier et le besoin exprimé par le commanditaire, une expertise approfondie ou une étude rapide et ciblée (ERC) ». C’est donc possible et opportun pour la route du littoral.
« Quelle que soit sa nature, la prestation assurée par la MEEF est neutre, indépendante et confidentielle ». La Région de Didier Robert aurait donc là une garantie supplémentaire.
« A la demande des décideurs locaux, la MEEF peut traiter des différents aspects suivants, listés à titre indicatif :
* Aspects financiers :
– coût et plan de financement d’une opération ;
– capacité financière des différents partenaires d’un projet d’investissement ou de
bénéficiaires de fonds publics ;
– situation financière d’un maître d’ouvrage ;
– plan de trésorerie ;
– impact financier d’un projet en terme de fonctionnement.
* Aspects économiques :
– rentabilité économique d’un projet ;
– contexte économique (situation du marché, débouchés,…) ;
– études d’impact (activité, emploi…). »
Autant de préoccupations à prendre en considération dans le projet de route littoral à 6 voies et en pleine mer.
Le gouvernement et la région doivent rassurer l’opinion
La MEEF est prioritairement saisie par le préfet de région, ou l’exécutif d’une collectivité locale.
Le motif de saisine est plus que justifié puisque le projet de nouvelle route du littoral engage fortement les crédits de l’Etat, de l’Europe, ET de la Région.
La balle est donc aujourd’hui dans le camp du Préfet, sinon du gouvernement Ayrault, et du président de région Didier Robert.
L’opinion a le droit de savoir avant qu’il ne soit trop tard.
Pierre Vergès
Ancien vice-président du Conseil Régional
Bonjour Pierre,
Entièrement d’accord avec ce point de vue, que l’ATR-fnaut exprime par ailleurs dans un article envoyé cette semaine aux médias, pour demander une expertise… Reste à actionner le bon levier pour obtenir la saisine.
J’ai la référence de la circulaire à laquelle tu fais référence (N° 12-006-N du 12/01/2012 : Prestations des missions d’expertise économique et financière (MEEF) mais c’est un pdf que je ne peux pas télécharger. Existerait-il une version .html du même document ?
Salutations fraternelles et très bonnes fêtes à tous.
Bonjour Pascale, je ne sais pas s’il existe une version html. Pour ta remarque sur le bon levier à actionner, j’ai noté dans mon article que la Région, à l’initiative de Didier Robert, pourrait demander l’intervention de la MEEF – on a le droit de rêver, non, on est bien à une période de vœux ? – ou l’État, qui met beaucoup d’argent dans le projet. Comment sensibiliser l’État ? J’ai entendu dire qu’un maire, qui dispose aussi de l’appui de deux femmes députées, à déclaré qu’il n’était pas question que les travaux s’engagent si n’est pas garanti le financement, notamment par la Région, des travaux du Boulevard Nord, pour éviter des embouteillages monstres à l’entrée de Saint-Denis. Les socialistes vont-ils alerter leurs amis à Paris ? Chiche !