Conférence de presse du département sur les transports ce lundi 17 juin : mon intervention

 Traiter un problème avec sérieux sans trop se prendre au sérieux : merci Eric, Lino et le Téat’la kour, présent lors de la première réunion de la CADED, la communauté des acteurs du déplacement durable (photo CG)

 

PRESENTATION DES ENJEUX DU RESEAU CAR JAUNE

 

Diapo 1

 

La présidente du Conseil général vient de dresser un panorama complet des enjeux des déplacements à La Réunion, et d’évoquer le rôle moteur qu’a joué et qu’entend encore jouer demain le conseil général à travers l’exercice de sa compétence de transport routier régulier non-urbain de voyageurs.

 

Diapo 2

 

Le département « opérateur historique »    

 

Cette contribution, l’opinion a peut-être tendance à l’oublier ou à la minimiser, mais elle est d’abord historique.

Le conseil général a ainsi mis en place depuis la décentralisation de nombreux et divers services réguliers de transport :

 

Services ordinaires entre les communes et à l’intérieur de celles-ci ; 

Et transports scolaires pour de nombreuses communes.

 

À partir de 1988, le département a proposé le premier « réseau structurant » : le Réseau Alizé qui a préfiguré le réseau Car jaune créé en 1996.

 

Le réseau Car Jaune en 1996    

 

À partir de 1996, ce « réseau armature » a été complété par de nombreux « réseaux locaux » Ti Car Jaune, garantissant un service de proximité grâce aux différentes lignes desservant les écarts, dans 11 communes de l’ile.

 

Les phases successives de décentralisation et les évolutions institutionnelles entre les communes, notamment la constitution des communautés d’agglomération, ont modifié le « portage » des responsabilités, chacun de ces EPCI devenant autorité organisatrice du transport urbain (régulier et scolaire) sur leur territoire.

 

Ce mouvement s’est achevé en juillet 2010 lorsque le département a transféré à la communauté d’agglomération du Sud (créée en janvier 2010) la compétence de transport urbain qu’il exerçait encore sur les communes des Avirons, de Saint-Joseph, de l’Entre-Deux (réseaux locaux Ti-Car Jaune et transport scolaire) et Saint-Philippe (transport scolaire).

 

Une contribution départementale « inclusive »    

 

La contribution du conseil général est ensuite importante : actuellement,  le réseau car jaune transporte chaque année plus de 6,5 millions de voyageurs et parcourt plus de 7 millions de kilomètres. Le conseil général y consacre plus de 17 millions d’euros par an.

 

Cette contribution, nous la souhaitons également inclusive, associant de nombreux acteurs :

 

– AOTU : les autorités organisatrice de transport urbain, parce que le réseau interurbain armature constitue une colonne vertébrale autour de laquelle s’articulent les offres de transport locales ;

 

Le monde économique : à travers les sociétés prestataires ;

 

Les communes : à travers leur politique en matière de circulation et de stationnement ;

 

Associer fortement les taxiteurs    

 

Mais aussi d’autres acteurs.

 

À ce propos, je veux souligner que les taxiteurs, déjà associés aux services de transports des élèves et étudiants porteurs de handicap (compétence exclusive des départements), ont été sollicités récemment par un courrier adressé à la Chambre de Commerce et à la Chambre des Métiers.

 

En effet, bien que construits pour desservir le plus grand nombre, les services de transport n’atteignent pas certains secteurs.

De plus, après les heures de fonctionnement des services réguliers, les Réunionnais peuvent avoir des besoins de déplacements.

 

Cet enjeu de couverture « spatio-temporelle », les taxis peuvent y répondre, en complémentarité, dans ce qui doit être un système intégré de transport offrant une panoplie de solutions.

 

Bien savoir qui fait quoi    

 

Historique, importante, inclusive, notre contribution se veut aussi motrice du développement du transport : le Réseau Car Jaune 2014 inscrit dans notre Plan Départemental des Transports renforce plus que jamais sa vocation d’armature en soignant particulièrement la coordination de son offre avec celle des réseaux urbains, et en œuvrant  concrètement, comme nous le verrons plus loin en détail, pour une inter modalité et une interopérabilité optimales.

 

Enfin, notre contribution, est incontestablement unique.

 

Il est important pour l’opinion d’y voir clair sur qui fait quoi :

 

1°- Seuls les départements ont une compétence en matière de transport routier régulier non-urbain de voyageurs ;

2°- Les communautés d’agglomération ont une compétence de transport urbain au sein de leur territoire ;

3°- Les régions ont une compétence en matière de transport ferré ou guidé (qui n’existe pas à La Réunion) et éventuellement de transport routier d’intérêt économique régional (qui n’existe pas davantage).

 

Le Réseau Car Jaune est donc l’unique réseau interurbain existant sur l’ile, qui dessert 22 des 24 communes.

  

Ces qualificatifs de la contribution du conseil général au développement du transport étant posés, je veux maintenant vous présenter les points forts du futur Réseau Car Jaune, à partir de 2014.

 

Diapo 3

 

Une tarification unique à 2 euros, quelque soit le trajet et la distance    

 

La présidente a rappelé tout à l’heure le rôle de bouclier social au profit des plus fragiles de notre collectivité.

Une des principales traductions était donc claire : offrir un tarif acceptable, supportable dans notre contexte socio-économique.

 

Le choix a été fait de mettre en place une tarification unique à 2 euros, quelque soit le trajet et la distance.

 

Concrètement, si aujourd’hui, se rendre de Saint-Pierre à Saint-Denis coûtait a l’usager 4 euros et 20 centimes (soit le coût de 3 zones à 1,40 euro), demain, ce même voyage lui coutera 2 euros.

 

S’il va de Saint-Pierre à Saint-Paul, ce sera aussi 2 euros.

 

Au passage, il faut souligner que la tarification unique est cohérente avec le recentrage du Réseau Car Jaune sur sa vocation interurbaine et sur la complémentarité voulue avec les réseaux locaux : ce tarif unique favorise les longs trajets et au contraire pénalise les distances courtes qui sont celles que l’usager doit choisir, à un tarif moindre, à travers les offres des réseaux urbains.

 

Diapo 4

 

Gratuité et tarification sociale    

 

En prolongement de ce tarif accessible, nous avons voulu également un réseau pour tous et une politique tarifaire qui perpétue voire amplifie la tarification sociale qui existait déjà sur le Réseau Car Jaune :

 

  • des tarifs réduits en faveur des étudiants, des jeunes, des demandeurs d’emploi et, nouveauté, en faveur des familles,

 

  • la gratuité maintenue pour les invalides de guerre, les anciens combattants et leurs veuves, les personnes à mobilité réduites justifiant d’un taux de handicap supérieur ou égal a 50% et les personnes âgées de plus de 65 ans (l’âge de la gratuité est supérieur aux 60 ans actuels, mais bien entendu nous conservons pour les bénéficiaires actuels l’avantage acquis).

 

Diapo 5

 

Le respect de la loi de 2005 sur l’accessibilité    

 

Autre point fort du Réseau Car Jaune : notre vocation sociale et notre politique ancienne en faveur des personnes handicapées représentent un devoir pour notre collectivité d’être au rendez-vous de l’échéance de février 2015, date fixée par la Loi de février 2005 pour rendre les réseaux de transport accessibles aux personnes a mobilité réduite.

 

Notre cahier des charges est rédigé de façon à traduire l’exigence que le Réseau Car Jaune soit en conformité avec la loi bien avant cette échéance : véhicules accessibles, information sonore et visuelle à bord et au sol, annonces en gare, accompagnement des PMR (personnes à mobilité réduite).

 

Je salue à cette occasion la suggestion de la Présidente, qui a été intégrée au cahier des charges, du recrutement de plus d’une centaine de jeunes sur le dispositif « emplois d’avenir ».

 

    

Diapo 6 puis diapo 7

 

Plus vite, plus loin, plus confortable, plus moderne    

 

Le futur Réseau Car Jaune continuera à desservir toute l’ile, mais de façon différente.

 

La vocation du réseau est désormais d’être davantage interurbain et donc plus rapide.

 

Il s’articulera autour de 4 types de lignes :

 

1°-  Expresse, avec très peu d’arrêts (notamment deux lignes expresses emprunteront la route des Tamarins),

2°- Semi-expresse, avec un nombre d’arrêts réduit malgré tout ;

3°- Z’éclair, toujours.

 

Diapo 8

 

Nouveauté : une ligne touristique    

 

4°- Le département a souhaité introduire une nouveauté : une ligne touristique reliant les 2 aéroports et desservant les zones balnéaires de la côte ouest.

 

Les véhicules demandés au cahier des charges devront être plus performants et plus confortables, accessibles, respectueux de l’environnement et dotés d’équipements technologiques (billettique, systèmes de géolocalisation, vidéo protection, technologies de communication, etc.) à la hauteur du saut qualitatif que nous voulons effectuer.

 

Les cars Z’éclair, d’ailleurs, ne seront plus des petits véhicules de 9 places, mais des véhicules de moyenne capacité (22 places) avec un confort plus élevé.

 

Je déplore au passage que, malgré une signature sans condition par le Conseil général du dispositif Trans Eco Express de la Région, et même en ayant transmis nos besoins dans les délais imposés, nous n’avons pu bénéficier d’aucun financement pour l’acquisition du matériel roulant, là ou toutes les autres AOT ont pu être servies et, parfois très largement.

 

Nous devrons donc faire porter ces investissements par notre futur délégataire, moyennant la rémunération qui sera déterminée en conséquence, donc à un cout plus élevé pour le Conseil général.

 

Mais qu’importe, cela ne nous empêchera pas d’assumer seuls, comme nous l’avons fait jusque-là, notre saut qualitatif.

 

Diapo 9

 

Un soin particulier a été apporté dans la construction des lignes et des horaires du Réseau Car Jaune de façon à permettre une bonne connexion avec les réseaux locaux et donc une continuité de voyage plus facile pour l’usager dans l’ensemble de son déplacement.

 

Diapo 10

 

Oser plus loin que pour la carte libre circulation    

 

Pour compléter cette démarche, nous avons voulu réaliser, bien avant qu’un syndicat mixte ne s’en préoccupe, une interopérabilité dans les faits.

 

Pour rappel, il y a déjà plusieurs années, le Réseau Car Jaune proposait le premier titre interopérable, valable sur tous les réseaux de l’ile : il s’agissait de la carte libre circulation pour les étudiants (50 euros à l’année ou 20 euros le trimestre pour circuler librement sur tous les réseaux).

 

Nous allons désormais plus loin dans la démarche en proposant une grille tarifaire interopérable « Car Jaune Services Plus » : des abonnements mensuels, trimestriels ou annuels valables tant sur le Réseau Car Jaune que sur les réseaux locaux.

 

Un travail collectif élus-services efficace « à l’arrivée »    

 

Cette volonté de faciliter l’usage  régulier du transport public, en rendant son coût abordable, a nécessité une concertation persévérante avec les autorités organisatrices de transport urbain.

 

Je tiens ici à saluer le travail effectué par les services du département qui n’ont pas ménagé leurs peines… ce qui augure des perspectives intéressantes pour le travail aussi important à effectuer dans un avenir proche. On en reparlera une autre fois.

 

Il a fallu convaincre de la nécessité d’agir

 

1°-  ainsi dans l’intérêt des usagers ;

2°- dès maintenant, sans attendre qu’un outil de concertation, le syndicat mixte, nous invite à faire ce que le bon sens nous permet déjà de faire ;

3°- en rassurant les communautés d’agglomérations avec la proposition d’une juste répartition des recettes.

 

Une interopérabilité dès 2014, si les AOTU sont d’accord    

 

Ainsi, malgré des taux de correspondance favorables au Réseau Car Jaune, pour que des considérations uniquement financières ne compromettent pas l’effort du Conseil général de réaliser des 2014 l’interopérabilité, nous avons consenti un effort important en acceptant que les recettes de ces titres interopérables se répartissent de manière égale (50-50) entre les réseaux locaux et le Réseau Car Jaune.

 

Je me réjouis que déjà, deux autorités organisatrices de transport urbain, le TCO et la CIREST, nous aient transmis une manifestation d’intérêt pour cette interopérabilité.

 

Il ne nous restera plus qu’à conventionner avec elles dans ce sens, en espérant que les trois autres AOTU, la CINOR, la CIVIS et la CASUD, parachèveront cet élan commun que nous avons initié.

 

Circuler librement pour moins cher    

 

Il me semble important que vous ayez des exemples concrets :

 

Prenons un usager régulier qui effectue un déplacement quotidien entre Terre-Sainte et Sainte-Clotilde :

 

– aujourd’hui, il devrait payer 3 abonnements mensuels (33 euros sur le réseau Alternéo de la CIVIS, 38 euros sur le Réseau Car Jaune et 30 euros sur le réseau Citalis, soit au total 101 euros) ;

 

– demain il pourra avec un seul abonnement de 60 euros, circuler sur les 3 réseaux librement.

 

Diapo 11

 

Autre exemple : prenons le cas d’un usager qui effectue le trajet de Fleurimont (dans les hauts de Saint-Paul), qui se trouve sur le territoire du TCO, jusqu’à Salazie, qui se trouve sur le territoire de la CIREST.

 

Il doit donc emprunter le réseau local Kar’Ouest, le Réseau Car Jaune, et enfin le réseau Alizé/Estival.

 

S’il fait 5 allers-retours durant le mois, l’abonnement interopérable est plus intéressant puisque cela lui en coûtera 60 euros au lieu de 66 euros.

 

Et puis surtout, cet usager ne va pas réduire sa perspective de déplacement à ces deux destinations.

 

Diapo 12


 

Dernier exemple : prenons le cas d’un usager qui effectue le trajet de la Maison du Curcuma à Saint-Joseph, qui se trouve sur le territoire de la CASUD, jusqu’au Brûlé dans les hauts de Saint-Denis, qui se trouve sur le territoire de la CINOR.

  

Il doit donc emprunter le réseau local Car Sud, le Réseau Car Jaune, et enfin le réseau Citalis.

 

Là encore, on voit que l’abonnement interopérable est avantageux pour l’usager, qui l’aura amorti en 5 allers retours également (60 euros au lieu de 65 euros).

 

Et puis, encore une fois, cet usager ne va pas réduire sa perspective de déplacement à ces deux destinations.

   

*******

 

En conclusion, nous avons démontré que

 

1°- La promotion de l’utilisation des transports en commun est finalement une affaire de volonté (la nôtre est déterminée),

 

2°- Une affaire de compétence (la loi et une expérience de plus de 30 ans nous donnent des possibilités d’agir),

 

3°- Une affaire de cohérence (nous avons pris le temps de repérer les enjeux des déplacements, d’élaborer des orientations assises sur un diagnostic territorial et un diagnostic du Réseau Car Jaune existant sans oublier de nous intéresser aux réseaux des autres AOTU).

 

C’est évidemment aussi une affaire de moyens.

 

En effet, nos ressources financières sont limitées, au regard des importantes responsabilités que le Conseil général se doit d’assumer.

Nous consacrons pourtant, la présidente l’a rappelé, un budget conséquent pour le transport.

 

Nous n’avons pas de versement transport, comme c’est le cas pour les AOTU ni ne bénéficions d’autres financements.

Il importe que nous puissions à l’avenir bénéficier de ressources mobilisables pour des projets d’intérêt collectif.

 

Notre projet me parait répondre réellement à ce critère.

Je vous remercie très sincèrement de votre attention.

 

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1 Commentaire sur

Conférence de presse du département sur les transports ce lundi 17 juin : mon intervention

  • RéférencementNo Gravatar |

    Une intervention qui soulève effectivement quelques questions intéressantes. Vous avez bien fait de partager votre expérience, bonne continuation.

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