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2010
« Plan ravines » : à quand un vrai service public à l’environnement ?
Catégorie : DÉVELOPPEMENT DURABLE, Environnement
La mise d’une partie de l’île sous vigilance de forte houle a un effet inattendu.
Selon Radio-Réunion de ce vendredi matin, la Préfecture est obligée de retarder son « plan ravines ».
Il s’agit d’une opération de prévention contre le chikungunya, visant à démoustiquer ces endroits souvent infectés.
La houle présenterait certains inconvénients, obligeant à retarder l’action préventive.
L’opération sera menée en trois vagues de 8 mois, interrompues par des périodes d’inactivité.
Elle fait appel à des associations recourant pour la plupart à des personnes embauchées sous contrat à durée déterminée ou comme emplois aidés.
Il serait bon de connaître si un appel à candidatures a été lancé pour le choix des associations opérantes.
Si tel a été le cas, cela aurait échappé à notre vigilance.
En tout cas, il faut espérer que la sélection a été faite sur la base de compétences connues et reconnues.
On peut regretter que l’Etat se retrouve dans la situation de recourir indirectement à des emplois précaires sinon à des contrats aidés pour accomplir une tâche de service public.
S’exprimant sur radio-Réunion un responsable d’association appelée à opérer dans l’Ouest a exprimé le souhait d’une pérennisation de ces emplois.
Cela nous rappelle qu’au paroxysme de la crise du chikungunya, la proposition avait été faite de former de véritables bataillons de lutte contre les maladies émergentes du même genre.
Il avait été émis l’idée de mobiliser à cet effet tous les moyens disponibles et d’envisager la création d’un groupement pouvant même intervenir dans les pays de la zone.
On s’était un peu moqué de cette proposition.
Si elle avait été suivie d’effet, serait-on dans la situation d’aujourd’hui ?
Ben, c’est pas que l’Etat, parce que la région était aussi dans l’opération. Ce plan ravines, c’est fait aussi par le comité pour l’emploi, la formation professionnelle et l’insertion à la Réunion (CEFIR) et il y a le préfet et Didier Robert, le président de la région.
C’est dans le plan pour ceux qui ne vont plus avoir d’allocations chômage, comme moi. A l’assedic, on nous avait parlé de 500 emplois qui allaient être fait. C’était des CAE mais déjà en juin, on nous a dit qu’il y avait pas assez de monnaie pour tous, alors on allait en faire que la moitié.
Une fois de plus, l’Etat n’est pas capable de faire face à ses responsabilités, notamment quand il s’agit de la santé publique.
On se rappelle comment le préfet de l’époque avait préféré ignorer le début de l’épidémie de chik à La Réunion il y a quelques années. Les communiqués de la DRASS disaient qu’il n’y avait aucun décès à cause de la maladie. Il a fallu des semaines et une mobilisation internationale pour que le préfet fasse prendre en compte cette épidémie. Et c’est le conseil régional avec Vergès qui avait sonné la mobilisation de tous.
Quand la grippe H1N1 est arrivée, Nadine Bachelot s’est empressée de commander des millions de vaccins… qui restent encore dans les pharmacies ou chez les médecins. Le bide total, question gestion de l’épidémie.
Après les inondations dans le Var, il y a eu des cas de dengue ou de chik. Première réaction des autorités : ce sont des cas importés. Bon peut-être, mais il y a quand même une recrudescence de moustiques. Que fait le gouvernement pour endiguer ça ? Rien si ce n’est de dire qu’il faut que les collectivités locales se mobilisent. Ben voyons…
Aux Antilles, c’est la dengue qui refait son apparition. Et que fait le gouvernement, à part pondre un communiqué signé Bachelot et Penchard ? D’ailleurs, ce communiqué vaut son pesant de pistaches, et la preuve d’une incapacité à faire face à ses responsabilités : « L’épidémie de dengue dans les Antilles françaises survient dans un contexte de recrudescence de la dengue dans le monde. L’Organisation mondiale de la Santé signale ainsi que, 2,5 milliards de personnes soit les 2/5 de la population sont exposés à ce risque et près de 50 millions de personnes sont infectées chaque année ».
En clair, on ouvre le parapluie pour dire : que représentent quelques milliers de Guadeloupéens ou de Martiniquais face à des millions d’humains eux aussi contaminés ?
Quant à la stratégie de lutte définie par les deux ministresses, c’est du grand n’importe quoi : « L’Etat et les collectivités locales mobilisent des moyens afin de surveiller l’épidémie et de lutter contre les moustiques vecteurs de la dengue. Les autorités locales – en particulier les préfets, les présidents des conseils généraux et de la collectivité de Saint-Martin, et les directeurs généraux des agences de santé – coordonnent la réponse à l’épidémie dans le cadre du plan de surveillance, d’alerte et de gestion des épidémies. »
On surveille, on alerte… la belle affaire. Mais quelle est la réponse en termes de prévention ?
Pourquoi toujours attendre de l’Etat? certains élus réunionnais font face à leurs responsabilités. J’habite Le Port, à proximité d’une école. et je peux vous dire que depuis l’épidémie de chik, la mairie fait le nécessaire régulièrement (le mardi soir) pour traiter l’espace et d’après ce que l’on a pu me dire, avec des produits biologiques.
L’initiative méritait d’être saluée… et imitée !!!
Effectivement certaines communes comme Le Port ont pris leurs responsabilités et nous ne pouvons que nous en féliciter.
Toutefois, les risques se doivent d’être gérés dans leur globalité, sous peine de rendre inefficaces les efforts réalisés individuellement, ce qui nécessite que la gestion en soit centralisée.