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2011
Le projet socialiste et les outremers (20 / 30) – Valoriser les patrimoines culturels
Catégorie : OUTRE MERS, Présidentielles 2012
Dans le prolongement des articles consacrés au projet global, voici la présentation des propositions socialistes pour l’outre-mer.
Il appartient aux responsables politiques réunionnais d’envisager de marquer d’une empreinte réunionnaise ce projet présidentiel de 2012. Dès lors, il est ouvert à toute discussion.
La 20e proposition des socialistes est celle-ci :
« Mettre en œuvre dans tous les Outremers des plans de valorisation des patrimoines culturels et accroitre les responsabilités locales dans le domaine culturel ».
Ce n’est pas sans rappeler la mission pour valoriser la culture ultramarine confiée par … Frédéric Mitterrand, ministre de la culture, en octobre 2009 à Michel Colardelle, ex conservateur général du patrimoine et directeur du service à compétence nationale du Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée).
Cette mission avait pour objectif de définir le cadre d’une nouvelle politique culturelle de l’Outre-mer, de valoriser les richesses culturelles de l’Outre-mer afin que l’Etat puisse « définir le cadre d’une nouvelle politique culturelle, ambitieuse, en faveur de l’Outre-mer ».
Michel Colardelle a rendu son rapport qui s’intitule « De mémoire et d’espoir – Pour une action rénovée de l’État en faveur du développement culturel des Outremers français ». Le document est téléchargeable sur le site de la Documentation française.
Colardelle pose ce premier constat :
« Créées très tard (1982 pour La Réunion, 1984 pour le Martinique, 1989 pour la Guadeloupe et 1992 pour la Guyane), alors que toutes les régions métropolitaines en ont été dotées en 1977), les DRAC ultramarines n’ont jamais atteint ni les effectifs, ni les moyens budgétaires de leurs homologues métropolitaines.
Ainsi, dans les départements d’Outre-mer, les crédits culturels de l’Etat par habitant étaient en moyenne en 2009 de 11,1 € en AE (6,4 à La Réunion !), contre 12,7 en métropole, le chiffre s’aggravant en CP puis qu’il était de 10 € en Outre-mer pour 12,9 en métropole, ce qui traduit le sous-équipement technique des DRAC et aussi celui de ses partenaires ».
Puis il souligne « Une insuffisante coordination des acteurs publics de la Culture ». A commencer entre les relations entre les services de l’Etat (DRAC) et les collectivités locales, comme ce que nous avons connu à La Réunion.
Avant de poursuivre :
« L‘absence de planification d’ensemble (qui) amène les mairies et les intercommunalités à une trop grande dispersion, budgétairement préjudiciable, d’investissements parfois redondants. (…).
Le pire est certainement l’inexistence dans trois régions sur quatre, contrairement aux obligations réglementaires, de schémas directeurs des enseignements artistiques ».
Et de regretter :
« La faiblesse culturelle la plus préjudiciable réside dans l’insuffisant niveau de formation initiale, professionnelle – spécialisée – et continue. (…).
Quant aux spécialités enseignées, on remarque l’insuffisance des matières relevant de la catégorie des « arts traditionnels », musique, danse, métiers d’art, pour lesquels manquent les structures mais aussi les professeurs, du fait de la carence en formation dans ces spécialités, y compris en métropole où cela ne porte pas à des conséquences aussi graves : ce sont pourtant des domaines où les potentialités locales sont remarquables, et les débouchés économiques non négligeables ». (…) ».
Colardelle consacre la suite de son rapport aux propositions « pour une nouvelle politique culturelle ».
Le projet socialiste a donc déjà une voie toute tracée.
Encore faudrait-il que certaines collectivités aient un projet culturel,ce qui n’est pas toujours le cas dans les communes et ce qui n’est plus le cas aujourd’hui à la région
@ jean-jacques
Effectivement, la politique culturelle a trop souvent visé à promouvoir exclusivement le »doudouisme » et à donner des peuples d’Outre-Mer une image un peu caricaturale.
Dans le perspective d’une action culturelle authentique, le rapport Collardelle présente des suggestions pertinentes.
Le dommage, c’est que plus on attend, plus ce qu’il reste de tradition orale, ce que les anciens peuvent encore transmettre, part avec eux. C’est toute une richesse culturelle qui nous échappe. Et peu de monde qualifié pour recueillir leurs souvenirs et leur savoir.