En France, le taux de chômage des Bac + 8 est inquiétant

 

   En 2007, 10% des anciens doctorants étaient au chômage contre 7 % de diplômés niveau Master et 4 % niveau ingénieur.

 

«Quand je pars en congrès aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en Allemagne, on m’appelle Docteur, explique Médéric, 34 ans, docteur en physique après un diplôme d’ingénieur aux Mines de Paris. 

 

En France, un ami m’a demandé d’être témoin à son mariage.

Quand j’ai rempli les papiers pour la mairie et que j’ai écrit que j’étais chercheur, on m’a demandé si j’étais un chercheur d’or»…

Cette anecdote illustre bien la façon dont la France considère ses docteurs.

 

Chaque année, la France en forme pourtant environ 11.000. 

Le Centre d’analyse stratégique vient de publier une enquête qui montre qu’en 2007, alors que les jeunes diplômés de niveau Master connaissaient un taux de chômage de 7%, celui des titulaires d’un doctorat culminait à 10%.

 

Et contrairement aux idées reçues, l’analyse comparative avec les autres pays de l’OCDE montre que cette situation n’est pas due à une surproduction de diplômés.

Il faut dire que la spécificité française tient à ses écoles d’ingénieurs. Et, quand on parle de «sciences dures», la référence concerne les diplômés de ces écoles.

 

Au nom du principe de reproduction des élites, les chefs d’entreprise généralement issus des plus grandes écoles, recrutent des jeunes issus du même établissement que le leur.

 

Et il est de notoriété publique que telle entreprise embauche plutôt des polytechniciens, telle autre des centraliens.

«Un docteur sait prendre des initiatives, il aime se frotter à des problèmes qu’il n’a jamais rencontrés contrairement à l’ingénieur», résume un docteur.

 

«Les petites entreprises ont peur d’embaucher des docteurs, observe Cécile, 30 ans, normalienne (Ulm) et docteur en biologie à la recherche d’un emploi depuis six mois.

C’est vrai que le diplôme n’est pas homogène sur tout le territoire. Et qu’au sein d’un même laboratoire, deux docteurs peuvent obtenir une thèse tout en ayant un niveau intellectuel très différent.»

 

L’augmentation du taux de chômage épargne cependant les docteurs bénéficiant, durant la préparation de leur diplôme, de financements telles que l’allocation de recherche et les conventions Cifre (CDD financés par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche).

 

Or ces deux financements présentent l’avantage d’être considérés comme une expérience professionnelle.

 

Un plus pour un docteur à la recherche d’un emploi car il peut faire valoir trois ans d’expérience.

 

«Depuis des années, la Confédération des jeunes chercheurs milite pour que la thèse soit reconnue comme expérience professionnelle notamment dans les conventions collectives, rappelle son secrétaire Simon Thierry.

Le docteur qui a été payé pour sa recherche a travaillé dans un cadre qui lui a permis d’être conscient de ses compétences. Il sait donc mieux se vendre quand il cherche du travail.»

 

Récemment, les réseaux sociaux se sont mis à regrouper les docteurs. Exactement ce que font, depuis très longtemps, les écoles d’ingénieurs avec leurs associations d’anciens.

«D’ailleurs les universités commencent à rechercher leurs chercheurs diplômés pour créer des réseaux, explique Cécile. La solution est là. Les docteurs doivent se prendre en main. Ce n’est que de cette façon que la situation évoluera.»

 

(Sources : Anne Jouan dans Le Figaro du 30/07/2010)

 

À La Réunion, Didier Robert et ses amis ont « joué » sur la détresse de jeunes diplômés qui ne trouvaient pas de travail. Aujourd’hui qu’ils se retrouvent à la tête de la Région, tout le monde va constater que l’Etat, avec la complicité de la Région, n’ouvre pas de perspectives pour tous ces jeunes porteurs de l’avenir de notre Île.

 

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6 Commentaires sur

En France, le taux de chômage des Bac + 8 est inquiétant

  • Audrey R.No Gravatar |

    Conséquence inévitable de la politique gouvernementale. Un exemple dans ce domaine : ce que l’on appelle le classement de Shanghai. Il établit un palmarès des universités dans le monde. En 2010, la France a reculé d’une place au plan mondial (elle est aujourd’hui au 6e rang ex aequo avec l’Italie et la Chine). Seules 22 universités françaises figurent parmi les 500 établissements primés. Ainsi, les universités françaises piétinent au plan mondial.

  • une terrienneNo Gravatar |

    Et malheureusement ils ne sont pas les seuls.Ces jeunes hauts diplômes envisage parfois de poursuivre leurs études afin d’enseigner et/ou de devenir chercheur.Mais parfois le sort en décide autrement:pas d’allocations doctorales,pas de laboratoire prêt à les accueillir,pas de directeur de recherche,etc…
    Et si on ne les laisse jamais travailler,comment pourront-ils acquérir de l’expérience?
    Souhaitons leurs qu’ils trouvent leurs places et leurs efforts n’auront pas été vains.
    certes ces diplômes sont valorisant mais sans expérience professionnelle,ils ne sont pas compétitifs sur un marché du travail en crise.

  • Eliane T.No Gravatar |

    Faute de trouver du travail sur place, des chercheurs formés en France (donc formation payéed par la France)quittent le pays pour faire profiter les Etats-Unis entr’autres de leur savoir. C’est vrai qu’en France, les jeunes diplômés (chercheurs ou autres) sont beaucoup moins reconnus que dans les autres pays parce qu’on a du mal à leur faire confiance. Il faut toujours prouver qu’on est capable, d’où l’expérience exigée, mais il faut bien commencer un jour !

  • GrannyNo Gravatar |

    Absolument d’accord avec Eliane. Et cela s’applique à tous, pas seulement aux plus diplômés: on demande aux jeunes d’aujourd’hui d’avoir un certain nombre d’années d’expérience, mais personne ne leur donne l’opportunité de commencer cette expérience.
    Par ailleurs, il est vrai que les chercheurs bénéficient moins de reconnaissance, d’aides, etc. en France. Ils trouvent davantage d’intérêts notamment aux Etats-Unis. Encore une fois, la France ne « sait pas » garder ces jeunes qui font l’avenir.

  • StokNo Gravatar |

    je confirme: PhD en Biologie, au chômage depuis 9 mois (après 3 ans d’ATER+post-doc). Pas de ‘réseau’ pour se faire pistonner aux concours McF, même trouver un post-doc est difficile devant la surenchère des compétences demandées ! Quant au privé, que des postes de techniciens bac+2 et pour responsable R&D, il faut avoir 8-10 ans d’expérience! Merci d’avoir trimé dans les études pour rien, au revoir…Si je pouvais remonter le temps je ferais un BTS.

  • loulouNo Gravatar |

    Je suis tout à fait d’accord avec Stock, sans appuis pas de travail ! Et moi aussi, je regrette mon doctorat. Au chômage depuis 10 mois, avec mari et efants, je ne peux me permettre de partir à l’étranger ! Qaund le gouvernement va-t-il prendre conscience de la force vive inexploîtée et qui est à sa portée ? Les mentalités ne changeront que lorsque nous seront reconnus comme élite tout comme ceux qui sortent des grandes écoles d’ingénieur. Bon courage à toutes et à tous pour la suite…

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