Énergie-Climat- La ville au cœur de la politique énergétique

 

  Dans un article, « Le Moniteur », sous la plume de  Florent Detroy explique pourquoi les villes sont au cœur des politiques énergétiques.

 

Extrêmement intéressant. 


Des constats alarmants 

 

1°- Aujourd’hui, plus de 50% de l’humanité vit en ville. En 2030, la proportion sera de 60%.

 

2°- Les territoires urbains sont déjà responsables de 2/3  de la consommation énergétique mondiale et pour plus de 70% aux émissions globales de carbone.

Selon la Banque Mondiale, l’augmentation de 150% de la population urbaine dans le monde entre 1990 et 2025 devrait se traduire par un quadruplement de la consommation totale d’énergie.

 

3°- Avec la poursuite de l’urbanisation, les villes consommeront  73% de l’énergie dans le monde en 2030.

 

4°- Ce phénomène a été aggravé par l’absence de prise en compte de la problématique énergétique et climatique, ce qui a provoqué ou accentué une dispersion des centralités et un étalement urbain sans précédent.

 

5°- Pendant que la population augmentait de 3% sur la décennie 1990-1999, la tache urbaine a crû de 10% sous l’effet de l’augmentation du nombre de déplacements et de l’allongement des distances à parcourir. Cette tendance a également un impact majeur sur les émissions de CO2.

 

6°- Dans la « facture COE » des territoires urbains, figure en première place la construction qui, à elle seule, produit 50% des émissions.

 

La ville « post carbone » 

 

Tout cela fait des villes des acteurs à part entière dans le domaine du développement durable et de l’énergie, non seulement aujourd’hui, mais demain.

Notamment pour initier des projets de réduction de la consommation d’énergie et des émissions de CO2, et par conséquent dans l’instauration à terme de sociétés post carbones. 

 

« La ville post carbone devra ainsi être capable d’associer les services attachés à la modernité tout en assurant une faible empreinte écologique », rapporte le journaliste.

 

Car « Le principal atout de la ville est sa capacité à agir sur de grands postes d’économies potentielles, comme le chauffage ou le transport ».

 

L’ONERC, l’Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique, souligne, lui,  la nécessité d’agir sur tous les secteurs consommateurs et émetteurs de la ville.

 

L’Observatoire rappelle que les villes sont «des systèmes très intégrés, dans lesquels les différents réseaux (d’eau, d’électricité, de transport), le tissu et les séparations sociales, sont imbriqués et fonctionnent ensemble».

 

Les performances des collectivités seront donc déterminées avant tout par leur capacité à assembler des actions dans différents secteurs.

 

Comme dans le secteur des transports, par exemple : comment proposer des modes de transport – donc des services aux administrés – limitant aussi bien la consommation d’énergie que le rejet de CO2.

 

Pour l’instant, la seule réponse a été l’utilisation de modes de transports motorisés.

 

La réelle légitimité des villes dans ce domaine, forces de proposition 

 

Les premiers engagements des villes en faveur de la réduction de la consommation d’énergie et de l’environnement datent du sommet de la Terre en 1992 à Rio, lorsque 173 chefs d’États signent l’Agenda 21.

 

Celui-ci donne la responsabilité aux collectivités territoriales « d’appliquer des mesures de développement durable dans un certain nombre de domaines, du logement à la gestion des ressources ».

 

C’est la première fois que l’on voit reconnaître la légitimité du terrain face à ces problématiques.

 

Cette légitimité les a poussées à agir et à intervenir sur toutes les branches de ces questions énergétiques et climatiques.

 

Rapidement, elles se sont organisées  en réseaux.

 

Lors du sommet de Copenhague, ces réseaux ont fait un énorme travail de lobbying, en rencontrant l’ensemble des délégations.

 

Au Mexique, ils ont réussi un énorme coup avec le Pacte de Mexico.

Les villes ont réussi à obtenir une vraie reconnaissance politique.

 

Aujourd’hui, il faut qu’elles travaillent sur l’élaboration de propositions techniques qui permettent de mettre sur la table des négociations des propositions qui soient des solutions et non de nouveaux problèmes.

 

Au plan européen, c’est l’adoption du Paquet Energie Climat en 2008 qui a été l’occasion pour les réseaux de villes d’entrer en scène.

 

Quelques jours après l’adoption du Paquet, 350 maires, fédérés par l’initiative de la Convention des maires, se sont engagés devant le Parlement européen à atteindre les objectifs des 3 fois 20, (limitation des émissions de CO2) et même à les dépasser de façon libre et volontaire.

 

Aujourd’hui, la Convention réunit 1.600 maires, et s’est imposée comme un acteur et un interlocuteur majeurs en Europe.

 

Les pays émergents feront les villes de demain 

 

Les taux d’urbanisation des pays développés oscillent entre 70 et 82% et ne devraient pas beaucoup évoluer dans les années à venir, alors que certains pays ont déjà atteint leur limite.

 

C’est le cas notamment de la Belgique, de l’Islande ou encore d’Israël, qui connaissent des taux d’urbanisation au-dessus des 90%.

 

Si ces pays développent actuellement les outils pour réduire leur consommation, les pays en développement doivent faire face à une autre problématique, le contrôle de leur urbanisation éclair.

 

Si Londres est passé de 1 à 8 millions d’habitants en 130 ans, il n’aura fallu à Dakar que 45 ans et 25 ans à Séoul, selon les chiffres de l’UN-HABITAT.

 

Sur les 40 prochaines années, c’est l’Afrique et surtout l’Asie qui connaîtront la croissance urbaine la plus abrupte.

 

De respectivement 40% et 42% de taux d’urbanisation en 2010, l’Afrique et l’Asie devraient passer à respectivement 62% et 65% d’ici à 2050. 

 

Cet exode rural impliquera la construction de 7 Chicago par an pour accueillir ces nouveaux venus.

 

Au total, les villes compteront plus de 2 milliards d’habitants en plus d’ici à 2050.

 

Pratiquement tous les pays sur la terre afficheront un taux urbanisation supérieur à 50%.

 

Parmi ces nouveaux arrivants, 30 de ces pays seront africains, et 17 asiatiques.

 

C’est dire l’importance de la ville dans les 40 ans à venir.

 

Le nombre de villes géantes, c’est à dire de plus de 10 millions d’habitants, passera notamment de 21 à 29 en 15 ans.

 

Sur ces nouvelles villes, 5 seront situées en Asie (Shenzhen, Chongqing, Guangzhou, Djakarta and Lahore).

 

Symbole de cette évolution, la population urbaine chinoise devrait atteindre un milliard d’habitants en 2030.

 

Le cabinet d’études McKinsey anticipe également la naissance de dizaines de nouvelles villes de taille moyenne dans les pays émergents, à l’instar de Sharjah dans l’Union des Émirats Arabes ou Vadodara en Inde.

 

Un «pachyderme» trop lent à évoluer ? 

 

La façon dont ces pays construisent actuellement leurs villes déterminera pour 100 à 150 ans la forme urbaine de ces pays, et par conséquent leur besoin énergétique.

 

Déjà, l’AIE a calculé que la part des villes dans la consommation énergétique mondiale devrait passer de 67% en 2006 à 73% en 2030.

 

Devant la progression de leur consommation énergétique, les villes commencent à avoir entre les mains des outils de gestion de plus en plus efficaces. 

 

Ils vont des règles d’urbanisme aux normes du bâti en passant par des engagements contraignants au sein de programmes multi-sectoriels.

 

Pourtant, beaucoup de doutes subsistent encore sur l’efficacité d’un interventionnisme urbain.

 

Dans une étude sur la ville post-carbone en 2030-2050, publiée en 2009 par le ministère du développement durable, le responsable de cette étude, reconnaissait que «la place des villes, et indirectement des collectivités locales, reste encore aujourd’hui très largement ouverte »… 

 

Et l’étude en fournissait la raison :

«… si chacun s’accorde sur leur poids déterminant dans la consommation d’énergie ou les émissions de gaz à effet de serre, il subsiste d’importantes controverses sur les marges de manœuvre dont elles peuvent réellement disposer compte tenu, notamment, de l’importante inertie des systèmes urbains».

 

De manière plus prosaïque, le Centre d’Etudes sur les Réseaux, les Transports, l’Urbanisme et les constructions publiques (CERTU) décrit cette même idée en confiant ainsi que « la ville reste un pachyderme qu’il est difficile de faire évoluer ».                                                                                                                                                         

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3 Commentaires sur

Énergie-Climat- La ville au cœur de la politique énergétique

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    il est vrai que les villes sont en première ligne, mais comment vont-elles pouvoir faire face à des dépenses supplémentaires (et lourdes), dans un budget contraint, quand le gouvernement détricote le Grenelle etc.

  • ùXBäNo Gravatar |

    on continue à raisonner comme si l’accroissement
    de la population mondiale était une fatalité voire
    une bénédiction…le tableau de la vie sur terre
    que l’on nous promet pour dans 20 ans est tout simplement cauchemardesque…la première urgence serait pourtant de sensibiliser les populations et
    de stabiliser la population mondiale au niveau actuel car tous les problèmes les plus graves en sont la CONSEQUENCE !…pollution , manque d’eau ,
    manque de nourriture , flambée des prix du foncier
    et des matières premières , chômage massif…
    à l’échelle de la réunion , on nous annonce tranquillement 1 million ou 1,2 milions dans 30 ans ? AU SECOURS !

  • Bruno97490No Gravatar |

    C’est vrai, il y a encore beaucoup à faire.
    Mais qui est le « pachyderme »? les collectivités locales ou le gouvernement?
    les collectivités ont bougé – plus que le gouvernement – mais comme toujours, parce qu’il ne sait pas gérer autrement – le gouvernement fait des arrêtés ou prend des décrets, voire rédige des circulaires. Cela vient de se passer; l’information a été donnée par le site Localtis:

    Une circulaire du 3 août 2011 du ministère de l’Ecologie précise les modalités de mise en oeuvre d’une nouvelle obligation pour les collectivités territoriales et les EPCI : celle de présenter, préalablement au débat sur leur projet de budget, un rapport sur la situation interne et territoriale en matière de développement durable.

    la suite à lire à l’adresse suivante
    http://www.localtis.info/cs/ContentServer?pagename=Localtis/LOCActu/ArticleActualite&jid=1250262276552&cid=1250262271849

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