Le Blog de Pierre VERGÈS

   Les deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, sont retenus en otage depuis exactement 300 jours.

Depuis le 30 décembre 2009, ils ont été enlevés ainsi que leurs trois accompagnateurs afghans, Mohamed, Ghulam et Satar, à 60 km de Kaboul, dans la province montagneuse de Kapisa, alors qu’ils tournaient un documentaire pour le magazine 3Pièces à conviction ».

Depuis, les négociations n’ont jamais été rompues mais elles s’avèrent compliquées. Il y a quelques semaines, Nicolas Sarkozy et le ministère des Affaires étrangères avaient parlé de leur libération éventuelle et proche.

Depuis, rien.  Silence radio. Un commentaire laconique seulement : « Nous sommes pleinement mobilisés, à Paris et à l’ambassade de France à Kaboul. » Dont acte.

Les services de l’État maintiennent donc volontairement le flou. Le Quai d’Orsay explique que « la discrétion est la condition nécessaire à l’efficacité des négociations ».

Faux, dénonce Florence Aubenas, ex-otage en Irak :

« La médiatisation les protège : un otage dont on ne parle pas est un otage oublié (…) Très souvent, on nous dit qu’on ne veut pas trop en parler parce que ça fait monter les enchères, ça met leur vie en danger. Mais on a constaté que les rançons ne sont pas plus basses et les chances de libération pas plus hautes (..). Je suis persuadée qu’ils comptent les jours et, même, chaque minute ».

Elle sait de quoi elle parle.

Comme le savent, par exemple, Christian Chesnot et  Georges Malbrunot.

Ou Jean-louis Normandin, grand reporter enlevé au Liban en mars 1986 et retenu en otage plus d’un an et demi pour qui « Un otage, c’est un passeport, une parcelle de la nation ». D’ailleurs, il se bat pour que soit reconnu aux otages le statut de victime.

Selon le Quai d’Orsay, 11 Français sont actuellement retenus en otage à travers le monde.

Et depuis janvier 2010, tous pays confondus, 154 journalistes ont été emprisonnés et 35 ont été tués.