Alerte Climat – Conférence environnementale : marché de dupe ou vrai changement ?

 

   Ci-dessous un article très intéressant écrit par Jean-François Julliard, directeur exécutif de Greenpeace France et publié dans « Le Monde » du 18 septembre.

 

L’Arctique, ce régulateur du climat mondial, ce sanctuaire pour la biodiversité marine et terrestre, est en train de disparaître sous nos yeux.

Cette semaine, la fonte de la glace dans la région a atteint un niveau record.

 

Cette nouvelle grave pour la planète ne semble pourtant émouvoir personne.

Au contraire elle réjouit même certains.

 

Comble du cynisme, les groupes gaziers et pétroliers du monde entier se ruent vers les terres et les espaces marins libérés par la fonte de la glace pour tenter d’extraire les dernières ressources en hydrocarbure de cette région extrêmement fragile.

 

En France, la conférence environnementale voulue par François Hollande était le premier acte d’une véritable stratégie du changement : la fameuse transition écologique et énergétique.

 

Mais il est urgent d’agir.

 

Le risque d’atteindre un point de rupture (perturbation irréversible du climat, choc brutal sur les prix de l’énergie, catastrophe technologique majeure) augmente et le temps disponible pour agir  est compté.

 

Nous avons perdu beaucoup de temps durant le quinquennat précédent.

Le Grenelle de l’environnement qui avait suscité une ferveur et un enthousiasme nouveaux a accouché d’une souris. Les mesures finalement entrées en vigueur sont insuffisantes.

 

François Hollande et son gouvernement sauront-ils changer de logiciel et prendre les mesures ambitieuses dont notre planète et notre pays ont besoin en matière de protection de l’environnement et de changement de modèle énergétique ?

 

Il faut garder la tête froide.

 

Le débat et la concertation – la fameuse méthode Hollande – ne font pas une politique environnementale.

 

Écouter tout le monde, oui.

Ménager tout le monde, non.

 

Il va falloir trancher entre les intérêts économiques de l’industrie du nucléaire et des hydrocarbures et l’intérêt supérieur de l’environnement.

 

Et pour l’heure, les signaux envoyés par le gouvernement n’inspirent guère confiance : la poursuite des forages profonds au large de la Guyane, le départ de Nicole Bricq du ministère de l’Écologie, les ambiguïtés sur les gaz et pétrole de schiste, les provocations d’Arnaud Montebourg à quelques jours d’une conférence environnementale, etc.

 

Le gouvernement nous a demandé de le juger sur les actes.

Pour l’instant, les actes sont inquiétants et ne vont pas dans la bonne direction.

 

Et le risque est grand que dans l’urgence sociale actuelle, avec une légitime priorité donnée à l’emploi l’utilisation des mêmes vieilles méthodes productivistes, l’obsession du court terme lié au temps politique, ne nous privent du changement tant promis.

 

L’indépendance énergétique de la France passera par la fin de notre dépendance au nucléaire et aux hydrocarbures.

Pour réellement développer les renouvelables à la hauteur des grandes capacités de notre pays, il faudra faire sauter les verrous de ces énergies du 20ème siècle.

 

Il faudra revoir notre façon de consommer et de produire de l’énergie avec pour idée force que la première source d’énergie en France doit être celle qu’on économisera.

 

Concernant les hydrocarbures de schiste, le débat qui s’annonce sera houleux tant l’appétit des industriels est grand.

Fracturation hydraulique ou pas, la folie d’une exploitation des gaz et pétrole de schiste scellerait définitivement le destin de la transition écologique.

 

L’impératif climatique nous interdit d’aller chercher ces nouvelles ressources

 

À propos du nucléaire, l’équation répétée par le candidat Hollande tout au long de sa campagne – réduction de 75% à 50% de la part du nucléaire d’ici à 2025, en ne fermant que la centrale de Fessenheim et en lançant l’EPR de Flamanville – ne tient pas.

 

La fermeture de Fessenheim est un os  à ronger lancé aux écologistes pour nous détourner de l’essentiel : l’ensemble du parc nucléaire français est vieillissant, de plus en plus onéreux, et sa sûreté ne peut être garantie.

D’autres centrales devront rapidement fermer. 

 

Le futur débat sur l’énergie doit en tous cas resté ouvert à cette éventualité.

Les mots  » sortie du nucléaire  » ne doivent pas être d’emblée écartés.

 

Sur tous ces sujets et d’autres qui ont été abordés pendant la conférence environnementale et au cours des débats qui vont suivre, la vigilance des défenseurs de l’environnement est déterminante.

Le rapport de force, dedans et dehors, essentiel.

 

Nous y prenons notre part.

 

Jean-François Julliard,

directeur exécutif de Greenpeace France

 

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