Le Blog de Pierre VERGÈS

  Il se passe toujours quelque chose dans ce grand cirque Barnum qu’est l’UMP ou la droite populaire. Passons pêle-mêle en revue ce théâtre de

« ruelle » :

Acte 1 – Le député Lionnel Luca  envisage de supprimer le droit de grève pour les personnels des transports.

Acte 2 – Le député Michel Raison qui veut censurer « certains groupes de rap issus de l’immigration », car selon lui, ils « se livrent à de véritables appels à la haine raciale et religieuse en proférant des paroles obscènes, racistes et misogynes ».

Acte 3 – Le ministre Wauquiez, qui s’en était pris au RSA, et avait parlé du « cancer de l’assistanat », en évoquant les attributaires de ce minium de survie.

Acte 4 – Les membres de la « droite populaire » qui veulent que l’on verse les prestations sociales seulement aux familles respectant les  obligations scolaires ou veulent instaurer un permis de séjour à points.

Dans le registre des fichiers, on avait déjà eu Hadopi. Ou Edwige.

Déjà de belles entailles aux libertés fondamentales.

Et cette fois, un fichier des allocataires sociaux ! 

Mais c’est dans la lignée philosophique de leurs concepteurs.

L’auteur de cette nouvelle ignominie ?

Thierry Mariani.

Lequel est… ministre des Transports depuis le dernier remaniement, mais surtout fondateur de la droite populaire.

La droite populaire, c’est l’antichambre du FN.

Et la technique de Mariani a été utilisée par tous ses amis.

Ils lancent une idée, voient les réactions et c’est parti : le gouvernement fait semblant de réfléchir et rédige en douce les prémisses d’une loi.

Avec une session parlementaire extraordinaire début septembre, il faut faire vite…

D’autant plus que les présidentielles approchent…

Qui sont les fraudeurs ? 

Car ils représenteraient un danger capital pour l’économie française, ces bénéficiaires des minima sociaux.

De vrais délinquants.

Des fraudeurs redoutables.

Plus dangereux que les pestiférés du Moyen-Age.

Leur crime ? Avoir lésé l’État… UMP !

Le bras de l’État dans ce domaine, c’est la CNAF. 

Pourtant, l’organisme explique que s’il y a eu des erreurs, dans 55% des cas, c’est parce qu’il s’agit de déclarations d’activités ou de ressources qui n’ont pas été mises à jour.

Ces erreurs ou déclarations erronées représentent moins de 2 milliards d’euros sur un budget de 72 milliards. 

D’accord, par les temps qui courent, 2 milliards, c’est important.

Mais les chiffres sont têtus :

Que sont 2 milliards par rapport aux 14 ou 16 milliards d’euros de fraude aux cotisations sociales dénoncés par  la Mission d’Évaluation et de Contrôle de la Sécurité Sociale ? Broutille !

Que sont ces mêmes 2 milliards par rapport aux 40 ou 50 milliards d’euros d’évasion fiscale annuelle ?

Broutille ! 

Les fraudeurs ne sont donc pas là où Mariani le dit.

Des méthodes policières 

La proposition de Mariani a reçu le soutien de plusieurs membres de l’UMP, dont Xavier Bertrand (ministre du Travail) et Roselyne Bachelot (ministre des Solidarités).

Ce qui prouve que l’idée est en bonne voie pour se transformer en projet de loi, car ce ne sont plus les seuls « ultra » de la droite populaire, mais c’est aussi une partie du gouvernement qui adhère à l’idée.

Et sur ce dossier, Sarkozy est resté – jusque-là – très discret.

Ce n’est pas vraiment bon signe !

Pour Roselyne Bachelot :

« Ce fichier va permettre d’avoir une photographie complète de la situation d’un assuré social ».

Photo de face, photo de profil.

Et numéro d’allocataire dessous.

Ça ne vous rappelle rien ?  

Pour Xavier Bertrand :

«La création d’un répertoire unique des allocataires sociaux, que l’on peut croiser avec les fichiers existants est la meilleure façon de renforcer la lutte contre les fraudes sociales.

On pourra éviter les doublons et on s’apercevra des incohérences de versement des prestations ». 

Croiser des fichiers ?

C’est étendre au secteur social une méthode policière.

Pour Hervé Morin :

« Ficher les plus pauvres à des fins électoralistes ne saurait être une réponse à la détresse de millions de personnes honnêtes qui aspirent avant tout à sortir de la spirale de l’exclusion ».

Alors là, chapeau, pour un tapis mendiant de bêtises, c’est parfait.

Il est où, le rapport entre le fichage et la pauvreté ?

Et celui entre l’honnêteté et la volonté de s’en sortir ?

Un fichier aussi pour les ministres fraudeurs ? 

Et comment oublier cette sentence de Thierry Mariani :

« Quand on lutte contre ceux qui profitent indûment de notre système de solidarité, je crois que c’est avant tout les bénéficiaires qui sont les premiers à bénéficier de cette lutte contre la fraude ».  

Moi, je dis chiche, luttons contre ceux qui profitent indûment du système : les rois de l’évasion fiscale, les champions des faillites frauduleuses, et bien évidemment, les ministres qui se font payer des cigares, des voyages en jets privés, des frais de pressing, qui ont plusieurs logements de fonction…..

Y’a pas plus urgent à faire ?  

Cette proposition est ignoble et inacceptable.

Et l’on ne peut s’empêcher de la mettre en parallèle avec ce que vient de faire le gouvernement : couper définitivement les vivres au SAMU social, « enterrer vivants » ceux qui n’ont pas de toit, aucun moyen de subsistance, et les laisser mourir dans la rue.

Doit-on considérer que la chasse à la misère, à la détresse a bel et bien été ouverte par le gouvernement ?

Lequel gouvernement n’a-t-il donc pas d’autre chose à faire ? 

Au moment où la crise financière et économique connaît un regain, où l’on s’achemine vers un krach boursier colossal, où des jeunes Français meurent toutes les semaines ou presque dans des guerres qui ne nous concernent pas, où une partie de l’Afrique meurt de faim…

Mariani aurait pu s’occuper de son portefeuille : celui des transports.

Notamment aérien. Par exemple en Calédonie.

Il faut donc croire que quand on est ministre :

– soit on n’aime pas son ministère, et on rêve d’en avoir un autre,

– soit cela prend tellement peu de temps que l’on a des loisirs à occuper,

– soit on a du temps pour trouver comment on peut encore plus stigmatiser des populations que, depuis des années, on couvre de tous les maux.

Quelle tristesse ! Qu’en pensent les Victoria, Farreyrol et autres Didier Robert ?