Les premiers effets d’une réforme des retraites pas encore adoptée : pagaille en vue !

 

   Selon le journal « Les Echos » du 27 juillet,

« la suppression des départs anticipés pour les mères de trois enfants dans la fonction publique risque de provoquer des départs massifs avant l’entrée en vigueur de la mesure.

On commence à s’inquiéter des conséquences sur les effectifs à l’hôpital et à l’Education nationale. »

 

La réforme des retraites vise à allonger la durée du travail, mais l’une des mesures prévues va, paradoxalement, accélérer le nombre de départs dans la fonction publique.

 

Le projet de loi validé la semaine dernière en commission à l’Assemblée nationale met fin à la possibilité de retraite anticipée pour les mères de trois enfants au bout de quinze années de service dans la fonction publique.

 

Si elles veulent bénéficier de ce droit sans être pénalisées par les nouvelles règles de décote, elles doivent faire leur demande de départ en retraite avant le 31 décembre prochain.

 

« On risque de se retrouver face à des départs massifs », prévient le député UMP Laurent Hénart, rapporteur pour avis du texte à la commission des Finances, qui a demandé au gouvernement de prendre des mesures pour mieux informer les fonctionnaires et tenter de lisser les départs.

 

Une demande restée sans réponse pour le moment.

 

Le secrétaire d’Etat à la Fonction publique, Georges Tron, a répondu que ces départs étaient « absorbables » et que l’information était en train d’être largement diffusée.

 

Il a néanmoins accepté de remettre le sujet sur la table lors du débat en séance publique en septembre.

 

L’impact exact sur le flux de départs est pour le moment difficile à évaluer, car personne n’est en mesure de chiffrer le nombre de femmes qui remplissent les deux conditions actuellement – 3 enfants et quinze ans de service – et qui pourraient décider de liquider leurs droits avant la fin de l’année.

 

On connaît seulement le flux de départs annuel au titre de ces droits.

 

L’hôpital est le premier secteur concerné, les professions d’infirmiers et d’aides-soignants étant très majoritairement féminines.

 

On commence déjà à s’inquiéter dans les établissements de santé.

 

« On constate une énorme demande d’information », observe-t-on à la Fédération hospitalière de France. 

 

« Sur les 1.100 agents du centre hospitalier d’Annonay dont je préside le conseil de surveillance, 85 ont la possibilité de partir, s’émeut Olivier Dussopt, député PS de l’Ardèche.

 

« Comment un hôpital pourrait-il faire face à une telle hémorragie de personnel ? » 

 

« Environ 5 % du personnel hospitalier pourrait prétendre à liquider ses droits », selon Sylvie Brunol (CGT), qui se base sur les remontées d’informations d’« une vingtaine de gros établissements ».

 

« Or, les hôpitaux ont déjà des difficultés à recruter des infirmiers actuellement », rappelle Didier Bernus (FO).

 

Dans l’Éducation nationale aussi, le nombre de bénéficiaires est difficile à définir.

La question reste sans réponse Rue de Grenelle et les syndicats enseignants ne parviennent qu’à des estimations sur la base de sondages.

 

Le SE-Unsa calcule ainsi que la retraite anticipée concernerait environ 25.000 enseignantes, dont près de 12.000 en maternelle et en primaire.

 

Un chiffre compris dans la fourchette établie par le SNUipp-FSU, premier syndicat dans le primaire : entre 11.000 et 13.500.

 

« Même si seulement une personne sur deux concernées décide de prendre sa retraite d’ici au 31 décembre, on aurait 6.000 enseignants en moins dans le premier degré, souligne Joël Péhau du SE-Unsa. Or, on ferme le robinet des recrutements. » 

 

En effet, seuls 3.000 postes de professeurs des écoles seront offerts en 2011, contre 6.577 cette année.

 

Dans le second degré, le SNES évalue à 10.000 le nombre d’enseignants concernés et à environ 5.000 ceux qui pourraient effectivement poser leur demande avant le 31 décembre.

 

« Cela posera des problèmes pour assurer la correction et les jurys du baccalauréat puisque le départ en retraite devra se faire au plus tard le 30 juin », remarque Anne Féray du SNES.

 

« On risque d’avoir une rentrée 2011 très compliquée, prédit pour sa part Christophe Bigot du SGEN-CFDT. « 

  

La pagaille…s’organise ! N’ayez crainte, le Gouvernement y veille…

 

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7 Commentaires sur

Les premiers effets d’une réforme des retraites pas encore adoptée : pagaille en vue !

  • Eliane T.No Gravatar |

    On a déjà eu recours à des embauches importantes d’infirmières espagnoles. N’est-ce pas ce qu’il risque d’arriver : embaucher des personnes à moindre coût sur des postes précaires ? On peut s’inquiéter de cette possible dérive vers une santé à moindres frais. Pareil pour l’enseignement.

  • Michel GRONDINNo Gravatar |

    Voilà un sujet oh combien très important. Souvenons-nous, Nicolas Zarkozy nous avait promis une harmonisation des retraites dans son projet de réforme. On n’en parle plus, ou plutôt personnes n’en parle, alors que cette harmonisation entre secteur public et secteur privé, à mon sens, conditionne toute réforme des retraites.
    Je ne veux pas mettre le privé contre le public, mais on ne peut pas non plus continuer ainsi à amplifier des inégalités de la sorte.
    Le problème des retraites c’est quoi? un déficit croissant faute de recettes. C’est pas en faisant passer de 60 à 62 ans l’âge légale de retraite qu’on réglera le problème, on augmentera pas ainsi les recettes. C’est en mettant les gens au travail et en jouant sur la DUREE des cotisations et non l’âge qu’on augmentera les recettes. Et je ne suis pas d’accord avec l’approche des syndicats qui ne veulent pas non plus entendre parler d’harmonisation des retraites entre public et privé (plus de 2 millions de fonctionnaires…). Tous savent qu’en fait, ce n’est pas à 62 ans que les gens iront à la retraite (sauf pour avoir le minimum vieillesse environ 350 euros), mais bien à 67 ans. En effet celui a aujourd’hui 54 ans et a commencé à travailler il y a 30 ans devra travailler 12 ans de plus pour obtenir les 42,5 années de cotisation. Il aura donc 67 ans (il n’a pas intérêt de connaître le chômage entre temps. Quant aux jeunes d’aujourd’hui, ils n’auront jamais la retraite car ils commencent en réalité à travailler à 25, 27 ans plus 42,5 années de cotisation, ils auront 70 ans. C’est fini. EN fait cette réforme de Zarkozy est une abolition masquée de la retraite. Je mets de côté la question de la pénibilité qu’il faut effectivement traiter, mais cette réforme des retraites est la pire réforme INJUSTE qu’on ait pu inventer depuis la dernière guerre mondiale. D’un côté, il y a des français, les fonctionnaires qui peuvent continuer à bénéficier dès 50 ans pour certains leur pleine retraite, de l’autre, les salariés du privés qui doivent travailler jusqu’à 67 voire 70 ans pour prétendre à un repos bien mérité.

  • SunTzuNo Gravatar |

    Les bons samaritains et autres dames patronesses du gouvernement s’apprêtent donc à faire démarrer une usine à gaz qui risque de porter un coup fatal au système de retraite par répartition tout en martellant – que personne ne rigole – que c’est pour mieux le sauver. Quand on regarde en arrière depuis 1993 (c’est dire que socialistes tout comme les réacs ont leur part de responsabilité dans ce marasme) on s’apperçoit qu’on a déjà un pied dans le gouffre – car toutes les dispositions prises (calcul sur les 25 meilleures années, indexation sur les prix et non plus sur les salaires des actifs, allongement de la durée de cotisation sous peine de décote…) ont déjà fait baisser le niveau des pensions d’environ 20 %, ce qui a aggravé les inégalités déjà fortes entre les pensions des hommes et des femmes. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoit que le taux de remplacement moyen – niveau de la retraite par rapport au salaire, passerait de 72 % en 2007 à 59 % en 2050. On voit bien que non seulement cette accélération dans l’éclatement de l’ancien système continuera donc de frapper les actuels retraités mais va surtout encore plus toucher les générations suivantes. Et là, un ministre assis le cul entre quatre chaises (pas pratique:-) ose venir parader sur les télés en nous garantissant que c’est pour le bien des générations futures.

  • ArisinoéNo Gravatar |

    lu dans « les échos » du 28 juillet:

    Retraite à taux plein : le report de 65 à 67 ans coûtera
    plus de 200 millions par an à l’assurance-chômage

    et le journal de préciser que « le relèvement de l’âge de la retraite à taux plein empêchera au moins 18,000 personnes par an de basculer du chômage à la retraite », selon pôle emploi.

  • GoldenNo Gravatar |

    Plus de départs à la retraite que de recrutement, le calcul se fait de manière très simple et rapide.
    Mais ne nous affolons pas! Notamment concernant l’éducation nationale.
    On compte aujourd’hui 35 élèves par classe. Il suffit d’augmenter le nombre d’élèves à 45 par exemple. Après tout, cela va dans le sens que les choses prennent depuis un bon moment déjà: la dévalorisation de l’enseignement « de base ».
    Dans le même temps, les personnes effectuant de longues études sont défavorisées: plus leurs études seront longues, plus leur départ à la retraite sera reculé. Sachant qu’en parallèle, ces « diplômés » ou « fortement diplômés » ne trouvent pas la reconnaissance (notamment financière) qu’elles pourraient espérer au vu de leur investissement tout au long de ces années.

  • GoldenNo Gravatar |

    Vous avez conclu par vous-mêmes mais je ne résiste pas au plaisir de l’écrire:
    Tous les éléments seront réunis pour que notre pays perde ses capacités à créer, à générer de la richesse.
    Je compte sur notre capacité à réagir avant qu’il ne soit trop tard et que le processus soit devenu irréversible.

  • Jean-JacquesNo Gravatar |

    Golden, vous avez raison, merci d’avoir confiance en certains d’entre nous mais est ce qu’on est suffisamment nombreux?

    couler un bulletin dans une urne? est ce que cela va suffire? que faire d’autre?

    a quand la prochaine manif? on se refait une mobilisation comme il y a quelques mois, avec des milliers de réunionnais dans la rue?

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