Agriculture – Madagascar redoute une crise alimentaire face à l’invasion de criquets – À quand un accord entre le CIRAD et le NEPAD au niveau de la COI ?

  Gérard Matheron, président du CIRAD 

J’étais ce matin aux 7èmes rencontres organisées par le pôle de compétitivité Qualitropic.

C’était la moindre des choses à double titre :

 

– D’abord, en tant que vice-président du Département en charge de l’agriculture, le département intervenant dans le budget du pôle de compétitivité ;

– Ensuite, en tant que membre du Conseil d’administration de Qualitropic.

 

Ce pôle de compétitivité de notre île, spécialisé dans l’agro nutrition, se positionne sur la valorisation des ressources naturelles tropicales, et a pour objectif de prospecter, d’accompagner et de faire le suivi des projets innovants qu’il labellise dans l’un ou plusieurs des quatre domaines suivants :

 

 

Cet organisme, présidé par Jean-Pierre Avril, a eu l’heureuse idée de consacrer lors de ces rencontres le partenariat étroit avec le CIRAD, qui fête ces 50 ans d’intervention précieuse dans le domaine de la recherche agronomique.

 

Et ce matin, j’ai pu apprécier l’intervention du président du CIRAD, Gérard Matheron, invité pour l’occasion, dont l’exposé fait référence à un livre qu’il a écrit, et dont je vous recommande la lecture, en collaboration avec Marion Guillou, présidente de l’INRA, livre qui s’intitule « 9 milliards d’hommes à nourrir ».

 

Un de ces propos avait trait à l’incertitude pesant sur les productions agricoles menacées par les insectes.

Je voudrais vous faire part d’une information, dont je viens de prendre connaissance, sur ce qui se passe chez nos voisins et frères malgaches.

 

« L’information a été donnée par le site RFI : L’état d’alerte nationale a été décrété à Madagascar face aux criquets.

 

Ces insectes ne cessent de gagner du terrain, détruisant les cultures sur leur passage, et pourraient bientôt menacer la sécurité alimentaire du pays.

Et le pays manque de fonds pour venir à bout de ce fléau.

 

En temps normal, ils se cantonnent au sud du pays.

Cette année, les criquets ont déjà envahi l’ouest, soit au total près d’un tiers de la Grande île.

 

Désormais, ils menacent tout le reste du territoire, faisant craindre d’énormes dégâts.

 

Alexandre Huynh est le représentant de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture à Madagascar.

 

« Quand un essaim passe sur le champ ça peut aller jusqu’à 100 % de pertes.

Ensuite, à l’échelle d’une région, bien sûr, il y a des valeurs moyennes qui sont plus faibles que ça.

Mais pour certaines zones plus circonscrites, ça peut vraiment aller jusqu’à 100 %.

Donc, imaginez la situation du ménage qui a perdu toute sa récolte de grande saison.

C’est une catastrophe pour ces familles-là ».

Une catastrophe pour les agriculteurs, mais aussi pour tout le pays. Car avec la destruction des champs, c’est la sécurité alimentaire qui pourrait être menacée.

 

D’ores et déjà, une crise est redoutée, comme l’exprime Alexandre Huynh.

« Les zones de forte production sont celles qui nous inquiètent énormément pour la sécurité alimentaire et l’économie du pays, et elles sont à risque aujourd’hui ».

 

L’urgence est donc de traiter et pour cela, il faut de l’argent.

Il en a manqué ces deux dernières années, favorisant la situation actuelle.

 

Madagascar a immédiatement besoin de 10 millions de dollars pour faire face aux criquets.

Elle n’en a qu’un pour l’instant.

 

Son ministre de l’Agriculture est à en ce moment à Rome pour obtenir le soutien de la FAO.

Il espère ensuite celui des bailleurs de fonds. »

 

À quelques jours de la présentation du diagnostic des Cahiers de l’Agriculture, servant de support au Programme Réunionnais d’Agriculture Durable (PRAD), je souhaite faire une suggestion à partir des éléments suivants :

 

Le Cirad et l’Agence du Nepad – le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique – ont signé vendredi 16 novembre un accord-cadre de coopération.

 

Axé sur les défis mondiaux et régionaux à relever, cet accord concrétise et renforce une collaboration engagée progressivement au cours des dernières années. 

 

Les domaines prioritaires de coopération concernés par cet accord sont :

  • le développement agricole, rural et, territorial ;
  • les défis liés à la croissance économique , à la pauvreté et aux inégalités, auxressources naturelles et à la qualité et l’accessibilité de l’alimentation ;
  • les pratiques agricoles, sylvicoles et d’élevage avec un accent particulier sur lechangement climatique et l’eau ;
  • l’intensification durable de l’agriculture ;
  • le développement de la biologie et de la génétique y compris au travers de leurs conséquences écologiques et socio-économiques.
 
À la lumière de nos besoins en matière agricole à La Réunion, et au regard de l’expérience et du savoir-faire du monde agricole et de la recherche dans notre Île, ne serait-il pas opportun de disposer d’un accord de ce type au niveau de la Commission de l’Océan Indien (COI) ?
 
Certes, des programmes sectoriels existent, ou l’ont été, comme le PARDAC (Programme d’appui réunionnais au développement de l’agriculture comorienne), mais n’y a-t-il pas lieu d’aller plus loin pour les 10 ans à venir ?
 

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