Le Blog de Pierre VERGÈS

   Le Premier ministre UMP François Fillon a estimé hier jeudi qu’il faudrait aller vers un âge de départ à la retraite et un temps de travail communs entre la France et l’Allemagne.

Résultat : on va travailler plus et plus longtemps !

« La convergence franco-allemande est un objectif général nécessaire pour maintenir la compétitivité de la France. (..).

Il faudra aller vers un temps de travail commun, il faudra aller vers un âge de retraite commun, il faudra aller vers une convergence progressive de l’organisation économique et sociale de nos deux pays, car c’est la clef de la survie et du développement de la zone euro et du continent européen », a annoncé jeudi François Fillon.

Outre-rhin, l’âge légal de départ en retraite doit passer dans les années qui viennent de 65 à 67 ans en vertu d’une réforme votée en 2007.

Cette réforme serait destinée à éviter l’écroulement d’un système mis à mal par une espérance de vie toujours plus longue et un rétrécissement de la population active. Le recul de l’âge de la retraite se fera aux alentours de 2030.

En France, la réforme des retraites (contre laquelle le peuple français s’est longuement mobilisé, en vain…) est entrée en vigueur en juin 2011. 

Cette réforme prévoit un recul de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ en retraite.

Génial ! On va encore pouvoir travailler 5 ans de plus ! On va pouvoir travailler plus pour gagner moins !

Deux heures par semaine en plus, et des congés en moins ! 

Car en ce qui concerne le temps de travail, la durée conventionnelle moyenne de temps de travail est de 37 heures en Allemagne, contre 35 heures en France. Et oui, m’sieurs dames !

La durée maximale autorisée du temps de travail par semaine est de 48 heures, en Allemagne, comme en France.

Le nombre d’heures travaillées par semaine (travail à temps plein) est de 41,7 heures en Allemagne et de 41 heures en France.

Le nombre de jours fériés par an est de 9 en Allemagne, contre 11 en France.

En clair, on va donc travailler des années de plus, se faire des heures hebdomadaires en plus et perdre des jours fériés !

Une déclaration qui s’inscrit dans le droit fil de la convergence fiscale voulue par Sarkozy et Merkel !

D’ailleurs, la France et l’Allemagne, qui poussent le projet d’une assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés dès janvier 2013, pourraient franchir le cap très rapidement avec un groupe restreint de pays.

Mais comparons ce qui est comparable ! Et surtout voyons les choses dans leur globalité !

10 points de compétitivité en moins ! 

En effet, selon Michel Godet, professeur au Conservatoire des arts et métiers (dans une tribune libre parue dans Le Monde) :

« La France a 10 points de dépenses publiques de plus que l’Allemagne, et elle a perdu 10 points de compétitivité/prix depuis 10 ans :

les deux phénomènes sont liés, et c’est ainsi que 40% de notre déficit industriel vient de l’Allemagne, et non pas des pays à bas salaires. (…).  

Il y a dix ans, les exportations françaises représentaient 55% des exportations allemandes, aujourd’hui c’est 40% seulement.

La différence entre l’excédent allemand et le déficit extérieur français est de l’ordre de 200 milliards d’euros ! ».

Convergence aussi sur le pead ? 

On espère seulement que malgré cette volonté de  « convergence », le gouvernement (via le ministre de l’agriculture), tiendra ferme face à l’Allemagne.

Car l’Allemagne figure parmi les six pays Etats (sur les 27 de l’UE) qui forment une minorité de blocage.

Elle veut faire passer les fonds alloués au PEAD (du Programme européen d’aide aux plus démunis) de 480 millions d’euros cette année à …. 113,5 millions d’euros en 2012.

Mais pas de convergence sur le  nucléaire ? 

Mais s’il y a un domaine dans lequel la France ne rejoindra pas l’Allemagne, c’est – malheureusement – celui du nucléaire.

Et pour cause : la suppression totale du nucléaire en France aurait un coût de 750 milliards d’euros !

Les nuages s’amoncellent !