Le Blog de Pierre VERGÈS

  Les Amis de la Terre, le Centre de recherche et d’information sur le développement (CRID) et un collectif de 54 associations de solidarité internationale viennent de décerner les prix Pinocchio. 

Ils « récompensent » les entreprises dont la « com »et les actions sont en totale contradiction avec les principes du développement durable.

Dédoublement de la personnalité : côté public, elles sont « écolo » et côté privé, elles visent les bénéfices par tous les moyens, ne prenant jamais en compte les impacts sociaux et environnementaux de leurs actions. 

Un réquisitoire socio environnemental

Selon les organisateurs de ces prix,

« Il est urgent d’obtenir la responsabilité de ces entreprises et la réparation pour les victimes.

Au-delà, c’est réduire notre consommation ici en Europe qui contribuera à sortir d’une surexploitation nocive des ressources naturelles ».

D’autres précisent :

« Grâce à des budgets en communication colossaux, ces entreprises bénéficient de retombées positives en termes d’image auprès de leurs actionnaires, de leurs clients et des citoyens, alors qu’elles ne s’engagent que sur des grands principes généraux peu opérationnels, et ne sont pas redevables de leurs actes en cas de non-respect de ces approches volontaires. 

Par ailleurs, elles font payer leurs dégâts aux populations les plus démunies, notamment celles du Sud ».

Et de souligner :

«  Les pouvoirs publics français et européens se refusent encore à encadrer de façon contraignante les activités de ces entreprises.

L’approche purement volontaire de la responsabilité de ces sociétés a depuis longtemps montré sa totale inefficacité ».

Vinci dévore les terres agricoles

Dans la  catégorie « Plus vert que vert », (ou greenwashing, soit l’éco blanchiment) le prix revient à l’entreprise Vinci qui, à grand renfort de com’ a tenté de verdir le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

Vinci est concessionnaire de la structure et sa réhabilitation va entrainer le bétonnage de 2.000 hectares de terres agricoles fertiles ainsi que la disparition de la biodiversité.

« Afin de compenser la destruction massive de terres agricoles, Vinci se contente de créer un observatoire agricole, une ferme de démonstration en face des parkings et une Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) afin d’encourager l’agriculture durable », précise le communiqué des Amis de la Terre et du CRID.

La Société Générale donne dans le nucléaire à risques 

Dans la catégorie « Mains sales, poches pleines », c’est la Société Générale qui a été distinguée « pour son rôle dans le financement de la construction du réacteur nucléaire Angra 3 au Brésil, mené par Areva et très éloigné des conditions de sécurité du secteur ».

En effet,  la banque française coordonne un consortium de banques privées qui finance, à hauteur de 1,1 milliard d’euros, la construction de ce réacteur.  

Le projet est décrié pour ses conditions de sécurité défaillantes et sa localisation, à 130 km à l’ouest de Rio de Janeiro et à 220 km à l’est de Sao Paulo.

La Société générale est également pressentie pour participer au financement de la centrale de Jaitapur (Inde) sur un site à la jonction entre… 3 plaques tectoniques !

Bonjour « la pétoche » !

TEREOS participe à affamer le mozambique

Dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi ! », c’est la société sucrière française Tereos qui remporte le premier prix.

Explication des organisateurs :

« Tereos détient en effet près de 100.000 hectares de terres cultivables qu’elle transforme en monocultures énergétiques.   

Elle confisque ainsi des terres agricoles fertiles aux populations locales. 

Elle a obtenu un contrat pour 25 ans, avec possibilité d’extension de la superficie à 15.000 hectares, et dans des conditions fiscales très avantageuses ! 

Alors que Tereos réalise 194 M€ de profit, 70% de la population du Mozambique continue de vivre sous le seuil de pauvreté ».

Et les émeutes de la faim ont causé 13 morts et plus de 300 blessés. 

Pour les Amis de la Terre, la pratique de cette entreprise s’apparente ainsi à un accaparement de zones forestières et de terres agricoles qui servaient auparavant à nourrir les populations locales pour nourrir maintenant, les voitures des Européens.



Tereos, ce n’est pas l’entreprise à qui a été vendu notre patrimoine sucrier ?

TOTAL truste les énergies fossiles

Enfin, un Pinocchio d’honneur a été remis à Total « pour l’ensemble de son action » : extraction de sables bitumineux au Canada, de pétrole au Nigéria, d’exploitation de gaz de schiste aux Etats-Unis.

Et Total poursuit dans la voie des énergies fossiles néfastes pour l’environnement et la santé.

On aurait pu rajouter à ces griefs, des motifs de grogne 100% réunionnais.