10
2012
Tribune Libre – Pierre Vergès – Produits solidaires : J’avais – hélas – raison !
Catégorie : ÉCONOMIE, ÉLECTIONS, INSTITUTIONS - COLLECTIVITÉS LOCALES, Pcr, POLITIQUE LOCALE, Social
Un communiqué de la Préfecture de La Réunion en date du 30 mars dernier vient confirmer ce que je n’ai eu de cesse de mettre en avant depuis le début des discussions autour de ces produits solidaires :
La Présidente du Conseil Général n’avait pas à mettre sur la table des millions d’euros d’argent public pour aider à faire baisser les prix.
Pourquoi ?
Rappelons de quoi il s’agit : L’État provoque des débats autour de la baisse de prix de certains produits jugés de première nécessité pour sortir de la crise et des émeutes en février dernier.
Bien sûr, l’État ne met pas UN EURO sur la table des négociations.
Il ne mobilise même pas les dispositifs pourtant promis par le Président candidat UMP Sarkozy.
Et, grand seigneur, celui-ci s’est contenté de saluer vigoureusement l’esprit de responsabilité de Nassimah Dindar et de Didier Robert sur ce dossier…
Dans la motion que le groupe PCR Alliance a présenté, en commission permanente du 7 mars dernier, pour mettre en avant des solutions plus efficaces afin de s’attaquer à la question de la vie chère, il était déjà précisé les effets volume qu’engendrerait une baisse sur des produits ciblés.
Les fournisseurs et distributeurs l’avaient bien compris.
De ce fait, ils pouvaient financer seuls la baisse maximale de 40% sur certains de ces produits, effort compensé par cette augmentation des ventes.
L’argent public n’avait donc pas à être gaspillé pour renforcer des positions économiques et de monopoles.
J’avais par ailleurs alerté sur le risque d’illégalité de cette mesure qui entrave gravement la concurrence.
L’actualité nous le prouve par les faits :
Nous savons que des entreprises se plaignent des conséquences de ces mesures mises en place en dehors de toute logique de libre concurrence, contraire à l’esprit de la réglementation européenne.
Les consommateurs se plaignent de ne pas avoir le choix, et disent se sentir contraints de modifier leurs habitudes de consommation.
D’autres jugent tout simplement inutiles ces mesures qui n’impactent en rien leur panier.
En moins de 3 semaines : les 60 produits ont vu leur ventes augmenter de 22 à 3000 %.
Cet effet était prévisible tout comme le gain de productivité que ces hausses de chiffre d’affaires procurent aux fournisseurs et aux distributeurs.
Prenons le cas des désormais fameuses couches « Cabriole » :
Le fournisseur consent un effort de baisse de prix de 14% – le distributeur de 10%.
Le Conseil général apporte alors 10% de subvention sur les ventes à la société qui fabrique les couches « Cabriole ».
Résultat : les ventes ont été multipliées par 348% !
La démonstration est donc faite : l’argent public est dilapidé dans un système économique privé extrêmement rentable et profitable aux monopoles de l’industrie et de la grande distribution.
Nous ne cherchons pas à incriminer les profits.
Mais la démonstration est faite que ces privés peuvent absorber sans problème la baisse des prix, baisse hélas assumée en partie par l’argent public, donc par les Réunionnais.
Les contrats entre les opérateurs privés et le conseil général n’étant pas encore en œuvre, les fournisseurs et distributeurs ayant assumé l’avance pour le conseil général, j’appelle la Présidente à reconsidérer sa position.
Ainsi éviterons-nous que se concrétise ce scandale de l’argent public gaspillé au profit de privés.
Je réitère la proposition que plusieurs élus ont soutenue lors du débat sur ces mesures :
mettre en place une aide directe à la population et sortir de la subvention aux représentants de la grande distribution.
elle a donc subventionné le privé et la grande distribution
au profit de quoi?
Pierre, ce que tu décris ici est, en actes, exactement ce que l’on nomme le néo-libéralisme: l’utilisation de l’appareil public, à des fins non pas de régulation, mais de maximisation des profits. Il est intéressant aussi (sujet d’un futur article ?) de voir le dispositif de communication mis en branle pour valoriser ces mesurettes et faire oublier qu’elles bénéficient surtout au capital. Ainsi, s’il est courant d’entendre des critiques vis-à-vis du dispositif des 60 produits dans les milieux populaires, lors des porte-à-porte ou sur la radio que l’on sait, la presse s’est mise en quatre pour assurer, « enquêtes » à l’appui, que le « plan Dindar » (encore un label médiatique) recueillait une vaste adhésion…
@Geoffroy
merci pour le cours d’économie !