Conseil général – À l’ordre du jour de la commission permanente d’aujourd’hui : le projet de livre blanc de l’urgence sociale… dans un contexte « d’urgence électorale » ?

 

   Je vous invite à prendre connaissance du mail que j’ai adressé à la présidente du Conseil général Nassimah Dindar, à propos de l’inscription à l’ordre du jour de la commission permanente du projet de livre blanc de l’urgence sociale.

Il ne s’agit pas de discuter du bien-fondé de propositions contenues dans ce rapport. 

 

C’est la méthode qui est contestable.

Et après, vous trouverez la réponse par mail de la présidente suit le mail que je lui ai adressé. Sans commentaires !

 

Objet : commission permanente du 09 Mai 2012

 

Madame la Présidente,

 

Vous avez inscrit à l’ordre du jour de notre commission permanente du 9 mai 2012 un rapport relatif à l’approbation du projet de livre blanc de l’urgence sociale.

 

Cette démarche que j’avais proposé avant mars 2011, compte tenu du malaise social constaté alors sur le terrain, et que vous aviez reprise lors de votre discours d’investiture, nous devions l’initier ensemble, de façon majoritaire et solidaire au début de notre mandat.

 

Cette consultation visait à mettre dans le débat politique national, dans la perspective des élections présidentielles, nos priorités fortes dans le domaine de l’action sociale, coeur de la mission de notre collectivité départementale.

 

Lors du débat en commission permanente en août de l’année dernière, j’avais estimé que cette démarche ne devait pas être comprise comme un réquisitoire contre la politique du gouvernement Fillon.

 

J ‘avais proposé cela à telle enseigne que j’avais souhaité que l’opposition départementale soit associée aux travaux qui devaient s’engager avec une action centrale : la consultation des acteurs sociaux, ET de la population (car c’est elle qui est concernée au premier chef).

 

Or, nous venons d’élire le nouveau Président de la République, et la démarche a souffert d’un retard qui aujourd’hui rend incohérent le calendrier arrêté.

 

En effet, dans 5 semaines interviennent les élections législatives.

 

Ce projet de livre blanc est soumis à notre assemblée sans qu’aucune concertation n’ait eu lieu avec les élus de la majorité, ni même avec les relais et forces vives, et encore moins avec la population, pourtant directement concernés sur le terrain par ces mesures.

 

J’ai la crainte que cette initiative apparaisse comme une mise au pied du mur de la nouvelle majorité présidentielle.

 

À la lumière de ce constat, je vous prie de bien vouloir reconsidérer votre décision de présenter ce rapport le 9 mai afin de permettre d’engager au préalable la concertation nécessaire à la légitimité politique et populaire d’un tel document.

 

En vous remerciant par avance

Je vous prie de bien vouloir agréer, Madame la Présidente, l’expression de ma considération distinguée.

 

Pierre Vergès
Vice Président du Conseil General
membre du groupe PCR-Alliance

 

… et la réponse de la présidente, reproduite telle que je l’ai reçue :

 

Monsieur le Vice PRESIDENT en réponse a votre mail de ce jour, je tiens à vous préciser que la présentation de ce rapport à la CP est une demande des services de l’administration suite aux différentes concertations avec toutes les forces vives du département.
Le calendrier politique est bouclé depuis plus de deux mois puisque ces cahiers ont été distribués lors d’une Reunion des groupes politiques bien avant l’élection présidentielle pour amendements ou ajouts de la part des élus.
Si le groupe Alliance veut demander le retrait de ce rapport, merci de vous rapprocher de la DGS qui l’a mis à l’ordre du jour.
Cordialement

 

COMMENTAIRES :

 

1°- Il est quand même paradoxal qu’il faille s’adresser aux administratifs pour que soit envisagé le retrait de l’ordre du jour d’un dossier traitant d’un sujet éminemment important.

 

2°- Dans une collectivité territoriale, c’est l’exécutif, en l’occurrence la présidente pour le département, qui fixe l’ordre du jour.

 

3°- Comme cela avait été envisagé à l’initial, dans une note dont je vous en ai livré le contenu lors d’un précédent article sur mon blog, le 2 mars 2012, l’aboutissement d’un vrai processus de concertation aurait dû nous conduire à un examen en séance plénière.

 

Dans cet article, je rappelais ceci :

 

« Sur les États généraux de l’urgence sociale, lors de son discours lors de la première assemblée plénière, Nassimah Dindar déclarait :

 

« Je propose aux élus d’engager immédiatement un cycle de consultation de la population afin d’aboutir d’ici juin 2011 à l’organisation des « Etats Généraux de l’urgence sociale et économique » pour élaborer les propositions locales en vue futures échéances électorales nationales pour faire ériger comme une grande priorité nationale le traitement de l’urgence sociale à La Réunion». (31 mars 2011). »  

 

Cela aurait permis un large débat, public, entre élus, en présence des acteurs ayant participé à l’élaboration du document.

 

À ce sujet, la parole aurait pu leur être donnée, puisque cette faveur a été accordée aux acteurs économiques bénéficiaires de l’initiative de la présidente relatives aux 60 produits dits « solidaires ».

 

4°- Encore une fois, ce n’est pas la pertinente du contenu que est à discuter.

 

Personne ne conteste que ceux qui l’ont élaboré se sont attachés à cerner des questions partagées, à proposer des orientations que nous pourrions approuver pour certaines.

 

C’est la méthode, une méthode où la concertation, une vraie concertation, est singulièrement absente.

 

Il suffit à ce sujet d’interroger les élus concernés au premier chef,  les maires et les représentants des CCAS des communes.

 

Toujours dans cet article du 2 mars 2012, j’écrivais ceci :

 

« La discussion entre techniciens, dont la compétence n’est pas à démontrer, ne remplacera jamais le principe démocratique d’une consultation populaire, lorsqu’on affiche publiquement la nécessité d’organiser des Assises !

 

« La concertation interne doit aussi s’accompagner en externe d’une  grande consultation populaire que nous entendons mener durant ces  prochaines semaines.

Les « Assises de l’urgence sociale » vise en effet à mobiliser très largement les acteurs de terrain, la population dans les  quartiers qui témoigneront et apporteront aussi leurs contributions pour  que des propositions réunionnaises soient portées au niveau national.

Notre but est que le traitement de l’urgence sociale soit érigé comme  une grande cause réunionnaise.

Cette étape sera riche en enseignement  et nous attendons une large participation de la population dans l’esprit  d’une démocratie participative renforcée ». (08 juin 2011).

 

Et encore la référence à une « grande concertation populaire » !

Notons au passage que entre le 08 juin et fin juin 2011, le temps était compté pour l’organisation de rencontres avec « les acteurs de terrains, la population dans les quartiers ».

 

5°- La remise en cause d’une procédure qui avait été arrêté pour l’élaboration du document voilà plusieurs mois, reste « mystérieuse ».

 

De nouveau, rappelons ce que j’écrivais dans cet article du 2 mars 2012 :

 

« Citons également d’autres phrases de Nassimah Dindar :

 

1°- « Nous faisons de l’urgence sociale, la grande cause réunionnaise ».

 

2°- « Nous allons (…) lancer cette grande consultation, ces États généraux de l’urgence économique et sociale à La Réunion pour entendre les vraies revendications des Réunionnais, sur le terrain, mais aussi celles des forces vives, des acteurs économiques pour que ça nous serve de substrat à un programme local que nous allons envoyer à tous les candidats à la présidentielle ».

 

3°- « Écouter les forces vives permet d’avoir la vraie température, et d’avancer sur des propositions concrètes.

À partir de la trame locale, élaborons des réponses locales plutôt que d’attendre une plate-forme pour les DOM dans les programmes des candidats à la Présidentielle. (…) ;

Nous devons rechercher la concorde entre les propositions qui viennent des forces vives, de la population, des institutions, c’est une vraie base solide pour un programme.

Soumettre ces propositions aux candidats à la Présidentielle est une bonne chose, car cela donne une photographie des attentes de la population réunionnaise »… (conférence de presse, le 17 août 2011)

 

Les élections présidentielles, je ne parle pas de la campagne elle-même, sont terminée. L’objectif est mort-né.

 

6°- Et la façon de procéder, à un mois d’élections législatives, risque de susciter dans l’opinion une interrogation légitime : urgence sociale ou urgence « électorale » ? 

 

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1 Commentaire sur

Conseil général – À l’ordre du jour de la commission permanente d’aujourd’hui : le projet de livre blanc de l’urgence sociale… dans un contexte « d’urgence électorale » ?

  • tipimanNo Gravatar |

    conclusion: il n’y a pas de direction politique au Département, puisque c’est l’administratif qui donne le tempo

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