Énergie – Lurel et les carburants : pragmatisme, quand tu nous tiens !

 

   En février 2012 – ce n’est pas si loin – Victorin Lurel analysait la situation réunionnaise, suite aux événements que notre île avait connus, notamment à cause de la vie chère et du prix du carburant.

 

Dans son communiqué, il constatait que 

« la totalité des efforts ont été consentis par les collectivités locales réunionnaises,

que ce soit pour la baisse du prix des carburants pendant 10 mois (24 millions d’euros pour, dit-on, par la Région, le Département et les communes)

ou pour le blocage et la baisse de certains prix de première nécessité (23 millions d’euros pour le Conseil général)

ou encore pour la mise en place d’un tarif social pour l’électricité, que devra financer ce même conseil général ».

 

Selon que l’on soit dans l’opposition ou au Gouvernement

 

Selon Lurel, les Réunionnais comprenaient que ce sont hélas leurs collectivités qui consentaient

« d’importants efforts, c’est-à-dire eux-mêmes en tant que contribuables.

Ils comprennent tout aussi bien que l’État n’a de son côté pris aucun engagement d’intervenir de façon significative pour changer, par exemple, le mode de fixation des prix du carburant ».

 

Il précisait même ceci :

« pour être clair : les marges indécentes des monopoles pétroliers demeurent une fois de plus soigneusement préservées, tout comme celles des oligopoles de l’import/distribution ».

 

Mais le meilleur, c’est cette phrase :

 

« Si j’osais la comparaison, ce qui a été décidé à La Réunion en matière de prix du carburant,

c’est comme si face à la grogne des Français de l’Hexagone contre les prix élevés de l’essence à la pompe,

le gouvernement avait annoncé en pleine crise des finances publiques

que l’État renonce

à une partie de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE, anciennement TIPP)

ou à une part de la TVA perçue sur le prix dans l’Hexagone ».

 

Le gouvernement « critiqué » par son ministre Lurel ?

 

Ah bon ? Ai-je bienlu, ai-je bien compris ?

Sauf erreur, c’est bien ce qu’a fait le gouvernement Ayrault.

 

De façon « modeste et provisoire », comme le disait le premier ministre.

Mais baisse quand même !

 

Et cette diminution concerne bel et bien la TICPE.

M. Ayrault a précisé qu’elle porterait sur la « part de l’État ».

 

Le gouvernement Ayrault n’aurait donc pas été à la hauteur de la situation ou pour le moins aurait pris une décision dépourvue de bon sens, à en croire Victorin Lurel !

 

Et ce dernier de conclure :

 

(…). « il est à craindre que les mesures annoncées à La Réunion soient bien insuffisantes pour améliorer durablement la situation.

Elles me paraissent plutôt de nature à affaiblir encore davantage les finances des collectivités locales qui sont pourtant, aujourd’hui, le premier guichet des urgences sociales outre-mer (…)».

 

Le « transformisme » rue Oudinot

 

Quelques mois plus tard, une fois installé rue Oudinot, le JIR lui demandait : 

 

« Comment pensez-vous convaincre les Régions de consentir à une baisse du prix de l’essence ? » 

 

Ce à quoi il répondait : 

 

« Certaines collectivités demandent à ce que l’effort qui leur est demandé soit compensé par l’État.

Il faut voir… Mais il y a quelques collectivités qui pourraient faire un effort ».

 

Ah bon ? Pense-t-il au conseil régional de La Réunion ?

Et cet effort ne provoquerait, maintenant, aucun affaiblissement des finances locales ?

 

Explication, SVP, on ne suit pas tout !

 

Il faut donner « du temps au temps »

 

La deuxième question du JIR portait sur les pétroliers et obtenait la réponse suivante :

 

« Le premier temps, l’urgence, c’est la négociation, c’est l’amiable.

Le deuxième temps, c’est la révision du décret de novembre 2010 pris par mon prédécesseur.

Il a des effets d’automaticité et des marges préservées qui paraissent très importantes, entre 8 et 15% dans un secteur sans concurrence.

Ça me paraît opulent !

Il y a des choses que l’on peut revoir et que nous reverrons.

Ça prend du temps ; il y a des consultations obligatoires dont l’Autorité de la concurrence, le Conseil d’État et parfois Bruxelles ».

 

La solution du Président de Région Lurel au Ministre… Lurel

 

Alors, on ne pourrait que lui suggérer sa propre « solution », formulée en septembre 2011 : les prix élevés du carburant

 

« justifient la demande formulée auprès du gouvernement de prendre un décret gelant durant 6 mois le prix du carburant, conformément à la disposition de l’article L410-2 du Code de commerce qui réglemente déjà le prix des carburants dans les DOM ».

 

On peut même lui rappeler que c’est tout à fait légal, puisque Victorin Lurel expliquait lui-même : 

 

« cet article qui permet de réglementer les prix du carburant dans les DOM en raison soit de situations de monopole ou de difficultés durables d’approvisionnement »,

 

dispose également que cette réglementation des prix

 

« ne fait pas obstacle à ce que le gouvernement arrête, par décret en Conseil d’État, contre des hausses ou des baisses excessives de prix, des mesures temporaires motivées par une situation de crise, des circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé ».

 

Et puisque demain mercredi 5 septembre, Lurel présente son projet de loi contre la vie chère, on espère qu’il se sera saisi de l’occasion pour abroger le décret de novembre 2010 qui servait de référence au calcul des tarifs des hydrocarbures dans le département.

 

Il s’y était engagé en juillet, lors de sa visite à La Réunion, pour une application « dans quelques mois ».

Alors, on attend !

 

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2 Commentaires sur

Énergie – Lurel et les carburants : pragmatisme, quand tu nous tiens !

  • MathildeNo Gravatar |

    a l’exercice du pouvoir ! que de reniements sont faits en ton nom !

  • tipimanNo Gravatar |

    La vie est trop chère ? Une seule solution : la révolution … conceptuelle !!!
    Ce projet de loi, on l’attendait. On l’a ; enfin, presque ! Il va être remis au parlement dans les jours qui viennent ; à nos députés et sénateurs de l’améliorer.
    Pour ça, cela ne sera pas trop dur ! Le texte de loi est très gentil. Il ne va pas très loin.
    Dans le communiqué, il est dit que ce texte de loi va permettre « au gouvernement de prendre par décret des mesures de régulation des marchés de gros et de la chaîne logistique, y compris le fret, pour recréer les conditions d’une véritable concurrence sur les marchés de détail, afin de défendre l’intérêt des consommateurs».
    Une loi pour autoriser le gouvernement à prendre des décrets !!! Quand on sait le long fleuve tranquille qu’empruntent les décrets entre leur conception, leur écriture, leur publication et leur mise en publication… certains ont encore de beaux jours devant eux !
    Ce texte crée aussi pour l’outre-mer une nouvelle «infraction de concurrence» pour « «réprimer les accords exclusifs d’importation, sauf à ce que l’opérateur démontre que l’accord qu’il a passé est le seul moyen de faire bénéficier les consommateurs d’une économie de coût effective et vérifiable».
    Bon c’est toujours ça de prix (oui, je sais on écrit pris… mais dans ce cas… !!!)
    J’arrête le moucatage, sur le fond du texte. Il peut être –et doit être – amendé ; mais je ne peux résister à l’envie de vous livrer cette déclaration, reprise par tous les media français, et émanant de Lurel : Interrogé à la sortie du Conseil des ministres, Victorin Lurel a qualifié ce texte de «révolution comportementale» et «conceptuelle».
    Une révolution comportementale ? Quels comportements vont-ils être modifiés ? Celui des importateurs ? Celui des distributeurs ? Celui des intermédiaires ? Celui des consommateurs ?
    Une révolution conceptuelle ? Le monopole ne serait-il plus ce qu’il est ? La situation d’oligopole va-t-elle connaître une dérive qui nous soit favorable ? Les marges scandaleuses vont-elles disparaître au profit d’un autre concept ? Lequel reste à déterminer !
    Le texte de loi a au moins le mérite d’exister. C’est un premier pas positif. Mais n’exagérons pas ! Evoquer une « révolution comportementale et conceptuelle » c’est vraiment vouloir faire rêver et endormir le bon peuple ultramarin.
    Tipiman

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