Feuilleton – les dialogues (presque) imaginaires – 13e épisode

 

 

Au bar  au petit Nicolas, c’est l’entracte.

 

Patrick Solange : Hé, collègue, bèzman dan la kour Patel.

 

Pierre Charles Rivière : On arrête un spectacle, car on n’adhère pas. Enfin, c’est l’explication officielle. Mais c’est bien la question de la liberté des arts et des artistes qui est posée.

 

Ève Émilie Le Vent : Moi qui suis jeune et belle, pas comme vous les politiques, je peux vous dire, ça a été seulement 3 minutes 35 de bonheur ! Pour les artistes, bien sûr.

 

Ulric Michel Payet : Bien évidemment, chacun a ses références. Bien évidemment, pour moi, c’est comme pour mon ami parisien qui dit :

« Il y a un personnage de bande dessinée qu’on connaît bien, qui s’appelle Babar. Babar, il est sympathique, c’est le roi des éléphants. C’est l’histoire qu’on raconte aux enfants pour les endormir le soir. Il y a Babar d’un côté.

Moi je préfère Astérix, voyez. Astérix, c’est celui qui est courageux, celui qui est déterminé, celui qui est protecteur, celui qui sait prendre des décisions ».

Bien évidemment. Babar ou Astérix, c’est plus connu que AïA, bien évidemment !

 

Pierre Charles Rivière : Cette précision prouve ce que l’on savait déjà : il y en a qui sont prêts à tout pour effacer l’histoire de notre pays !

 

Patrick Solange : Hé, collègue, je crois savoir de qui tu causes !

 

Ulric Michel Payet : Bien évidemment, l’histoire, c’est l’histoire. C’est ce qu’il y a dans les livres, bien évidemment. Et que ça !

 

Pierre Charles Rivière Quelle vision réductrice ! Nos ancêtres les Gaulois, c’est ça ?

 

Patrick Solange : Hé collègue, …  attention… L’histoire, le patrimoine. Hé collègues… n’oubliez pas, ce qu’on a subi, les incendies du Maïdo. Un joyau de la nation se consume.

 

Urbain Charles Lebeau : On doit respecter toutes nos traditions. Vous savez bien que quelqu’un qui m’est proche a dit : « Ceux qui ont fustigé la majorité zembrocal du Département ont oublié que le zembrocal est l’une des préparations culinaires préférées des réunionnais ».

 

Pierre Charles Rivière : Sans oublier le syndrome de la goyave de France. On reconnaît le maloya depuis qu’il est inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Et encore, c’est une timide reconnaissance.

 

Daluce Salomon : la reconnaissance, on peut l’avoir aussi avant 50 ans, en roulant en porsche et au poignée une rollex…

  

Pierre Charles Rivière : Daluce, ce genre de rêve est partagé par ceux qui veulent paraître. C’est comme ceux qui ont peur de vieillir…

 

Patrick Solange : Hé collègue, mes amis d’outre-atlantique sont très loin de tout cela. Ils construisent un mémorial act pour favoriser l’affirmation d’une mémoire partagée et apaisée de la période de l’esclavage qui a marqué durablement l’édification de la société guadeloupéenne !

 

Ulric Michel Payet : Bien évidemment, vous ne vivez que dans le passé !

Mon ami Didier l’a claironné, et je le répète, bien évidemment : « J’ai toujours dit, et je continue à dire, que ce combat est un combat d’arrière-garde. Le créole n’a pas besoin d’être défendu, parce que le créole se vit au quotidien, l’identité réunionnaise se vit également au quotidien. Enseigner le Créole à l’école n’a pour moi que peu de signification. C’est un combat passéiste que de vouloir camper sur le créole à l’école ». Bien évidemment.

 

Daluce Salomon : Vous oubliez le principal : « « Créole un jour, créole toujours ». Le créole, c’est un joli patois sympathique !

 

Pierre Charles Rivière : Foutor ! Il y a encore bien du chemin à parcourir avant que l’identité et la culture réunionnaises soient reconnues. Ici comme ailleurs. 

 

Ulric Michel Payet : Bien évidemment, comme mon ami l’avait déjà dit : Que représente La Réunion par rapport au Monde entier ? Nous sommes trop petits, à La Réunion, pour représenter quoi que ce soit. Les enjeux ne sont pas réunionnais : les enjeux sont d’abord nationaux et européens. Bien évidemment.

 

Pierre Charles Rivière : Ce qui ne fait que confirmer ce que je disais. Exit l’Afrique, ignorée Madagascar, mépriser le Mozambique, mésestimé l’Inde, ravalée la Chine, et j’arrête là l’énumération… Une ablation pure et simple d’une partie de notre histoire. Ceci explique cela. On « n’adhère pas » à un spectacle sur nos racines.

 

Patrick Solange : Hé collègue, il y a aussi le côté dénudé du spectacle qui a pu déranger … 

 

Ève Émilie Le Vent : Moi qui suis jeune et belle, pas comme vous les politiques, je peux vous dire que pour une fois, je suis d’accord… Ca ne choque pas de voir une femme dénudée sur une affiche pour vendre des voitures, mais ça choque de voir un homme dénudé dans un spectacle.

 

Pierre Charles Rivière : Ma chère amie, je suis d’accord avec toi. Pour une fois. Être pudibond en fonction de la personne qui est dénudée, homme ou femme, c’est complètement stupide.

 

Ulric Michel Payet : Bien évidemment, vous déplacez le problème ! Il faut respecter les idées de chacun ! Nous, on n’a pas ce genre de problème, quand notre amie chante, bien évidemment. Tout le monde l’écoute.

 

Pierre Charles Rivière : Malgré tout, on n’aurait jamais écourté son spectacle ! C’est moi qui aujourd’hui écourte mon séjour parmi vous ! Bon week end !

 

Toute ressemblance avec des personnages ou des faits existant ou ayant existé est fortuite… mais… mais quoi ? Chutttt…

 

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1 Commentaire sur

Feuilleton – les dialogues (presque) imaginaires – 13e épisode

  • AnonymeNo Gravatar |

    Comportement féodal que celui développé par le Président de la CCIR: les rois entretenaient une « cour » et souvent des artistes. le roi payait donc avait droit de regard sur le spectacle, virait les artistes sans autre forme de procés.

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