Courrier de lecteur – Christian Annette abat ses cartes (et celles des autres ?)

 

  Il y a peu, j’ai adressé une lettre publique à Mme Monique Orphé, députée de la nouvelle 6e circonscription de La Réunion.

 

J’y évoquais le déclin accéléré de l’économie réunionnaise, et la réponse que pouvait y apporter l’alternance.

 

J’attirais plus particulièrement l’attention sur la chance qu’avait constituée, jusqu’en 2010, le tram-Train, dont les travaux auraient dû débuter sur la commune de Sainte-Marie, soit au cœur de la circonscription dont Mme Orphé doit représenter les intérêts.

 

J’écris à Mme Orphé ; c’est M. Annette, son suppléant, frère du premier magistrat de Saint-Denis dont Mme Orphé était aussi l’adjointe, et conseiller municipal d’opposition à Sainte-Marie, qui me répond.

 

Le procédé est quelque peu étonnant ; sans doute M. Annette ignore-t-il le vieux proverbe réunionnais issu des quadrilles traditionnels : « femme devant, cavalier derrière ».

 

Sur le fond, le contenu du message de M. Annette n’est guère, lui, surprenant.

 

Comme on pouvait s’y attendre et dans une veine bien connue de lui, M. Annette effectue un rétropédalage complet vis-à-vis des engagements pris par François Hollande à La Réunion au cours de la campagne.

 

Sur le point précis qui nous occupe, le tram-train, le discours du candidat socialiste, prononcé à Saint-Louis, a été on ne peut plus clair.

 

Pour M. Hollande, le tram-train doit  prendre « toute sa place ».

 

Ces propos n’intéressent pas M. Annette, qui dans le courrier qu’il m’écrit, nous dit en substance que le peuple aurait voté contre ledit tram-train en…2010, date qui signe donc selon lui l’abandon définitif dudit projet.

 

« Cause toujours tu m’intéresses » : c’est bien là ce que Christian Annette semble dire, de la part de Mme Orphé, au Président de la République.

 

Pour justifier cette position, le frère du maire de Saint-Denis oppose au chantier ferroviaire la nécessité de faire « du logement social ».

 

L’argument prête à rire lorsque l’on sait que, par pure démarche politicienne, M. Annette a essayé à toute force d’empêcher la construction des 246 logements sociaux de la ZAC Beauséjour.

 

De même, on ne peut que hausser les épaules en lisant la tirade de M. Annette, qui écrit que faire le tram-train, c’est priver les Réunionnais d’emploi, de culture, etc.

 

Là encore, notre contradicteur ignore l’histoire économique réunionnaise, qui a montré que c’est justement en devenant ouvriers, cadres, techniciens sur des grands chantiers tels que le creusement du port, la construction de l’ancien chemin de fer, la réalisation de grands travaux que les Réunionnais ont pu aller de l’avant, construire leur vie en construisant leur pays.

 
Cette démarche, nommée « relance par les grands travaux », est au cœur des projets de toutes les gauches du monde, depuis les années 1930.

 

Et il n’y a guère qu’à La Réunion que l’on trouve des socialistes qui considèrent la précarité comme un horizon indépassable.

 

Ce point de vue s’explique aisément : il est plus facile de manier une population sans emploi et soumise au bon vouloir du maire — ou de celui de la commune voisine, n’est-ce pas… — pour se loger, que d’avoir affaire à des travailleurs autonomes.

 
Reste l’essentiel : dans son courrier, Christian Annette annonce qu’il tient pour rien les engagements présidentiels.

 

Reste à savoir s’il le dit en son nom propre ou s’il nous passe un message venu de plus haut…

 

Geoffroy Géraud Legros

 

Je publie ci-dessous, par souci d’objectivité et de compréhension, même si je n’en ai pas été destinataire, la réponse de Christian Annette à Geoffroy Géraud Legros le 27 septembre 2012, sous le titre : « Les priorités de la députée Monique Orphé »

 

« Monique Orphé n’ignore évidemment rien des difficultés rencontrées par les entreprises, les chefs d’entreprises, les travailleurs, les chômeurs et mal logés. Avec les parlementaires et le gouvernement, elle s’emploie chaque jour, dans le cadre de son mandat, à trouver des solutions.

 

Il n’y aura pas de sortie de crise  par un coup de baguette magique et chacun le sait ; faire croire le contraire ne serait pas très responsable tant la situation de la France est difficile : l’endettement colossal, la croissance européenne en berne et les risques de spéculation sur l’euro l’étranglent.

 

L’impasse économique dans laquelle se trouve La Réunion remonte à des décennies,  et aucune majorité régionale n’a esquissé jusqu’à présent une nouvelle voie de développement sur le long terme. Il est illusoire de croire en un modèle de développement de La Réunion qui aurait pour unique moteur la succession des grands travaux : route des Tamarins, tram-train, route du littoral …et après ? Et qui paiera ?

 

Pour l’instant, Monique Orphé s’est assignée deux priorités, le logement social et les emplois d’avenir.

 

Concernant ces derniers, M Géraud-Legros argue qu’ils ne constituent pas une solution pérenne au chômage : qui l’a jamais prétendu ? Reste néanmoins qu’ils permettront aux jeunes chômeurs de mettre le pied à l’étrier, de profiter de trois années pour se qualifier puis s’insérer dans le monde du travail.

 

Quant au  Tram-train, affirmer qu’il serait la solution paraît un peu court et inapproprié car sa réalisation exigeait un financement que la région Réunion ne pouvait pas supporter, sauf à sacrifier tout le reste, formation, économie, culture… « Réunionnais, vous serez sous-qualifiés, pauvres et sans accès à la culture mais vous serez heureux, vous pourrez regarder passer le tram-train ».

 

 Le partenariat privé-public n’y changerait rien, sinon à faire payer aux générations futures le coût de réalisation.

 

Geoffroy Géraud-Legros a la gentillesse de rappeler que Monique Orphé « a été portée par le vote de la population ». Je lui rappelle à mon tour que cette même population, et toujours par le vote, a débattu du tram-train et tranché lors des élections régionales de 2010, transformées en un référendum par l’équipe sortante : pour ou contre son projet de tram-train.

 

Si la démocratie a un sens, alors je ne doute pas que vous saurez respecter le choix des Réunionnais.

 

Pourtant, il est vrai que le transport est une problématique majeure à La Réunion. Pour nous, la seule solution crédible est celle du transport en commun, susceptible en plus de nous permettre de lutter contre l’augmentation inexorable du prix du carburant.

 

Un Transport en Commun en Site Propre et multimodal  conviendrait parfaitement à notre territoire.

Il appartient aux élus responsables de faire des choix ambitieux  pour les Réunionnais et raisonnables dans leurs coûts ».

 

Conseiller municipal de Sainte-Marie Suppléant de Mme Monique Orphé

 

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