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2010
Courrier de lecteur – Agriculture et sucre : l’approche particulière de la FNSEA
Catégorie : COURRIER DE LECTEURS
Séjournant dans l’île, M Lemetayer, président de la FNSEA, a donné sa vision de l’avenir de l’agriculture et du sucre réunionnais dans un entretien dans la presse locale.
Depuis la crise de 2008, la sécurité alimentaire est devenue un enjeu pour toutes les politiques. L’Europe prépare sa prochaine Politique agricole commune à y répondre.
En France, la nouvelle Loi de modernisation de l’agriculture pose le droit à l’alimentation pour tous comme un principe.
Le développement endogène que le gouvernement impulse dans les DOM veut leur garantir une sécurité alimentaire en accordant une place prépondérante à l’agriculture bénèficaire de 40 millions d’euros de nouveaux financements.
Jean-Marie Lemetayer estime nécessaire d’inscrire l’agriculture réunionnaise dans cette perspective:
« il faut avant tout, puisque le marché existe, subvenir aux besoins alimentaires des Réunionnais (…)Il s’agit bel et bien de conserver une agriculture nourricière pour ne pas subir l’import, de ne pas subir tout court » répète-t-il.
Au nom de ce credo, le président de la FNSEA estime indispensable de réaliser trois situations d’équilibre.
La première doit se faire entre deux besoins : «loger les gens» et «manger».
La seconde doit équilibrer «l’opportunité financière» que représente la «vocation solaire» des champs et l’autonomie alimentaire.
Enfin, la dernière consiste à trouver un équilibre entre les productions :
«la diversification est une des conditions d’un revenu lui aussi diversifié» dit-il avant de préciser : le retour à la canne n’est pas une solution , c’est une possibilité (…) Il faut avant tout, puisque le marché existe, subvenir aux besoins alimentaires des Réunionnais».
Quant à l’avenir du régime sucrier d’ici 2015, il dit que, pour «ceux qui produisent du sucre, l’avenir passe par les prix, donc par une bonne gestion et une bonne maîtrise de la production».
M Lemetayer précise : « le rapport de l’offre et de la demande et son évolution doivent être analysées pour que personne ne subisse 2015 comme un couperet ».
A le lire on peut penser que le président de la FNSEA croit, pour l’avenir du sucre réunionnais, plus en une régulation par le marché que par un système d’aides nationales et européennes dont il ne dit mot.
Tout au plus nuance-t-il son libéralisme en estimant nécessaire de faire jouer « la préférence communautaire ».
Ceci, pour le sucre comme pour toutes autres productions, mais « en particulier pour des zones sensibles comme peut l’être La Réunion en matière agricole ».
Enfin, M Lemetayer estime que l’usinier ne peut seul récupérer les recettes issues des produits de la canne. C’est dans l’air du temps. Et, voilà de quoi débattre.
Manuel Socratès.
Pourquoi m. lemetayer n’a t il pas évoqué la question de la vente des usines sucrières réunionnaises à des entreprises de france, travaillant dans la betterave?
c’est une partie du patrimoine réunionnais qui vient de foutre le camp
maintant, comment peut on être sur que les intérêts des agriculteurs réunionnais planteurs de canne vont être protégés?
quand il y aura une surproduction en france, ils vont laisser le sucre réunionnais à terre et on va perdre beaucoup
Lemetayer a raison: il faut respecter des équilibres. surtout en ce qui concerne la répartition des richesses liées à la canne. la mélasse, la bagasse, etc. les planteurs n’en voient pas grand chose.
mais là où il a tout faux, c’est quand il dit qu’il faut limiter les implantations de panneaux solaires ou photovoltaïques… c’est trop facile de balancer ce cliché qu’on va mettre des panneaux partout au détriment des autres plantations. y’a des produits qui poussent sous ces panneaux. un projet avait été lancé, pour y cultiver de la vanille; mais c’est une querelle entre réunionnais qui a plombé le truc.
et quelle diversification est elle proposée? à quoi ça va servir de faire pousser des haricots si les circuits de distribution continent à acheter ailleurs?
pourquoi on entend pas la cper sur ces projets? les services religieux servis chaque dimanche à la presse, ça n’intéresse plus personne, de toute façons, c’est toujours pareil: la pa asé met ankor
A la fin de l’année 2005, l’Europe a réformé son organisation du marché du sucre. Cela s’est notamment traduit par une baisse sensible du prix du sucre s’étalant sur une période allant de 2006 à 2014. Les RUP –dont La Réunion- ont pu obtenir un régime spécifique : jusqu’à l’échéance de 2014, leur sucre est soutenu par des aides nationales et européennes, son prix ne devant pas dimner.
Pendant la préparation de la réforme, en mai 2005, une délégation de députés membres de la Commission de l’Agriculture du Parlement européen était en voyage d’étude. Elle était conduite par Joseph Paul, président de la Commission de l’agriculture et élu UMP.
A la fin de son séjour, au nom de la délagation, Joseph Daul devait dire à peu près ceci : nous sommes d’accord pour un régime spécifique pour La Réunion jusqu’en 2014. Mais, au-delà de cette échéance, il vous faudra être compétitif, c’est-à-dire améliorer votre productivité au champ, augmenter vos rendements en sucre et développer vos recettes issues de la canne. En somme disait la délégation à la fin de son voyage d’étude, après 2014, il vous faudra affronter le marché, jouer le jeu de l’offre et de la demande.
Au nom de la FNSEA, 4 ans plus tard, Jean-Marie Lemetayer ne dit pas autre chose.
Ceci étant ne lui faisons pas dire ce qu’il n’a pas dit (sur les panneaux solaires) et ne lui reprochons pas de ne pas avoir répondu à des questions qu’on ne lui a pas posées (sur l’appartenance à des sociétés françaises des usines réunionnaises)