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2010
Courrier de lecteur – l’Inde, puissance militaire régionale ?
Catégorie : COURRIER DE LECTEURS
Dans un communiqué, faisant état du développement des relations entre l’Inde et l’Union européenne, le PCR demandait au gouvernement de mieux informer les réunionnais sur l’avancement des négociations.
La formation politique locale notait notamment l’intérêt de plus en plus grand manifesté par l’Inde pour notre région en rappelant le séjour, début juillet, du ministre des Affaires étrangères indien à Maurice.
Dans « La Tribune de Madagascar » du 27 juillet, un expert, Atman Ramchalaon, met lui l’accent sur le développement de la présence militaire indienne dans notre région.
Il rappelle que le vote, le 16 Décembre 1971, par l’ONU, de la résolution 2832 déclarant l’Océan Indien «zone de paix » doit beaucoup à la diplomatie indienne.
Au sein du mouvement des pays non-alignés, le pays de Gandhi a été un actif partisan de la démilitarisation de l’océan Indien avec le Sri Lanka, la Tanzanie, Madagascar, Maurice, l’ancienne OUA et aussi, il ne faut pas l’oublier, le mouvement progressiste réunionnais.
« Les critiques de l’Inde, après la guerre froide, ont été spécifiquement pointées vers les Etats Unis et les bases des puissances occidentales présentes dans la région » écrit Atman Ramchalaon.
Ce dernier dénote un changement dans l’attitude indienne. Les «ressources minérales et énergétiques présentes en Afrique sont devenues importantes pour satisfaire les besoins de l’économie indienne plus que jamais florissante » analyse-t-il.
«Aujourd’hui nous sommes témoins d’une expansion certaine des intérêts de l’Inde dans la région de l’Océan Indien » .
Delhi « est graduellement en train de se développer en la plus grande puissance militaire parmi les états riverains de l’Océan Indien »note Ramchalaon. Selon ce dernier, l’objectif principal « est de contrecarrer l’influence de la Chine dans la région ».
L’auteur signale donc plusieurs faits marquants.
«Dans sa quête de lieux stratégiques dans la route de pétrole brut et le commerce des matières premières, l’Inde a activé sa première station d’écoute dans le Nord de Madagascar, des radars et systèmes de surveillance pouvant capter les communications entre les navires étrangers. D’après la défense indienne, la station de garde passera aussi en revue les activités terroristes et de piratage ».
L’Inde se penche également « sur le développement d’un autre moyen de contrôle » avec l’île d’Agalega « qu’elle a louée à Maurice ».
Elle « a intensifié sa présence navale dans l’Océan Indien durant les dernières années. L’armée marine indienne participe régulièrement dans des opérations anti-piratage et de sécurité marine en collaboration avec les pays du long des côtes africaines. »
On peut effectivement rappeler que, dans les accords liant Maurice et l’Inde, la coopération militaire est un aspect important.
Dans le cadre de la lutte contre les actes de piraterie et la pêche illégale, New Delhi est chargé des opérations de surveillance dans la zone économique exclusive mauricienne.
Fin mai, début juin, le navire de guerre indien INS Trishul a fait une escale de trois semaines à Port-Louis tandis que des commandos de la National Coast Guard ( NCG) de Maurice ont été formés durant toute une année par la marine indienne.
Enfin, le temps fort du séjour du ministre des Affaires étrangères indien à Port-Louis a été la signature d’un accord portant sur le don d’un patrouilleur à l’Etat mauricien.
Par ailleurs, Delhi serait en pourparlers avec les Seychelles pour lui proposer des moyens de lutte contre la piraterie.
« Les activités militaires indiennes grandissantes » tournent le dos au « processus de faire de l’Océan Indien une zone de démilitarisation et de paix » note Atman Ramchaleon qui craint que « l’Océan Indien est sur le point de devenir un akhara pour la rivalité indo-chinoise».
Manuel Socratès
Quid du positionnement des autorités réunionnaises dans le grand echiquier régional de l’océan Indien de plus en plus dominé par la Chine et l’Inde ? Maurice a déja choisi l’Inde, historiquement, culturellement et politiquement. La Réunion n’a t-elle pas aussi interet à nouer des partenariats stratégiques notamment avec la Chine et l’Afrique du Sud afin de trouver avant tout son avantage dans la recomposition géopolitique des forces emergentes dans notre zone ?
Bien sûr que si, Biloute, mais encore faudrait il que dans la petite tête de certains, la notion de « coopération régionale » disparaisse au profit du « codéveloppement »
car c’est bien beau de dire on veut faire du 50/50 avec Maurice pour le tourisme, mais quelles chances cela a t il de devenir réalité?
et ce sont les mêmes qui se sont prudemment abstenus de tout engagement lors de la bataille pour l’implantation d’un consulat de Chine à La Réunion. Ce sont les mêmes qui ont critiqué les échanges culturels avec l’Inde, ou les partenariats éducatifs avec l’Afrique du Sud
C’est vrai que quand on veut être président de La Réunion et des TAAF (et accessoirement de Mayotte), on n’a pas le regard tourné dans le même sens
On veut surtout singer et comme dit Coluche « laver plus blanc que blanc… » au risque de devenir transparent… et ne ressembler à plus rien… ou à Xavier Bertrand … lol
L’Inde affamée malgré un grenier surchargé
C’est le titre d’un article paru dans ‘Les échos »’ du 29 juillet. Voici cet article :
Si l’on alignait les grains de blé et de riz stockés par la Corporation alimentaire de l’Inde (FCI),
« on obtiendrait deux fois la distance qui sépare la Terre de la Lune », affirme l’économiste
Jean Drèze, cité dans l’« Hindustan Times ». Des quantités de nourriture phénoménales qui
étonnent dans un pays classé à la 66 e place sur 88, derrière le Soudan, selon l’indice global
de la faim. La FCI a pour missions de distribuer les céréales à la population et d’assurer des
stocks suffisants en cas de pénurie selon les normes de la Sécurité alimentaire nationale. Mais,
avec 60 millions de tonnes de céréales stockées, le FCI dépasse largement la norme fixée à
21 millions ! De plus, près de 30 % des stocks (deux fois plus qu’en 2008) sont piètrement
protégés par des bâches et 10 millions de tonnes menacent ainsi de pourrir. Le plus alarmant,
selon le quotidien indien, est qu’avec une telle quantité, 140 millions de personnes auraient pu
se nourrir pendant un mois ! Le gouvernement préférerait stocker ses céréales plutôt que de
procéder à une distribution coûteuse. Cette justification est jugée hypocrite par le journal, car
les pertes de céréales mal stockées coûteraient deux à trois fois plus au pays. En mars
dernier, la FCI et le ministre de l’Alimentation avaient proposé de distribuer 5 millions de tonnes
de céréales à un prix subventionné aux régions se trouvant sous le seuil de pauvreté.
Proposition rejetée par un groupe habilité de ministres (EGoM), ne la jugeant pas rentable.
Baraj Patnaik, principal conseiller auprès de la commission sur le droit à l’alimentation au sein
de la Cour suprême, a ironiquement renommé la FCI « Corruption alimentaire de l’Inde » et
n’hésite pas à qualifier ces dérives de « génocide par négligence ».