Le 19 mars, date ô combien symbolique : retour sur une tempête dans un verre d’eau

 Hugo Chavez avec sa fille devant un portrait de Simon Bolivar (1) 

N’y voyez pas là une coïncidence « malheureuse » que cet article paraisse le 19 mars, date ô combien symbolique !

 

Et après tout, tout un chacun devrait faire cet exercice devant un évènement, une déclaration, pour ne pas avoir la réaction sélective, d’indignation ou non.

 

Je dis cela à propos des déclarations faites par le ministre Victorin Lurel, qui représentait officiellement la France lors des obsèques d’Hugo Chavez : 

« Moi je dis, et ça pourra m’être reproché, (…) que le monde gagnerait à avoir beaucoup de dictateurs comme Hugo Chavez, puisqu’on prétend que c’est un dictateur.

Il a pendant ces 14 ans respecté les droits de l’Homme« .    

 

On peut ne pas être d’accord à deux points de vue.

 

Sur la forme : il aurait pu dire que « le monde gagnerait à avoir beaucoup de présidents légitimement élus par le peuple comme Hugo Chavez, bien que l’on prétende que c’est un dictateur. »

 

Sur le fond : il est un peu paradoxal d’ignorer le contestable soutien que Hugo Chavez a apporté au président iranien Ahmadinejad, pour ne citer que cet exemple. 

 

Mais qu’il me soit permis de sourire devant les indignations théâtrales suite aux déclarations de notre ministre, notamment de la part de personnes qui se sont tues à l’époque devant les exactions du régime honni de l’Apartheid, et qui aujourd’hui regardent ailleurs devant les crimes commis par Israel, pour ne citer que ces exemples. 

 
C’est pourquoi je vous propose la lecture d’un article paru sur le site de Caraïb Créole News, sous le titre « Ils ont lynché Lurel ! »… Bon appétit !

    

« Vu de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane, bref vu des dernières colonies françaises, dont Victorin Lurel à la charge, ses déclarations pro Chavez, n’étonnent ni ne surprennent. D’ailleurs aucune réaction négative n’a été enregistrée sur place.


Mariel Luce Penchard a été étrangement silencieuse… mais nous savons pourquoi!

 

Sur un strict plan de la proximité géo politique, les ultimes colonisés de la Caraïbe « française » ont toujours soutenu les positions maximalistes du Commandante Chavez, car il incarnait le camp des pauvres, des exploités…

 

Quel militant et patriote anticolonialiste, n’a pas à Fort de France, Cayenne, Basse Terre , Port au Prince , La Havane, Roseau ou Port of Spain , un jour applaudi aux déclarations anti impérialistes de feu Hugo Chavez ?

 

Qui du LKP au PCG, du Modemas ou du CNCP, du PALIMA, de l’UGTG, ou du FKNG ! N’a pas un jour souhaiter faire le voyage de Caracas et faire l’accolade au président disparu ?

 

Victorin Lurel, tout ministre dernières colonies françaises qu’il est, a sans aucun doute voulu « oublier » qu’il représentait le gouvernement français et qu’a ce titre, ses déclarations ne pourraient en aucun cas passer inaperçues.

 

Paradoxe, car, quand la grande presse française a su que Laurent Fabius, actuel ministre français des affaires étrangères, avait très « diplomatiquement » décidé de zapper les funérailles de Chavez, aucun journaliste n’a trouvé à redire.

 

Mais ils n’ont pas raté l’occasion de se gausser de Victorin Lurel, en le traitant de ministre d’on ne –sait-t quoi, de « ministre de seconde zone » etc !

Mais fort curieusement, il aura suffi qu’il fasse une « sortie « sur Chavez pour que la chasse soit ouverte.

 

Voilà donc l ’infortuné Lurel , mis en joue, ciblé, matraqué , mitraillé, vilipendé, aplati par la droite française déchaînée , relayée complaisamment par la presse, qui a vite fait de Lurel un suppôt « du dictateur », un chaviste de la première heure etc.

 

Mais la presse française, est coutumière du fait.

 

Avant Lurel, au temps ou elle était secrétaire d’état à la Francophonie, Lucette Michaux Chevry a été aussi violemment stigmatisée par la presse française, qu’elle insupportait.

 

Plus récemment , Marie Luce Penchard , ex ministre des colonies qui avait dérapé au cours d’un meeting aux Abymes, en affirmant « ne vouloir servir que la Guadeloupe » fut sérieusement mise à mal par toute la presse française, qui l’obligea à manger son chapeau.

 

Rappelons qu’au lendemain de sa nomination ,Christiane Taubira, devenue depuis la chouchou de médias, était systématiquement prise à partie , et « décalée » par la presse parisienne, qui semblait douter de ses capacités au ministère français de la justice.

 

Victorin Lurel, jusqu’ici encore très peu connu de la grande presse pour qui le ministère des dernières colonies et une sorte de non ministère, a lui eu droit à une vraie volée de bois vert médiatique.

 

Si l’effet recherché par le ministre était d’occuper pour un bref moment, le haut du pavé médiatique, il n’a en rien échoué.

 

Mais si au contraire Lurel, pense vraiment ce qu’il a dit de Chavez, des « dictateurs etc.… la logique voudrait  qu’il cesse dans le déni pour qualifier la situation réelle dans nos pays.

 

Explications.

N’est ce pas le même Lurel qui en décembre dernier, affirmait avec le même aplomb que la Guadeloupe n’était pas une colonie ?

 

Affirmer « que le monde gagnerait à avoir beaucoup de dictateurs comme Hugo Chavez», n’est pas à notre sens une contre vérité.

 

Car dans nos pays du sud , personne n’ oublié ,ni le code noir, institué par les roi de France, ni l’ethnocide des Amérindiens, ni les crimes perpétrés par l’armée française au nom de la démocratie, dans toutes les colonies : en Indochine, en Algérie, à Madagascar, en Kanaky, en Guadeloupe.

 

Combien de journalistes français se sont vraiment émus des 45.000 morts de Sétif ? (1945) de l’assassinat des 19 Kanaks dans la grotte d’Ouvéa (1988) ? De la centaine de morts de Pointe à Pitre en mai 1967 ?

 

Sans doute, le ministre des ultimes colonies françaises, qui n’est pas amnésique, saura fort justement et avec le même courage qu’à Caracas, rappeler à ses amis du gouvernement « socialiste » que les crimes de l’armée coloniale française, à Pointe à Pitre sont encore impunis, et que 46 ans après des dizaines de guadeloupéens réclament que toute la lumière soit faite sur ces douloureux événements.

 

Alors pour Mai 67, on peut compter donc sur Lurel ?

 

Danik I Zanswonis 

 

Commentaires : On pourrait également formuler quelques demandes, comme le font les Antillais.

Sur certains événements dont La Réunion a été victime, dont les Réunionnais ont été victimes et qui restent, aujourd’hui encore, passés sous silence.

Les enfants de la Creuse, par exemple. L’ordonnance Debré, également…

 

(1) Simón José Antonio de la Santísima Trinidad Bolívar y Palacios, plus connu sous le nom de Simón Bolívar, surnommé le Libertador, né le 24 juillet 17831 à Caracas au Venezuela, et est mort le 17 décembre 1830 à Santa Marta en Colombie, est un général et homme politique sud-américain.

Libéral et nationaliste, il est une figure emblématique, avec l’Argentin José de San Martín de l’émancipation des colonies espagnoles d’Amérique du Sud dès 1813.

Il participa de manière décisive à l’indépendance des actuels Bolivie, Colombie, Équateur, Panamá, Pérou et Venezuela.

Bolivar participa également à la création de la Grande-Colombie, dont il souhaitait qu’elle devînt une grande confédération politique et militaire regroupant l’ensemble de l’Amérique latine, et dont il fut le premier Président.

Figure majeure de l’histoire universelle, Bolívar est aujourd’hui une icône politique et militaire dans de nombreux pays d’Amérique latine et dans le monde, qui ont donné son nom à un très grand nombre de places, de rues ou de parcs. 

Son nom est aussi celui d’un État du Venezuela, d’un département de la Colombie et surtout d’un pays, la Bolivie.

On retrouve des statues à son effigie dans la plupart des grandes villes d’Amérique hispanophone, mais aussi à New York, Lisbonne, Paris, Londres, Bruxelles, Le Caire, Tōkyō, Québec, Ottawa.

 

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