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2012
Ma position sur le mariage homosexuel – Redonner sa véritable dimension au mariage : d’abord l’amour de deux êtres
Catégorie : Cause des Femmes, CULTURE-IDENTITE-ÉPANOUISSEMENT HUMAIN-HISTOIRE, POLITIQUE FRANÇAISE, POLITIQUE LOCALE
Aujourd’hui, le débat est très engagé sur la question du mariage homosexuel.
Le candidat François Hollande en a fait une de ses promesses de campagnes.
Dès à présent, l’Église se positionne contre, les citoyens sont divisés, et même les catholiques divergent dans leurs opinions.
Dans la société actuelle, les couples homoparentaux sont déjà une réalité.
Cela concerne quelques dizaines de milliers de personnes.
Une réalité légalisée dans plusieurs pays
Le mariage homosexuel est depuis plusieurs années légalisé aux Pays-Bas (2000), en Belgique (2003), en Espagne, en Grande Bretagne et au Canada (2005), en Afrique du Sud (2006), en Norvège (2008), en Suède (2009), au Portugal et en Argentine (2010), et au Danemark (2012), ainsi que dans quelques États d’Amérique du Nord.
Aucune étude n’a démontré que cette légalisation a entrainé un bouleversement des sociétés concernées. Cela a par contre conforté le sentiment de respect de cette minorité qui revendique sa différence.
Cette légalisation n’est pas consacrée à ce jour en France, mais la ministre déléguée à la famille, Dominique Bertinotti, a affirmé la semaine dernière qu’une loi autorisant le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe sera votée d’ici le premier semestre de 2013.
On ne peut donc pas dire que la France ait une image de précurseur sur cette question.
Pourquoi alors autant de réactions ?
La dérive argumentaire des réfractaires à cette réforme
Les réactions sont d’autant plus surprenantes qu’elles laissent sous-entendre que le fait de légaliser le mariage homosexuel entraînerait de facto une tendance à l’inversion de ce qui existe actuellement : l’union entre des personnes de sexes différents.
Pire, un éditorialiste du journal Ouest France est même allé jusqu’à écrire en conclusion de son édito que « Les citoyens n’ont donc pas toutes les cartes en main pour forger leur opinion. »
Ce à quoi Olivier Roth, rédacteur en chef adjoint sur RennesTV.fr rétorque : « Mais n’est-ce pas le rôle d’un éditorialiste que de donner à ses lecteurs les clefs pour comprendre le monde contemporain ? »
C’est avoir une opinion surprenante sur la faculté de chaque être humain de choisir comment vivre sa sexualité, une peur de l’autre.
Et on ressort alors l’argument de diversion. Ainsi, l’éditorialiste de Ouest France écrit :
« Notre pays, en proie déjà à de nombreuses et si graves difficultés, a-t-il vraiment besoin de se voir divisé sur de telles questions ? On sait parfaitement qu’elles résonnent au plus profond des consciences et qu’une fracture provoquée à ce niveau pourrait avoir de considérables et irrémédiables conséquences. »
Autrement dit, il serait « déplacé » de se battre pour l’égalité des droits entre les êtres humains en temps de crise, de surcroît si les citoyens ne sont pas unanimes, ou largement majoritaires, sur la revendication exprimée.
Drôle de conception de la démocratie !
L’argument de l’existence du PACS
Un des arguments des détracteurs du mariage pour les homosexuels est qu’ils peuvent déjà bénéficier du PACS.
Il faut de suite rappeler qu’il y a quatre différences essentielles entre mariage et PACS :
1°- En matière de filiation, l’homme d’un couple hétérosexuel pacsé doit reconnaître l’enfant qui naît alors que la filiation est établie automatiquement dans un mariage.
2°- Deux partenaires pacsés ne peuvent pas postuler à l’adoption conjointe d’un enfant.
Ainsi, un seul d’entre eux peut devenir le parent de l’enfant adopté.
3°- En ce qui concerne l’héritage, la signature du contrat de mariage induit automatiquement la désignation de chacun des conjoints comme héritier de l’autre.
Au contraire, dans le cas du PACS, il est indispensable de rédiger un testament en faveur du partenaire survivant.
4°- Dans le mariage, en cas de décès d’un des conjoints, le survivant a droit à une pension de réversion, sous conditions d’âge et de revenu.
En revanche, les partenaires de PACS ne peuvent pas bénéficier de cette réversion.
L’argument de la procréation comme but du mariage
Un deuxième argument, abondamment utilisé par l’Église, est que le mariage est une union entre un homme et une femme dans le but de procréer.
À cela, on peut opposer plusieurs éléments :
1° – Cet argument, au demeurant tout à fait respectable sur le plan de la morale, est avant tout religieux.
N’oublions pas que l’État français est depuis longtemps un État laïc, même si la culture catholique y est très profonde.
Le mariage civil n’est pas obligatoirement suivi du mariage religieux.
De plus, il existe beaucoup de couples mariés qui n’ont pas d’enfants.
2° – L’évolution de la société fait que la sexualité n’est plus uniquement perçue dans sa dimension procréatrice.
Elle a une dimension de plaisir, de bien-être, et d’épanouissement.
Les possibilités qui s’offrent aux couples de devenir parents par la conception « in vitro » ou l’adoption changent la donne.
3°- Aujourd’hui, en France, il existerait 30 000 enfants selon l’Institut National des Études Démographiques, ou 200 000 enfants selon l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens, qui sont élevés, pour différentes raisons, par des couples homosexuels gays et lesbiens.
C’est donc une hypocrisie de nier cette situation bien réelle.
L’argument du besoin de deux parents de sexes différents
Un autre argument concerne la situation des enfants élevés dans les familles homoparentales.
On craint, à tort, qu’ils y soient moins heureux, en perte de repères, ayant des tendances homosexuelles.
Plusieurs études très sérieuses ont démontré que les enfants élevés par des parents homosexuels sont élevés de la même manière que les enfants élevés par des parents hétérosexuels.
Ces enfants n’ont ni plus ni moins d’attirance vers des personnes de leur propre sexe que les enfants élevés par des parents hétérosexuels.
Ils sont aussi épanouis et équilibrés dans les deux cas.
La difficulté des enfants vivant dans une famille monoparentale
Par contre, il existe une différence fondamentale entre les enfants vivant dans une famille de deux parents (homo ou hétéro) et ceux vivant dans une famille monoparentale.
Ceux qui vivent avec deux parents se sentent plus en sécurité qu’avec un seul parent. (1)
Or, actuellement, les célibataires ont le droit d’adopter un enfant sans que cela soulève de questionnements.
Si on se base sur les études citées plus haut, le bien-être de l’enfant exigerait que les adoptions ne se fassent que par des couples, hétéro ou homo.
Loin de moi l’idée de revenir sur le droit des célibataires d’adopter des enfants !
La position bancale du législateur
Mais arrêtons de penser que les enfants vivant dans des familles homoparentales ne peuvent pas être aussi équilibrés et heureux que dans des familles hétérosexuelles, et encore plus monoparentales.
Par contre, la position bancale du législateur accordant le droit à l’adoption, et donc l’autorité parentale à l’un des membres du couple et le refusant à l’autre, implique que l’enfant ne possède officiellement qu’un seul parent au regard des institutions et notamment de l’école, alors que deux l’élèvent ensemble.
Si le parent légal vient à décéder, l’enfant sera recueilli non pas par le parent restant, mais par la famille du disparu.
Je ne sais pas si l’intérêt et le bien-être de l’enfant sont vraiment pris en compte dans ce cas-là.
Aimer n’a jamais été, n’est et ne sera jamais un péché, lorsqu’il s’agit d’êtres adultes et consentants
J’ai l’impression qu’à travers toutes ces résistances, il y a la peur de l’inconnu, du changement, de l’acceptation de l’évolution de la société.
On retrouve les mêmes réticences qu’il n’y a pas si longtemps, lorsque les femmes se voyaient refuser le droit de signer un chèque ou de voter sous prétexte qu’elles en étaient incapables.
Oserais-je aller plus loin en avançant aussi, qu’auparavant, des « savants », pour justifier la théorie de l’inégalité entre les êtres humains, déclaraient que les peuples africains étaient moins intelligents que les autres êtres humains en se basant sur leur faciès.
Aimer n’a jamais été, n’est et ne sera jamais un péché, lorsqu’il s’agit d’êtres adultes et consentants.
(1) Source : http://www.laviedesidees.fr:L-interet-de-l-enfant.html
Vaste sujet de société!
la position de l’Eglise est totalement condamnable. Et ringarde ! et empreinte d’hypocrisie.
Pendant combien de temps l’Eglise nous a t elle fait croire que la Femme était un prolongement de l’Homme et non pas un être à part entière !
quelle place la femme a-t-elle dans l’Eglise catholique? les apôtres? que des hommes? les femmes n’étaient que des « marie madeleine » ou des « marie couches-toi là », pour faire encore plus direct
et quand l’église nous a fait croire que c’était pour se consacrer à Dieu que les prêtres ne se mariaient pas !!! la réalité était toute autre: c’est pour que les biens de l’église ne soient pas dilapidés
alors, question « morale », certains devraient bien la boucler
C’est un des plus sujet de société jamais débattu. Il est même d’ailleurs particulièrement risquer de parler de ce type de sujet avec des amis, sa famille et même encore plus compliqué de carrément rédiger un article comme vous l’avez fait ! Pour ma part, je suis pour le mariage homo mais non la procréation.