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2010
Énergie – Urgence énergétique – Le véritable enjeu du pétrole n’est pas le prix : il est ailleurs (1er volet)
Catégorie : Alerte Climat, Énergie
Expatrié en Nouvelle-Zélande depuis plus de 20 ans, le docteur Louis Arnoux est un expert en énergie.
Louis Arnoux cumule 40 années d’expérience en développement industriel et R&D dans le domaine des nouvelles technologies et des réseaux d’énergie.
Il est co-inventeur du réseau IndraNet et du système nGen.
Expatrié en Nouvelle-Zélande, il conseille l’Australasie dans sa mutation énergétique au travers d’un partenariat public-privé.
Il a adressé une note de synthèse très pédagogique à MoneyWeek, traduit par Simone Wapler, sur le Peak Oil et la raréfaction du pétrole.
Louis Arnoux estime que le monde financier appréhende très mal la notion de retour sur investissement énergétique.
Selon lui, faute d’analyse claire, les investissements ne se dirigent pas vers les bons endroits.
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La primauté de l’énergie
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L’énergie est la seule et unique ressource pour laquelle il n’y a pas de substitut.
Si nous n’avons pas assez d’eau, mais que nous avons de l’énergie, nous pouvons l’utiliser pour produire plus d’eau, par exemple par la désalinisation.
C’est vrai pour la nourriture, le logement et tous les autres aspects de nos vies.
Cependant, l’inverse ne marche pas ; par exemple, nous ne pouvons changer un bloc de béton en énergie et nous ne pouvons accéder à de l’énergie sans d’abord en consommer.
Tandis que nous pouvons remplacer du charbon par du pétrole et du pétrole par du gaz, nous ne pouvons pas remplacer l’énergie qu’ils contiennent par rien d’autre que de l’énergie obtenue d’une autre façon.
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Énergie, monnaie et or
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En d’autres mots, l’énergie passe avant tout et est fondamentale à tous les aspects de l’existence et des affaires.
En tant que telle, l’énergie est l’ultime et fondamentale source de richesse et le véritable étalon pour la valeur du dollar ou de n’importe quelle devise.
Par exemple, fréquemment, beaucoup de conseillers recommandent aux investisseurs de se réfugier dans l’or.
L’or est rare er devient de plus en plus rare.
La production d’or a culminé en 2001 et depuis, elle décline inexorablement (1).
Le point caché est que l’or est un bien tangible qui se négocie mondialement en tant que tenant lieu pour l’énergie.
En effet, il faut dépenser une quantité considérable d’énergie pour extraire et raffiner de l’or.
Durant des décennies, le rapport entre l’or et le pétrole est resté autour de 15 ou 16 barils par once d’or pour cette raison.
Le baril de pétrole est aussi un tenant lieu très grossier pour l’énergie dans sa version abstraite.
Tandis que les deux – l’or jaune et l’or noir – devenaient de plus en plus rares à un rythme similaire, le rapport entre les deux est resté relativement stable (2).
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Le Peak Oil ou la raréfaction du pétrole
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Le Peak Oil, ou déplétion pétrolière, désigne le point culminant de la production pétrolière et plus largement des hydrocarbures (c’est-à-dire du gaz naturel ou des sources pétrolières dites non conventionnelles) tandis que les ressources s’épuisent.
Cette question demeure incomprise par la plupart des non-experts et reste obscure car les données publiques disponibles sur les réserves sont entachées d’une incertitude considérable.
Par exemple, on sait que les réserves de l’OPEP sont probablement surestimées de 30%.
Cette situation est compréhensible puisque les combustibles fossiles sont importants stratégiquement et que beaucoup d’intérêts publics et privés préfèrent conserver un flou artistique sur la véritable situation.
On sait que des organisations internationales ont subi des pressions de la part de certains gouvernements pour ne pas publier des données qui pourraient déclencher une panique. Il s’ensuit que beaucoup de projections sont en réalité codées.
Dans la plupart des projections, l’écart grandissant entre les véritables réserves actuelles et la demande prévisionnelle est comblé par des choses telles que « pétrole non conventionnel », « champ pétrolifère restant à découvrir », « champ pétrolifère restant à développer », etc. comme vous pouvez le constater en examinant les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie ci-dessous (3).
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La vérité toute nue cachée par une feuille de vigne
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Tout ceci n’est rien de plus qu’une feuille de vigne pour cacher la vérité toute nue : personne ne saitcomment combler l’écart entre les réserves réelles et la demande croissante.
Comme Matthew Simmons – probablement le plus important banquier privé du monde dans l’industrie pétrolière – l’a répété, tout ce qui est censé combler l’écart n’est qu’au mieux un voeu pieu.
Deux choses importent :
– L’énergie vraiment disponible dans le pétrole que l’on peut vraiment extraire, et,
– Combien il y en a annuellement pour chacun de nous.
La suite demain sur ce blog
(1) Source présentation de Barrick Gold à Bank of America, Merrill Lynch Global Industries Conference, New York, Décembre 2009.
(2) C’est aussi la raison pour laquelle depuis 1960 le dollar a perdu plus de 96% de sa valeur face à l’or et que cette tendance se poursuit. La plupart des autres devises sont dans le même cas.
(3) IEA, 2010, World Energy Outlook, Key Graphs.
la raréfaction du pétrole – comme celle du charbon – est un paramètre connu depuis longtemps. depuis le temps que les chercheurs, analystes etc. tirent la sonnette d’alarme, il aurait du y avoir une réaction (ça a été le Grenelle) mais Sarkozy démantèle le projet
c’est totalement irresponsable de ne pas prévoir l’avenir des futures générations