Alerte : les méfaits de l’érosion de la biodiversité végétale sur la sécurité alimentaire

 

 Dans un récent rapport, la FAO (Food and agriculture organization) s’est émue des méfaits de l’érosion de la biodiversité végétale sur la sécurité alimentaire.

 

Reste que prévenir est une chose, et qu’agir en est une autre.

 

Accroissement de la densité de population, pressions économiques, déboisement tropical, urbanisation, destruction des terres humides, mise en culture des terres sèches : ces pratiques participent activement au pillage des ressources naturelles de notre planète.

 

La statistique est effrayante, mais les trois quarts de la diversité génétique des plantes cultivées ont disparu au cours du XXème siècle.

 

Quatorze espèces animales et douze espèces végétales assurent aujourd’hui l’essentiel de l’alimentation de la planète, un constat amer que la FAO ne cesse de relayer depuis les années 90.

 

Dans son rapport sur « L’état des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde », l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (ONUAA) s’est de son côté focalisée sur les effets du changement climatique sur la diversité végétale.

 

« Cette perte aura un impact majeur sur la faculté du genre humain à se nourrir demain, lorsque l’humanité comptera 9 milliards d’individus en 2050 et que les plus pauvres du monde seront les plus touchés », a souligné l’organisation.

 

D’où la nécessité de renforcer les outils existants de collecte, de préservation et d’utilisation durable des ressources phytogénétiques.

 

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Déficit d’action

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Car à ce jour, si de nombreux pays ont élaboré des programmes et des réglementations sur la diversité biologique, 1 750 banques de gènes à travers le monde conservent environ 6,6 millions des 7,4 millions d’espèces végétales de la planète.

 

Par ailleurs, 45 % des ressources sont « stockées » dans sept pays, et malgré la découverte de 50 000 variétés de plantes comestibles, 3 d’entre elles — riz, blé et maïs — sont les aliments de base des deux-tiers de la population mondiale.

 

Trop d’espèces végétales ne se trouvent que dans la nature ou comme variétés locales chez des petits producteurs.

 

Pourtant, elles devraient  être protégées contre les maladies et les insectes afin que leurs rendements puissent être améliorés et que leur utilisation actuelle et future puisse être garantie.

 

Dans sa campagne « La biodiversité… ça se cultive aussi », l’association Agir pour l’Environnement (APE) dénonce l’impassibilité de la FAO, qui malgré ses alertes répétées n’oserait « pas aller jusqu’au nécessaire examen de conscience et n’oserait pas faire l’impasse sur les causes politiques et économiques de la perte actuelle de biodiversité cultivée ».

 

La disparition de la biodiversité sauvage, l’appauvrissement de la faune, de la flore et des micro-organismes associés sont au cœur de ses préoccupations.

 

L’urgence ?

Ralentir l’uniformisation des cultures intensives et chimiques.

 

Comment ?

En augmentant la variété des semences et des plants agricoles.

 

APE rappelle également les effets néfastes de « la pression des semenciers industriels » et du « manque de moyens des organismes de recherche publique et le manque de volonté politique ».

  

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Repenser les méthodes d’agriculture

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Remédier à cette situation passera par de nouvelles réglementations et de nouvelles législations, autant de casse-tête juridiques potentiels.

 

Il faudra également réévaluer le « rôle primordial des paysans et des jardiniers, dans la conservation et le renouvellement de la biodiversité des espaces cultivés et naturels ».

 

Soutenue par une pléiade d’associations de défense des écosystèmes, la campagne promeut également des techniques agricoles économes ainsi que la suppression d’engrais chimiques et de pesticides de synthèse.

 

« C’est le point de départ de pratiques respectueuses de la vie et des milieux naturels », considère APE.

 

Selon Jacques Caplat, auteur de nombreux ouvrages sur l’agriculture et l’écologie, la FAO ne proposerait en fait que des mesures pansements.

 

« Il ne suffit pas de quelques mesures correctives, c’est toute la politique de la FAO qu’il faut remettre en cause. Il est urgent de sortir les collections dans les champs pour que les variétés se remettent à co-évoluer avec leur environnement ! », estime-t-il.

 

Préserver la diversité génétique est un défi urgent pour la survie de nos écosystèmes et l’amélioration des cultures alimentaires.

 

Et même si la conférence de Nagoya a connu son lot de satisfactions, le fait est que beaucoup reste à faire.                                                                                                                                                                                                                                                              

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3 Commentaires sur

Alerte : les méfaits de l’érosion de la biodiversité végétale sur la sécurité alimentaire

  • Laurent CNo Gravatar |

    pour compléter

    Selon le rapport Eurobaromètre sur la perception du risque chez les consommateurs, publié le 17 novembre dernier et dirigé par TNS Opinion & Social à la demande de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), 37 % des Européens se disent préoccupés par la sûreté alimentaire.
    http://www.zegreenweb.com/sinformer/politique-societe/les-consommateurs-europeens-inquiets-pour-leur-securite-alimentaire,18934

  • JustineNo Gravatar |

    L’érosion du sol menace l’agriculture, mais freine le réchauffement: c’est ce qu’aurait démontré une étude publiée en Belgique.
    la gestion du sol va se compliquer

  • PalhumourNo Gravatar |

    Avec tout ça, on va tous finir avec une érosion alimentaire
    (c’est comme ça que l’on qualifie la boulimie ou l’anorexie )

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