Biodiversité – Attention aux champignons… pas ceux auxquels on croit !

 

   Nous sommes souvent interpellés sur les dangers générés par les virus et les bactéries.

 

Mais un fléau aussi inquiétant menace le monde au niveau de la biodiversité et de la sécurité alimentaire : les champignons.

 

En effet, un article de la revue Nature révèle que les maladies fongiques, donc provoquées par les champignons, détruisent chaque année au moins 125 millions de tonnes des cinq principales cultures : riz, blé, maïs, pommes de terre et soja.

 

Une perte de 47 milliards d’euros chaque année

 

C’est une perte conséquente car ces récoltes perdues auraient permis de nourrir sur l’année plus de 600 millions d’êtres humains.

Selon Matthew Fischer, épidémiologiste à l’Imperial College de Londres, les spores pathogènes entraînent chaque année un manque à gagner de 47 milliards d’euros, uniquement pour les cultures de riz, de blé et de maïs.

 

Tout le monde connaît les  conséquences socio-économiques dramatiques en Europe, à la fin du 19ème siècle, du pouvoir destructeur de ces champignons : le mildiou de la pomme de terre en 1845, l’oïdium de la vigne en 1845, le mildiou de la vigne en 1878.

 

Le problème est que le phénomène est en pleine expansion.

Pour Matthew Fischer,

« Lorsqu’une maladie infectieuse éradique une espèce vivante, végétale ou animale, dans 70 % des cas, une nouvelle espèce de champignon se cache derrière ».

 

La responsabilité de l’être humain

 

Et bien sûr, la responsabilité de l’être humain est de nouveau posée car bien souvent cela provient de l’introduction, naturelle ou accidentelle, d’une espèce fongique dans une région dont elle était totalement absente.

 

Contrairement aux virus, les champignons sont capables de survivre longtemps en dehors de leur hôte, ce qui leur permet de se propager  sur de grandes distances.

 

Alors que l’origine nord-américaine était prépondérante dans le passé, aujourd’hui, c’est d’Asie que proviendrait l’essentiel des introductions.

 

Les transports de champignons se font souvent de manière involontaire, par le biais des marchandises, ce qui rend l’identification de leur origine particulièrement difficile.

La première cause de cette inflation de maladies fongiques semble, de très loin, la globalisation des échanges.

 

Changement climatique, pollution et pesticides

 

Mais, entre autres hypothèses possibles, il y a d’une part le changement climatique, qui pourrait modifier les aires de répartition de certains parasites, et d’autre part des facteurs environnementaux, avec la pollution de l’air et les pesticides, qui rendraient les espèces végétales et animales plus sensibles aux agents pathogènes.

 

Une autre préoccupation est la vitesse de ces invasions.

La lutte contre ces milliers d’espèces fongiques s’avère difficile. Ainsi les experts savent que l’efficacité des contrôles renforcés des produits animaux et végétaux circulant dans le monde restera limitée.

 

L’urgence est donc de développer des outils permettant de mieux prévoir l’apparition des maladies fongiques, afin de tenter de les isoler avant qu’elles ne se propagent.

 

Le règne animal aussi est menacé

 

Mais hélas, le règne végétal n’est pas le seul menacé.

Tatiana Giraud, chargée de recherches du département de génétique et écologie évolutives de l’université Paris-Sud souligne que

« Les champignons ont du mal à se développer à la température des vertébrés, car ils sont rapidement tués par la chaleur. Les plantes sont donc plus concernées que les animaux par les maladies fongiques ».

 

Le problème est qu’il existe des animaux à sang-froid.

Ainsi, en Amérique du Nord, le « syndrome du nez blanc », provoqué par le champignon Geomyces destructans, a ainsi décimé depuis 2006 près de 7 millions de chauves-souris, qui ont la truffe fraîche.

 

Source : Les champignons pires que les virus et les bactéries par Catherine Vincent in Le Monde

 

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