Biodiversité: le problème de fond demeure

 

                          

L’ours polaire menacé par la fonte de la banquise                             Le Grand Tétras menacé d’extiction en Suisse      

Tant que les intérêts économiques auront la priorité sur l’environnement, les fondements mêmes de la vie sur terre seront en danger.

 

C’est la conclusion de Jean-Christophe Vié, de l’Union internationale pour la conservation de la nature, au terme de l’Année internationale de la biodiversité, interviewé par Luigi Jorio, sur le site swissinfo.ch

 

L’année 2010, marquée notamment par la marée noire qui a fait vaciller les écosystèmes dans le Golfe du Mexique, a été une année difficile pour la biodiversité.

Bien sûr, les progrès n’ont pas manqué, par exemple lors de la Conférence sur la biodiversité de Nagoya, au Japon.

 

Toutefois, selon le responsable du programme pour la protection de la biodiversité de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – qui passe pour être l’organisation la plus influente dans le domaine de la protection de la nature – il semble que le monde économique et politique soit toujours plus insensible aux recommandations des écologistes.


SWISSINFO.CH : Commençons par les bonnes nouvelles… Quels ont été les développements les plus significatifs de l’Année internationale de la biodiversité?

 

JEAN-CHRISTOPHE VIÉ : Tout d’abord la Conférence sur la biodiversité de Nagoya.

Même si on peut être sceptique sur son utilité, on doit admettre qu’elle a permis d’arriver à un accord international.

La politique s’est dite prête à faire quelque chose pour sauver la biodiversité.

Mais est-ce que les paroles se traduiront en faits?

Nous avons aussi eu la preuve que les programmes de protection de la nature ont permis de ralentir le déclin de quelques espèces menacées.

Pour certaines d’entre elles, analysées par l’UICN, comme l’éléphant africain ou la baleine à bosse (mégaptère), la situation s’est même sensiblement améliorée.


SWISSINFO.CH : LES participants à la conférence de Nagoya se sont engagés à protéger 17% au moins des surfaces terrestres et 10% des océans d’ici à 2020. Cet objectif est-il réaliste?

 

J-C. V : Sans aucun doute. N’oublions pas que 13% de la superficie de la Terre sont déjà protégés d’une manière ou d’une autre.

C’est aussi pour cette raison que nous aurions souhaité que le pourcentage soit plus élevé.

Le problème de la gestion de ces espaces se pose à l’heure où le braconnage et la destruction des forêts sont des phénomènes très répandus dans de nombreuses réserves.

La conservation de la nature ne doit pas seulement passer par les parcs mais commencer par les jardins des maisons, dans les villes.

La nature doit devenir partie intégrante de la vie des gens.


SWISSINFO.CH : Et, à l’opposé, sous quels aspects l’année 2010 a-t-elle été peu satisfaisante?

 

J.-C.V : Malheureusement il y en a plusieurs.

Durant la rencontre de Nagoya, nous avons constaté que les engagements souscrits en 2002 pour freiner la perte de biodiversité ne se sont pas concrétisés.

En général, la biodiversité a continué à reculer considérablement.

Nous espérions aussi que la crise économique et financière nous amènerait à réfléchir davantage sur le fonctionnement de la planète.

Au contraire et malgré les continuels signaux d’alarme, l’environnement est sacrifié au profit du développement économique.

Nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis.


swissinfo.ch : Il faut cependant reconnaître que les connaissances scientifiques sont limitées. Il suffit de penser que 1,7 million d’espèces seulement sur un total évalué entre 50 et 100 millions ont été classées…

 

J.-C.V : C’est exact. Nous connaissons un tout petit pourcentage des espèces qui vivent sur terre.

L’étude de cette «tranche» nous permet cependant de comprendre les espèces que nous ne connaissons pas.

Si, par exemple, nous constatons que la dégradation de la forêt met en danger certains amphibiens ou des oiseaux, on peut être sûr qu’il en sera de même pour les invertébrés.


SWISSINFO.CH : Comment la sauvegarde de la biodiversité pourrait-elle être plus efficace?

 

J.-C.V : Il faudrait des moyens financiers pour soutenir le travail sur le terrain et il faudrait aussi une prise de conscience des gens.

Il faudrait modérer davantage sa consommation qu’il s’agisse d’électricité ou de mobilité.

La sensibilisation est aussi un aspect important : la disparition de l’ours polaire attriste beaucoup de gens qui ne savent pas que le même sort frappe certains oiseaux suisses par exemple.

 

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